mercredi 12 novembre 2014
IKILILOU, MAMADOU ET NOURDINE ont dilapidé l'argent public
La situation économique et financière est extrêmement grave »
Suite à la mission à Moroni des services du Fonds Monétaire International, le leader du parti PEC a réagi, revenant notamment sur la situation des finances publiques du pays. Il a accepté de répondre aux questions de La Gazette / HZK-Presse.
Question : La dernière mission FMI a demandé au pays d’améliorer les recettes intérieures. Comment expliquez-vous cela ?
Fahmi Said Ibrahim : La mission du FMI continue à dire et à redire la même chose pour éviter de froisser le vice-président en charge des Finances. Voilà pourquoi je demande à l’institution de Bretton Woods de faire injonction à ses missions en visite aux Comores, de refuser toute invitation faite par la classe politique et le gouvernement en particulier. Une fois à Moroni, des diners et fêtes somptueux sont donnés en l’honneur des missions de la banque mondiale et du FMI et du coup, ils ne dénoncent pas clairement la situation financière et économique chaotique qui prévaut réellement chez nous. Il y a une complaisance inacceptable à l’égard du gouvernement. Sinon comment comprendre que le FMI ferme les yeux sur l’attribution de gros marchés publics sans appels d’offres ? Pendant que Nourdine Bourhane se pavane à la télévision nationale et s’enorgueillit d’avoir financé 150 kilomètres de route, il oublie de nous préciser que ces marchés publics ont été attribués à Colas deux semaines après la passation des pouvoirs le 26 mai 2011, sans appels d’offres, pour des montants équivalents à 65% de notre budget national, soit 18 milliards. Comment voulez-vous que le seul gouvernement depuis l’indépendance qui avait en sa possession le plus d’argent liquide, des dizaines de milliards, fasse l’effort d’améliorer les recettes intérieures ? Vous savez, pour refaire les finances publiques, il faut refaire la culture, or justement, Mamadou est au pouvoir depuis 30 ans et il n’est pas capable d’améliorer les recettes. Il sait dépenser uniquement, mais n’est pas capable d’apporter des réformes structurelles pour favoriser l’émergence d’une économie créatrice de richesses. La vérité, c’est qu’Ikililou, Mamadou et Nourdine Bourhane ont dilapidé l’argent public obtenu par la loi sur la citoyenneté économique, dans l’indifférence des institutions internationales, par l’attribution de marchés publics sans appels d’offres, achats d’avions cloués au sol pour des raisons obscures, achat de bateaux sans que l’on sache dans quelles conditions, et enfin explosion de la masse salariale par des recrutements de complaisance et économiquement non justifiés. Ce gouvernement s’est par ailleurs illustré par son incapacité à améliorer les recettes douanières et fiscales. Le puits de l’argent de la citoyenneté est épuisé. Je veux pour terminer, évoquer un exemple de la gabegie de ce gouvernement : afin d’organiser les élections, ils ont donné, toujours sans appel d’offres, un marché juteux pour la biométrisation des cartes électorales. Ce marché a été attribué à GEMALTO pour des milliards. Très sincèrement, quelle est l’utilité de faire un doublon, dépenser ces sommes pour un pays comme le nôtre, alors que nous avons déjà une banque de données biométriques nationales récoltées par SEMLEX qui fabrique passeport et carte d’identité nationale ? Nous sommes le seul pays à avoir deux bases de données biométriques. Même les pays les plus riches n’en ont pas. En réalité, c’est de l’argent qu’on a voulu donner à des amis, je trouve cela scandaleux.
Question : Le FMI a demandé au gouvernement de chercher un équilibre entre les ressources disponibles et les dépenses afin d’éviter l’apparition des arriérées de salaires et la dette extérieure. Qu’en dites-vous ?
F.S.I : Le discours du FMI est un discours générique : on n’a pas besoin de sortir de Harvard pour comprendre qu’on ne doit pas dépenser plus qu’on en gagne. Chaque bon père de famille le sait, il ne faut pas vivre au-dessus de ses moyens, c’est ce qui se passe actuellement et seul Mamadou ne l’a pas encore compris malgré ses 30 années passées à la tête de l’Etat. Il continue de recruter pour des raisons électoralistes et le président Ikililou porte une lourde responsabilité vis à vis de l’histoire parce que c’est lui qui en est le premier comptable. Pour ce qui concerne la dette extérieure, seule une rationalisation de nos choix budgétaires, une maîtrise de notre masse salariale ramenée à des proportions acceptables de notre budget, entre 40 et 50% dans un premier temps, peut dégager une marge pour mener une vraie politique financière. C’est ainsi que l’on pourra rembourser notre dette et se donner une marge d’investissement public dans les secteurs d’infrastructures capables de favoriser l’émergence d’un tissu économique créateur de richesse nationale. Il est impératif qu’il y ait une politique volontariste pour résoudre la crise énergétique. Par exemple, le gouvernement aurait pu prendre l’argent de la citoyenneté pour investir dans la résolution de la crise énergétique. Cela aurait été un investissement rentable pour le pays. Au lieu de cela, ils ont choisi la facilité en payant les fonctionnaires. Et pourtant, la résolution de la crise énergétique aurait pu favoriser l’émergence d’une petite industrie manufacturière qui permettrait la création de richesse et donc d’emplois. A titre de rappel, l’industrie manufacturière représente moins de 3% de notre PIB. Ce qui est fort regrettable.
Question : Et de manière globale, comment trouvez-vous la situation économique du pays ? Quelle serait la meilleure solution pour que le pays puisse se développer et être comme nos voisins de la région ?
F.S.I : Le temps est venu de tenir un discours de vérité au peuple comorien ! Je refuse de tenir un discours de connivence et de complaisance. Je m’engage à tenir un discours de vérité et de rupture. La situation économique et financière est extrêmement grave. Avons-nous la volonté oui ou non d’apporter des solutions ? Pour ma part, je dis oui. Il est temps d’apporter des vraies réponses aux vraies questions. On ne peut pas continuer à gérer le pays comme si on faisait face à des problèmes conjoncturels. Le mal comorien est structurel, il faut donc apporter des réponses structurelles. Aucun pays au monde ne peut se permettre de continuer à dépenser 80% de son budget à payer des fonctionnaires. Il faut repenser l’Etat et son administration. Il faut mettre rapidement en place un chantier d’audit et définir, sans complaisance, le nombre de fonctionnaires réellement utile pour faire fonctionner notre Etat. On doit se fixer des objectifs à moyen terme, encourager les fonctionnaires avec nos partenaires institutionnels, à s’installer dans le privé. Expliquer aux jeunes que le secteur privé est porteur d’avenir parce que le privé doit jouer un rôle moteur dans notre économie. Mais il faut par ailleurs protéger les entrepreneurs comoriens. Je suis, par exemple, favorable pour qu’on légifère afin d’obliger tout étranger qui investit aux Comores à s’associer à un Comorien. Il reste à définir le pourcentage obligatoire qui sera fixé après concertation avec le secteur privé. Enfin, il est urgent que l’on réajuste la formation universitaire afin qu’elle réponde aux exigences économiques de demain. Je rappelle que l’économie de notre pays à moyen terme ne s’adaptera pas à l’enseignement dispensé dans nos universités. C’est l’inverse qui devrait se produire. On doit donner à la jeunesse comorienne une formation conforme aux défis économiques futurs. On doit anticiper sinon, c’est des chômeurs que l’Etat continuera de former.
Propos recueillis par M.Y.
La Gazette des Comores
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