lundi 21 décembre 2015
Le président et le secrétaire général de la Ceni sommés de démissionner
L’audit sur les comptes de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) n’en finit pas de faire des remous. Cette fois, certains membres de l’institution n’hésitent pas à demander ouvertement la démission du président et du secrétaire général de la Ceni, respectivement Ahmed Mohamed Djaza et Ali Mohamed, qu’ils accusent d’être responsables des dérapages constatés par la Section des comptes de la Cour suprême par rapport à la gestion des élections de 2015.
Après avoir reçu de «manière officielle» le rapport définitif d’audit des comptes de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), certains membres de cet organe de gestion des élections exigent la démission du président et du secrétaire général de la Ceni qu’ils tiennent pour ‘‘comptables de fait’’ des anomalies relevées par la Cour des comptes.
La question de cette démission aurait même été abordée lors de l’assemblée générale de l’institution, jeudi dernier. Les intéressés auraient clairement fait savoir qu’ils n’avaient pas l’intention de rendre leur tablier.
Ce n’est un secret pour personne : l’audit sur les élections harmonisées de janvier et février 2015 suscite beaucoup de questions. L’utilisation des fonds mis à la disposition de la Ceni comporte de nombreuses zones d’ombres. «La gestion de la Commission électorale nationale indépendante est entachée de mauvaise imputation comptable, de dépenses sans pièces justificatives, de dépenses sans justificatifs de services faits, et de dépenses doublement payées» lit-on dans le rapport. La section des comtes de la Cour suprême fait état d’un peu plus de 153 millions dépensées «sans pièces justificatives soit avec insuffisance de pièces justificatives».
D’abord, il apparait que «les états financiers de la Ceni n’ont pas été préparés en accord avec les principes comptables admis». Ce qui conduit la Cour à émettre «une réserve sur la sincérité du tableau d’exploitation des comptes présentés ainsi que sur la viabilité des dépenses».
Les auditeurs ont ensuite «constaté que la Ceni ne dispose pas de bilan comptable retraçant son patrimoine aux termes des élections» concernées. Il ressort également que «la Ceni ne dispose [aussi] d’un compte de résultat enregistrant la gestion de fonds alloués» aux élections de 2015.
«De tels manquements graves en matière de gestion de fonds publics sont susceptibles de plusieurs interprétations lesquelles certaines sont parfois mal ressenties par les responsables concernés, mal perçues par les autorités et les citoyens».
Face aux conclusions de la Cour des comptes, les membres de la Ceni somment les deux premiers responsables de l’institution de remettre leurs démissions. Il faut dire que depuis quelques semaines, ils demandent la mise à l’écart d’une partie de l’équipe à qui ils reprochent de vouloir «ternir l’image et la réputation» de l’organe en cette «période charnière» de la vie du pays.
A titre de rappel, le président de la Ceni avait échappé de justesse à une motion de censure lors des dernières élections.
De longues négociations ayant notamment impliqué les plus hautes autorités de l’Etat avaient permis de calmer le jeu. L’on reprochait justement au Dr Djaza Ahmed son «opacité» dans la gestion de l’organe.
En cause: la passation de marchés sur la fabrication des cartes électorales. Il apparaît dans l’audit de la Cour des comptes que, sur 161.235.040 Fc dépensés sur les listes et cartes d’électeurs, 22.260.000 millions ont été dépensées sans pièces justificatives. «Si le président et le secrétaire général ne se plient, nous nous référerons à la loi», a laissé entendre un membre de la Ceni. «Il en va de la confiance de l’organe», a dit-il dit.
Saminya Bounou
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