mercredi 26 novembre 2014
les élections riment avec corruption aux comores
S’assurer de remporter les élections par l’intimidation, le chantage et l’achat de conscience est une pratique encore d’actualité aux Comores, malgré la multiplication de séminaires et formations sur le respect des principes démocratiques et l’adoption de codes de bonne conduite de ces dernières semaines.
Par quel miracle ces gouvernants qui n’ont honoré aucun de leurs engagements vis-à-vis de leurs électeurs, ni réussi à améliorer le quotidien des comoriens, ni trouvé des solutions aux crises sociales qui ont paralysé le pays, peuvent espérer se faire élire et avoir la majorité des sièges au Parlement et aux Conseils des îles ? Pour répondre à cette question, il suffit d’observer le climat de chantage qui va régner dans les administrations publiques et dans les sociétés d’Etat dans les semaines à venir.
Certains candidats sont « achetés », pour reprendre l’expression communément utilisée dans l’archipel. Un candidat du parti Radhi au conseil de Ngazidja dans le Mitsamiouli a été contraint de revenir en arrière après que son suppléant se soit retiré, suite à une nomination à Comores Telecom.
Dans le Hamahamet, Fessoil Said Mdahoma, un jeune cadre, a vu son colistier se rétracter à la dernière minute. De nombreux partis politiques qui avaient annoncé leurs candidatures dans plusieurs régions ne sont plus dans la course. Leurs leaders ont changé de veste, semble-t-il, à quelques semaines de l’ouverture de la campagne.
Certains directeurs généraux des sociétés et institutions étatiques ont commencé à intimider leurs employés à l’approche des élections. Voter un candidat autre que celui du pouvoir, c’est acheter soi-même son billet de sortie. Les dirigeants des entreprises et établissements publics, notamment l’AIMPSI, Comores Telecom, menacent de mettre à la porte ceux qui ne donneront pas leur bulletin aux candidats de la mouvance présidentielle.
Dans moins d’un mois, les institutions d’Etat seront truffées de stagiaires enrôlés par des promesses d’embauches qui ne seront jamais respectées. Comme ce fut toujours le cas jusqu’ici. Les bureaux de Comores Telecom commencent déjà à se remplir. Les hommes d’hier qui ont lutté au nom du « Baobab » ont changé de veste mais ont gardé les mêmes comportements anti-démocratiques. Plus triste encore sont ces politiciens qui ont lâché leurs partis pour combattre aux côtés du ministre qui les a nommés à tel ou tel poste.
Pour voir l’ampleur du phénomène, il suffira de compter le nombre d’anciens cadres politiques qui étaient jusqu’ici de l’opposition et qui sont aujourd’hui derrière le vice-président Mohamed Ali Soilih, chef de file de l’UPDC.
Ces pratiques ne datent pas d’aujourd’hui. Tous les régimes successifs depuis l’indépendance jusqu’à nos jours se sont illustrés par cette tendance à créer le parti présidentiel. On citera l’Udzima du président Ahmed Abdallah (1978-1989), le RDR sous Said Mohamed Djohar (1990-1995), le RND de Mohamed Taki (1996-1998), la CRC sous le colonel Azali (1999-2005), le Baobab qui regroupait des partis proches du régime Sambi et aujourd’hui l’UPDC, dirigé par les hommes du pouvoir Ikililou, qui soi-disant rassemble les formations politiques dont l’unique ambition est de défendre l’actuel locataire de Beit-Salam.
Le gouvernorat de Ngazidja lui aussi ne fera pas dans la dentelle. Après la création de son parti politique (RDC), Mouigni Baraka s’est débarrassé de tous ceux qui sont restés fidèles au mouvement Orange. Le locataire de Mdrodjou n’hésitera pas à intensifier les recrutements illégaux. Et dire que la dernière mission du FMI vient de condamner la croissance de la masse salariale.
Les partenaires internationaux qui multiplient les rencontres et séminaires pour promouvoir les bonnes pratiques démocratiques en période électorale seront malheureusement déçus. Pourtant, les codes de bonnes conduites ont été approuvés lors de ces rencontres par ces mêmes membres du gouvernement, leaders politiques, membres des instances impliquées dans l’organisation des élections et aussi des médias. Mais dans un pays où même ceux qui proposent et votent les lois n’hésitent pas à les bafouer, il serait prématuré de chanter victoire.
A.A.Hamdi
La Gazette des Comores
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