samedi 19 septembre 2015

Sambi-Anjouan : Omerta sur une sale guerre à Anjouan


Sambi-Anjouan : Omerta sur une sale guerre à Anjouan (suite)A nouveau, nous vous invitons à replonger sur les dessus et les non-dits de la crise anjouanaise dont ma démarche est de contribuer, un peu soit-il en ma qualité de témoin privilégié, à la manifestation de la vérité. Pour rappel, le contentieux Ahmed SAMBI-Anjouan reste purement électoraliste donc politique. Aussi peut-on se demander s'il n'était pas plus sage d'avoir recours à un règlement politique plutôt qu'à une action militaire contre Anjouan, l'Ile natale d'où est issu Ahmed SAMBI. La question mérite d'être à chaque fois posée et nous allons avoir l'occasion de situer les niveaux de responsabilité des différents acteurs de la crise.

Effet, il est apparu clairement qu'Ahmed Sambi a délibérément crée un climat propice à l'anarchie et au désordre afin d'arriver à ses fins à savoir éliminer toute chance de réélection du Président sortant Mohamed Bacar lequel avait le vent en poupe dans le cœur des anjouanais et les sondages d'opinion du moment pour briguer un deuxième mandat à Anjouan ; c'est l'une des causes réelles parmi tant d'autres de la discorde. En effet, de fil en aiguille, la crise de confiance entre les exécutifs de l'Union et de l'Ile Autonome d'Anjouan, le flottement et le jeu d'approximations des chancelleries en poste à Moroni à l'exception de l'Afrique du sud ont permis d'asseoir les prémices d'un conflit d'approche, l'affaiblissement des institutions comoriennes et les rivalités interpersonnelles .

En septembre 1997 déjà, 3ans après, Anjouan a emboité le pas à Mohéli en invoquant dans sa démarche le sacro- saint principe de l'équilibre des Îles. En effet, Anjouan, la perle des Comores fortement marquée par la misère et la pauvreté endémiques et trainant une densité de population la plus galopante dans l'Archipel, s'est toujours sentie la laisser pour compte. On est là au cœur des années 90 et les institutions de Bretton-woods (FMI et Banque mondiale) ont mis les Comores dans un vaste programme d'ajustement structurel marqué par la rigueur et l'austérité. Anjouan, au tissu économique inexistant, subit de plein fouet les mesures draconiennes des gendarmes de la finance mondiale. Tout semble réuni pour un mouvement de contestation et de rejet par rapport à un ordre préétabli caractérisé par une centralisation administrative et économique excessives, un front allait aussi s'engager sur le terrain de la répartition des ressources et de l'égalité des chances entre les ressortissants des trois Îles.

De la responsabilité de l'Union des Comores dans la crise Anjouanaise

Nous relevons de la crise politico-institutionnelle un fait majeur. En effet, du constat ci- dessus énoncé l'on aboutit à une querelle de personnes qui dénature en elle-même complètement la substance fondamentale du contentieux qui est avant tout d'ordre électoral. Au delà des querelles de personnes, Sambi s'est toujours fait l'écho des blocages au niveau du fonctionnement des nouvelles institutions comoriennes mettant ainsi à mal l'unité du pays. Il a la fâcheuse manie de se contredire dans ses discours en rapport avec les textes instituant les fondements du nouvel ensemble comorien. Tantôt, il accepte l'autonomie des îles et s'engage même à ne pas y toucher, tantôt il estimait que les pouvoirs de l'Union étaient accaparés par les îles, une façon de feindre d'ignorer les différents accords de réconciliation signés. Il promulgue les lois sur les domaines de compétence de l'Union et des îles mais refuse dans un second temps de les appliquer, naviguant ainsi à vue d'œil dans les méandres de la politique politicienne chère à tout despote qui se cache sous les jupes Dieux. Il a toujours su habilement mettre en coupe réglée les nouvelles institutions du processus de réconciliation comorienne.

Pour Sambi, la voie du consensus et du dialogue demeurent des actes de faiblesse susceptible d'infléchir la route qu'il s'est tracé. Il considère, en monarque que tout ce qu'il a envie de faire est à faire et tout ce qui vient des autres est nocif d'où la série de violations des textes fondamentaux dont l'Union des Comores s'est fait le champion incontesté. Cette propension abusive de l'Union des Comores a foulé aux pieds les lois et règlements de la République a beaucoup nui à un règlement pacifique du contentieux. Dès lors, tout était biaisé et il n'y avait pas place aux bons procédés pouvant aboutir à une cohabitation harmonieuse entre les différents acteurs de la crise. Il faut se dire et là j'assume que la logique de Sambi tient du chaos étant donné qu'il est de part sa nature un intégriste confirmé et qui est appelé à faire table rase de tout ce qui nuit de près ou de loin à sa doctrine.

La diplomatie comorienne plutôt que d'orienter ses efforts vers une approche dans la résolution du contentieux anjouanais a fait l'option d'initier une guerre fratricide sur une partie du territoire national qui se trouve être son île natale. Personnellement je trouve que Sambi a failli à sa mission d'arbitre et de modérateur du bon fonctionnement des institutions tel que cela a été rapporté dans une des dispositions de la constitution de l'Union des Comores. Une chose est certaine : Sambi a brillamment réussi ce qu'il sait faire avec brio, c'est-à-dire sa capacité à jouer les victimes de manière à gagner la sympathie de son vis-à-vis afin de le gagner à sa cause et de le plier à ses desiderata. Ainsi donc, il a su entrainer et faire précipiter la décadence en profondeur de l'Union Africaine – oh, pardon, du syndicat des chefs d'Etat Africains - dans le microcosme anjouanais. Aujourd'hui l'organisme panafricain est sérieusement discrédité et reste sous la menace de son éclatement. En Afrique continentale, des cas assimilés au contentieux électoral anjouanais se sont sérieusement posés et sont en gestation à ce jour, le cas du Burundi avec le Président Kurunziza en est l'illustration et l'Union africaine peine à imposer son autorité et à formuler des propositions de sortie de crise. Et malgré tout, elle n'a toujours pas eu recours à la force militaire panafricaine, il faut reconnaitre – rendons à César ce qui appartient à César – dans ces contrées africaines, le Président ne s'appelle pas Sambi et l'envoyé spécial du président de la commission de l'Union africaine ne s'appelle pas non plus Francisco Madeira, un autre chantre de la démocratie sonnante et de l'art de négocier dans les couloirs de l'opacité intéressée. Que voulez-vous ? Quand un pays comme le Mozambique se met à envoyer au siège de l'organisation panafricaine des diplomates qui n'ont de diplomatique que leurs poches, le résultat qui en découle se passe de commentaire.

Quant à Sambi, il est, à n'en point douter coupable de haute trahison et il aura un jour à rendre compte à la nation et aux anjouanais tombés sous les balles de l'expédition militaire contre Anjouan, une sale guerre contre son île natale et par celles et ceux nombreux qui ont été torturés, pillés et vandalisés, et même déportés par centaine au camp militaire de Kandrani. Certes on peut accuser sans enquête tout comme on peut séquestrer – oh, pardon – on peut enfermer sans aucune instruction judiciaire et prendre ainsi le jugement soi-même, juge, partie civile, avocat à charge et avocat de la défense, toutes ces fonctions sont assumées par une seule et même personne ; son sérénissime et enturbanné Sambi, le chantre incontestable et incontesté de la remise en l'état d'une justice soi-disant implacable, le verbe infatigable de la démocratie encrassée pour ne pas dire écrasée.

Ainsi, vaille que vaille et pour le malheur d'une population exsangue, l'amateurisme est bel et bien installé au sommet de l'Etat et vogue la galère. Mais de qui se moque-t-on ? Des chancelleries en poste à Moroni coupable de complicité active dans la descente aux enfers de l'Île d' Anjouan déjà trop éprouvée par une misère endémique. Sambi a laissé derrière lui un pays dans le chaos. Mais c'est peut-être cela son vrai but, les intégrismes ne savent mieux prêcher qu'en eaux troubles et avec les emphases qu'on lui connait maintenant, il aura damé le pion à tout son monde.

Suite de la chronique
« Les secrets d'une tragédie »
« Sambi-Anjouan ; la sale guerre »

Sambi-Anjouan : Omerta sur une sale guerre à Anjouan (suite)Monsieur Djaanfar Salim Allaoui
Ancien Vice-Premier Ministre des Comores
Ancien Ministre de l'Intérieur de l'Ile Autonome D'Anjouan
Secrétaire Général et Porte-parole de GNEC Rénové

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