vendredi 12 septembre 2014
Gestion chaotique des régies financières de l'Etat
La Commission Nationale de Prévention et de Lutte contre la Corruption souhaite mettre de l’ordre dans la gestion des régies financières de l’Etat. Elle vient d’effectuer des missions dans les iles pour contrôler la gestion de ces régies et le constat de ses commissaires est sévère : beaucoup d’argents disparaissent dans les comptes de ces régies, la gestion de ces régies n’est pas conforme à la loi…
Il est bien connu que les recettes de l’Etat ne sont pas versées en totalité au Trésor public. Elles sont versées dans les multiples comptes ouverts par les institutions étatiques dans des établissements financiers publics et privés. Les gestions de ces comptes sont individuelles et opaques. L’Etat perd une bonne partie de ses recettes fiscales dans la gestion chaotique de ces comptes. En juin 2011, lors de la cérémonie de passation de service au Ministre de l’Intérieur, l’ancien Ministre de l’intérieur, Ibrahim Mhoumadi Sidi, avait lancé un pavé dans la marre en affirmant qu’il n’a pas pu avoir accès aux comptes de la Direction Générale de la Sûreté du Territoire. L’ancien Directeur Général de la Sûreté du Territoire, Abou Achirafi Ali avait réagi au quart de tour en affirmant dans une conférence de presse tenue le lendemain que ses services ne géraient pas de compte, ni de régie. Selon lui, toutes les recettes de sa direction sont sous la direction du Ministère des Finances et du Trésor public. Lors de cette conférence de presse, cet ancienDirecteur Général qui voulait laver son honneur, était incapable de donner les chiffres des cartes d’identité nationale et des passeports délivrés par son service. Un scandale, d’autant plus qu’il était le principal signataire de toutes ces pièces. Rien sur le nombre de passeports délivrés aux Comoriens et aux « étrangers »naturalisés dans le cadre de la fameuse « loi portant sur la citoyenneté économique ». Il n’avait pas non plus donné le montant des fonds collectés lors l’établissement des visas d’entrée de sortie et des cartes de séjour. En effet, en plus des recettes issues de l’établissement des cartes d’identité et des passeports, la Direction Générale de la Sureté du Territoire reçoit, sans que la moindre facture soit fournie, les recettes des visas d’entrée et de sortie, de l’établissement des cartes de séjour des étrangers aux Comores. Monsieur le Directeur ignore tout de ces fonds collectés par ses services. Depuis, cet ancien Directeur Général a été limogé et a fait la détention préventive à la maison d’arrêtde de Moroni pour une histoire de trafic de passeport.
Cette affaire de gestion des régies financières du Ministère de l’intérieur, dévoile les méandres de ces multiples régies financières de l’Etat, mises en place pour faciliter le bon fonctionnement de certaines administrations, mais gérées malheureusement dans la plus grande opacité. Des fonds importants sont collectés dans les préfectures, les ministères….En janvier 2012, dans son discours en réponse aux vœux présentés par la Cour Constitutionnelle, la Cour Suprême et les Magistrats, le Président de l’Union des Comores avait ouvertement critiqué la gestion de la régie de recette et d’avance auprès des juridictions judiciaire. « Alors que la régie du Ministère des relations extérieures a versé au Trésor public près de 18 millions de francs comoriens depuis ma prise de fonction, la régie de recette et d’avance auprès des juridictions judiciaires n’a rien versé au Trésor public et je sais que ces fonds vont dans les proches de certaines personnes et je n’ai pas peur de l’affirmer » a-t-il lancé.
Depuis, la gestion des régies n’a pas beaucoup évolué, l’argent de ces régies est toujours dilapidé. En cette période de vache maigre et de chute des recettes de l’Etat, n’est-il pas temps pour le Chef de l’Etat de nettoyer les écuries d’Augias dans le secteur sensible des régies financières pour pouvoir mieux lutter contre la dilapidation des fonds publics. L’Etat perd beaucoup d’argent en acceptant cette multitude de régies financières qui enrichissent une poignée d’individus.
Comoresdroit
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire