Comores: l'hôpital El-Maarouf est gravement malade !
Grève à El-Maarouf:Le gouvernement incapable de trouver une solution
Frappé par un mouvement de grève des médecins depuis un mois, l’hôpital El-Maarouf met à nue l’incapacité du gouvernement comorien qui ne parvient pas à trouver un début de solution.
Les médecins grévistes réclament le départ immédiat du directeur général de l’établissement, Mohamed Soudjay, dont ils dénoncent l’incompétence et la mauvaise gestion. Ils exigent également des meilleures conditions de travail et le paiement de leurs indemnités de garde.
Sauf que trois jours après le déclenchement de la grève, plus précisément le 1er août, le Conseil d’administration de l’hôpital s’est réuni pour demander, entre autres, l’arrêt immédiat de la grève qu’il juge illégal pour défaut de préavis et exiger des sanctions contre les médecins grévistes.
Jusqu’au 10 août, aucune mesure n’ayant pas été prise par le gouvernement, le mouvement de grève s’est intensifié jusqu’à affecter le service minimum. « Nous avons décidé de maintenir le mot d’ordre de grève parce qu’aucune autorité n’a pris en compte nos revendications », a déclaré à la presse le gynécologue Ahmed Abdou Chacour à l’issue de la réunion du syndicat des médecins dont il est le secrétaire général.
En représailles, la direction de l’hôpital, qui semble bénéficier jusqu’ici de la protection du ministère de la Santé, a jugé bon de suspendre le docteur Ahmed Abdou Chacour et son collègue urgentiste de leurs fonctions et les mettre à la disposition de la fonction publique. Cette décision va être entérinée quelques jours plus tard par le vice-président en charge de la Santé, Fouad Mohadj, en affectant les deux médecins à l’administration de l’île autonome de Ngazidja.
Du côté du gouvernement, on reste muet face à cette situation qui devient de plus en plus grave. L’hôpital est quasi-désert et les malades sont livrés à eux-mêmes. Le 7 août, le ministère renforce, par des techniciens du ministère, le comité de direction de l’hôpital pour réactualiser le manuel de procédure, finaliser le règlement intérieur, assurer le suivi du projet « pôle mère-enfant » et faire un audit des opérations financières de l’hôpital. Dans le même arrêté, on retire provisoirement du directeur général la compétence de toutes les opérations financières. Mais aucune réponse aux principales revendications des grévistes et même pas une rencontre avec eux.
Si le Conseil des ministres du 12 août a parlé du dossier El-Marouf, le résultat était décevant : comme le ministère, il a constaté la grève, indexé les médecins sans annoncer la moindre solution. Contacté par Karibu Hebdo, le secrétaire général du ministère, lui-même un médecin, rejette toute éviction du directeur contesté au motif qu’aucune preuve de mauvaise gestion n’a été encore établie. « Nous avons un délai de 60 jours pour travailler et s’il y a besoin d’une décision de ce genre c’est le Conseil d’administration de l’hôpital qui la prendra, car c’est un établissement autonome », a expliqué Younoussa Assoumani. « Rien ne presse », a-t-il ajouté arguant que « El-Maarouf est en crise depuis très longtemps, il faut maintenant trouver une solution durable ».
A l’entendre, pas question de nommer un nouveau directeur général, tant que le manuel de procédure ne sera pas finalisé et le règlement intérieur validé. En attendant, l’hôpital El-Maarouf reste sans direction crédible, sans médecins et sans malades.
Karibu Mag
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire