mercredi 1 octobre 2014

DAECH : Vigilance renforcée dans onze pays supplémentaires



DAECH : Vigilance renforcée dans onze pays supplémentaires

<< Les valeurs comoriennes n’ont rien à voir avec le terrorisme >> : SAID LARIFOU

Pour l’avocat et homme politique franco-comorien Said Larifou, il est exagéré de dire que les Comores sont un pays dangereux, même s’il reconnaît qu’un travail doit être fait pour protéger la jeunesse des tentatives de récupération extérieures

L’avocat d’affaires et opposant politique aux Comores Said Larifou tient à relativiser l’inscription de l’archipel à la liste des pays dangereux, suite à l’action militaire française de Daech. Mais il invite la France à garder la porte ouverte à la jeunesse comorienne, dont les déçus pourraient être ‘’ récupérés’’ par les pays abritant des organisations terroristes.

Saïd Larifou, comment avez-vous accueilli l’inscription des Comores à la liste élargie des pays dits << dangereux >> pour les Français du fait de l’action contre l’état Islamique ?

C’est une inscription qu’il faut relativiser et prendre avec prudence. Ceux qui connaissent bien les Comores savent que les comoriens sont des gens pacifiques, qui pratiquent un islam tolérant. Le terrorisme n’est pas dans leur philosophie, ce n’est pas non plus un pays criminogène.

Et, même en tant que président du mouvement d’opposition RIDJA, je dois dire que la haine et la discrimination ne font pas partie du discours des dirigeants de notre pays. Il faut rassurer les gens qui seraient tentés de venir voyager ou travailler aux Comores.

Comment expliquez-vous alors cet appel à la vigilance du quai d’Orsay ?

Il se trouve que, depuis quelques années, nous enregistrons à la présence de jeunes Comoriens dans des pays à risque. Il s’agit d’une population vulnérable qui peut être tentée d’emprunter une mauvaise voie. Il faut être vigilant.

En outre, les Comores sont un pays passoire, qui n’a pas les moyens d’assurer des contrôles suffisants des mouvements de personnes avec l’Afrique de l’Est notamment.

 J’ai également alerté les instances internationales  (Union africaine, Union européenne, Nations Unies) sur le problème des ventes de passeports Comoriens, aux Emirats arabes unis notamment. Un vrai passeport comorien est facilement trouvable dans ce pays, pour les apatrides ou des gens qui souhaiteraient dissimuler leur identité. Un phénomène inquiétant, pour lequel j’ai déposé plainte en France.

Les Comores sont –elles donc ciblées par les recruteurs des filières djihadistes ?

C’est une réalité, il ya des gens qui font le va-et-vient pour recruter des jeunes Comoriens. C’est pourquoi il est essentiel de protéger ces jeunes. Et le rôle d'un pays comme la France est très important. Ces jeunes ne demandent qu’à venir étudier dans les universités françaises et se font de plus en plus refouler. S’ils sont rejetés, ils seront plus facilement tentés de se retourner vers de pays comme le soudan, le Pakistan, ou l’Iran, avec le risque de basculer vers une idéologie plus radicale. Ce sont ces jeunes qui peuvent ensuite être ciblés par les organisations terroristes, qui récupèrent les déçus. La France doit en avoir conscience.

Craignez-vous une dégradation de l’image du pays ?

Bien sûr, et nous réfléchissons à des actions pour restaurer son image, en faisant appel à tous ses démocrates. Il s’agit de chasser ceux qui voudraient porter l’idéal de haine et de barbarie dans notre pays et le préserver de ce fléau, qui est l’affaire de tous les Comoriens. Il faut aussi que la France trouve les bons interlocuteurs dans notre pays. Mais, je le répète, les Comores ont une structure sociale, coutumière et religieuse qui n’a rien à voir avec le terrorisme, même si il ya un travail à faire pour protéger la jeunesse. Mais ce n’est pas une fatalité.

Entretien : Sébastien Gignoux

Journal de l’île de la Réunion ( JIR )


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