Quel dessein pour les Comores ? Mohamed Bacar et Mohamed Chanfiou
La déclaration d'intention du Colonel Mohamed Bacar sur son retour, fait des vagues parmi la classe politique et les milieux intellectuels. Pourtant, au regard des faits, rien ne l'oblige à rester cloitrer à l'extérieur du pays. Tout le monde sait qu'il n'est pas l'instigateur du mouvement séparatiste, mais Abdallah Ibrahim, Chamassi, Mohamed Abdou Madi, Abdallah Ahmed et Abeid pour ne citer que ceux la. Il est tout juste un maillon de la chaine que le pays n'a jamais voulu brisée.
Y a-t-il eu depuis la libération de l'île d'Anjouan, par l'AND sous l'égide du Général Salim Amir, une seule personne, poursuivie pour l'immobilisme des dix ans de séparatisme ? Pourquoi serait-il le seul à payer pour tout le monde ? Je crois qu'il est temps de fermer cette parenthèse douloureuse, même si les conditions d'une reprise des hostilités, demeurent. C'est un choix fait par les autorités successives, que nous avons tous cautionné.
Pour ma part, je suis disposé à participer dès demain, à un gouvernement de stature nationale, avec Mohamed Bacar, et tous les autres séparatistes d'Anjouan et de Mohéli, sur la base des conditions suivantes :
- Application à l'esprit et à la lettre de la constitution originale de 2002, signée par tous les membres du comité de suivi et soumis au referendum, et non celle, publiée sur le site officiel, qui n'est qu'un arrangement d'Azali-Boléro avec leur expert Zinzindoué.
- Dissolution de la Fonction Publique et remplacement par une fonction publique nationale limitée aux fonctionnaires relevant des compétences de l'Union (art. 9 de la constitution) et une fonction publique territoriale regroupant les autres fonctionnaires.
- Abolition de la loi organique actuelle fixant les quotes-parts entre l'Union et les îles et son remplacement par les dispositions de l'article 11 de la constitution alinéa 2.
- Dissolution des sociétés d'état conformément à l'article 11 alinéa 3, qui prive l'Union de créer d'impôts ou taxes, par voie de conséquence ne pouvant en aucun moment fixer des prix de produits tels qu'ils soient.
- Instauration d'une nouvelle politique de circulation des biens dont seuls les produits nationaux pourront circuler librement et tous les autres produits importés soumis au dédouanement dans l'île d'usage.
A ceux qui voudront profiter de ce texte, pour faire briller leur patriotisme éclatant sur Net, mais qui ont brillé de leur absence au moment où les choses ses sont décidées, je leur convie à apprendre à respecter les textes, seule condition pour un développement économique durable.
Le déclin des Comores ne date pas d'aujourd'hui. Nous sommes amenés à reproduire un processus de démantèlement du pays. Si tel n'était pas le cas, comment expliquer l'évolution des Comores depuis 1975 ? N'a-t-on pas été un Etat de 1975 à 1978 ? N'est-on devenu République Fédérale et Islamique de 1978 à 2002 ? N'est-on devenu Union des Comores depuis 2002 ? Qui peut-on ignorer que dans cette évolution, le pays deviendra bientôt Union des Etats Associés pour finir vers 2020 tout simplement Union des Etats Indépendants des Comores.
Une fois ce dernier statut atteint, le pétrolé qui se trouve dans le bassin de Madagascar, pourra être exploiter aux dépens des Comores. C'est jour là, que nos frères Anjouanais, constateront malgré eux, que les ressources en Gaz et en Hydrocarbures de la côte Ouest des Comores, se répartiront entre Ngazidja et Mohéli. Ce jour là, des instances internationales voudront organiser une conférence de réconciliation des Comores, mais qui exclura Mayotte, en vertu du statut antérieur des états indépendants.Ce jour là, j'en suis persuadé Ngazidja maintiendra son indépendance quel qu'en soit le prix.
Au jour d'aujourd'hui, nos frères d'Anjouan, savent qu'ils constituent le maillon faible du pays. Avec 42% de la population, 9% de contribution aux recettes publiques depuis 1978, sans réel effort de redressement, c'est l'île qui aura tout le mal à défendre son indépendance. Les agitations séparatistes ne sont qu'un leurre. Je les invite à revenir à la raison. Le pays nous appartient, inutile de continuer à faire la politique du chantage.
Je suis partisan d'une amnistie générale, suivie d'une prise de conscience, en vue de l'aménagement d'un état viable. C'est le seul atout qui nous reste, pour défendre nos intérêts devant les prédateurs de tout bord. C'est le moment ou jamais, d'empêcher la dégradation continue de notre statut politique. La crise comorienne, on le sait, n'est ni politique, ni sociétale, mais la défense d'intérêts corporatistes de certains fonctionnaires dont un décret de 1978, leur a conféré des avantages induits qu'il est impératif de revoir pour la sauvegarde de la cohésion sociale.
Annexes :
Extrait de la constitution
Préambule
la solidarité entre l'Union et les îles et entre les îles elles-mêmes,
l'égalité des îles en droits et en devoirs.
Art.9 Relèvent de la compétence exclusive de l'Union les matières suivantes : religion, nationalité, monnaie, relations Extérieures, Défense extérieure, symboles nationaux. Une loi organique détermine en tant que de besoin les conditions d'application et les modalités de mise en oeuvre des compétences exclusives. Dans les matières de la compétence partagée de l'Union et des Iles, les Iles ont le pouvoir d'agir aussi longtemps et pour autant que l'Union ne fasse pas usage de son droit d'agir. L'Union n'intervient que si elle peut le faire plus efficacement que les Iles parce que :
a) le règlement d'une question par une île pourrait affecter les intérêts des autres îles ;
b) une question ne peut pas être réglée par une île isolément ;
c) la sauvegarde de l'unité juridique, économique et sociale de l'Union l'exige. En ce cas, les Iles disposent, selon les matières, du pouvoir de prendre les mesures nécessaires à l'exécution des principes fondamentaux et des règles définies par l'Union ou à la réalisation des objectifs arrêtés par l'Union. Une loi organique détermine, en tant que de besoin, les matières relevant de la compétence partagée de l'Union et des îles et les modalités de son exercice. Relèvent de la compétence exclusive des Iles : les matières ne relevant pas de la compétence exclusive de l'Union ou de la compétence partagée des Iles et de l'Union.
Art.11 Les Iles jouissent de l'autonomie financière. Elles élaborent et gèrent librement leur budget selon les principes applicables en matière de gestion des finances publiques. Une loi organique fixe la quote-part des recettes publiques devant respectivement revenir à l'Union et aux Iles. Cette répartition est effectuée dans le cadre de la loi de finances annuelle de l'Union. Dans les conditions prévues par la loi organique, les Iles peuvent créer au profit de leur budget des impôts et taxes non prévues par la loi de l'Union.
Art.12 Le Président de l'Union est le symbole de l'Unité nationale. Il est le garant de l'intangibilité des frontières telles qu'internationalement reconnues ainsi que de la souveraineté de l'Union. Il est l'arbitre et le modérateur du fonctionnement régulier de ses institutions. Il assure la plus haute représentation de l'Union dans les relations internationales. Il est le garant du respect des traités et accords internationaux. Le Président de l'Union détermine et conduit la politique étrangère. Il nomme et accrédite les ambassadeurs et les envoyés extraordinaires auprès des puissances étrangères ; les ambassadeurs et les envoyés extraordinaires étrangers sont accrédités auprès de lui. Il négocie et ratifie les traités. Le président de l'Union est le chef du gouvernement. A ce titre, il détermine et conduit la politique de l'Union. Il dispose de l'administration de l'Union ; il exerce le pouvoir réglementaire. Il nomme aux emplois civils et militaires de l'Union. Le Président de l'Union est le chef des Armées. Il est le responsable de la défense extérieure. Le président de l'Union a le droit de faire grâce.
Art.13 La Présidence est tournante entre les îles. Le Président et les Vice-Présidents sont élus en semble au suffrage universel direct majoritaire à un tour pour un mandat de quatre (4) ans renouvelable dans le respect de la tournante entre les îles. Une élection primaire est organisée dans l'île à laquelle échoit la présidence et seuls les trois candidats ayant obtenu le plus grand nombre de suffrages exprimés peuvent se présenter à l'élection présidentielle. Avant d'entrer en fonction le président de l'Union et les vice-présidents prêtent serment devant la Cour Constitutionnelle selon la formule suivante et en comorien : Je jure devant Allah, le Clément et le très Miséricordieux de fidèlement et honnêtement remplir les devoirs de ma charge, de n'agir que dans l'intérêt général et dans le respect de la Constitution. Les conditions d'éligibilité et les modalités d'application du présent article sont fixées par une loi organique.
Art.27 L'Assemblée de l'Union vote les projets de loi de finances à la majorité des deux-tiers. Si l'Assemblée de l'Union ne s'est pas prononcée dans un délai de soixante jours, les dispositions du projet peuvent être mises en vigueur par ordonnance.
Mohamed Chanfiou |
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