mardi 1 septembre 2015

Pénurie d’eau / Un pied sur terre et un autre dans la tombe


La pénurie d’eau à Moroni perdure. De longues files d’attente comme un fleuve se forment autour de rares bornes fontaines qui distribuent le précieux liquide. Certains parlent de malédiction et même de châtiment divin.


Depuis le dernier mois de ramadan, Ngazidja est sujette à une grave pénurie d’eau. La semaine dernière, pourtant, le directeur général et le directeur de l’eau de la Ma-mwe annonçaient la fin du calvaire. Quelques jours après, les files d’attente reprenaient de plus belle devant les bornes-fontaines.

« Nous souffrons énormément. Je me suis levée à 6 heures du matin et ce n’est qu’à 11 heures que j’ai pu remplir mes bidons », a dit Moinahalima, la vingtaine, qui a fait le trajet depuis Itsandra, ville située au nord de la capitale, dix bidons à la main.

Youssouf Mohamed, un jeune de Mapvinguni, s’est rendu, lui aussi à Moroni, afin de s’approvisionner en eau. « On devrait prendre tous ces bidons, les ramener à la Ma-mwe et les brûler devant leurs yeux pour exprimer notre déception », a-t-il lancé.

Les bornes-fontaines sont prises dès les premières heures du jour. Certaines, de par leur emplacement, plus que d’autres. « Lassés des problèmes que nous cause la Ma-mwe, nous avons tendance à prier le bonDieu pour qu’il leur inflige le pire. Peut-être qu’aujourd’hui, Dieu nous châtie. Si vous regardez bien, même la pluie ne tombe plus », a dit un passant.

Dans les réseaux sociaux, les internautes crient leur détresse. « Si tous les Comoriens pleuraient pendant quelques heures, nos larmes suffiraient à remplir toutes les citernes que compte ce pays. Nos larmes n’étancheraient pas notre soif mais nous laverions nos habits et préparerions le repas », a écrit une jeune femme.

A Vouvouni, les techniciens de la Ma-mwe s’activent. Cette fois, ce n’est pas la pompe qu’on change mais les fils électriques reliés aux pompes. « Ils sont grillés. Depuis dimanche, on a commencé le travail et même procédé à un essai, sans succès pour l’instant. On espère vite régler la situation », a déclaré Ali Soulé, le directeur de l’eau. En attendant, le peuple place plus ses espoirs sur la pluie que sur la Ma-mwe.

Mohamed Youssouf
HZK

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