Véritables
convulsions d’une opposition comorienne à la recherche d’une seconde vie
Il y a
probablement de l’espoir en matière politique aux Comores. Après 3 ans de
léthargie politique totale, après tant d’espoirs déçus et après tant de
rendez-vous ratés avec l’Histoire, cet espoir viendrait ou pourrait venir – ne
pavoisons pas trop vite – du fait que des chefs de partis politiques
républicains ont compris qu’il était temps pour eux de se retrouver autour d’un
forum commun et d’idées fédératrices pour soulever en commun et de concert les
problèmes les plus aigus que traverse la société comorienne actuelle. Pour
l’essentiel, ces chefs de partis sont: Mohamed Abdouloihabi, Mahmoudou Ali
Mohamed, Prince Saïd-Ali Kemal, Abdou Soulé Elbak, Houmed Msaidié et Saïd
Larifou. Ces leaders politiques posent les problèmes des Comores dans le cadre
d’une opposition reconnaissant les vertus de l’unité. Comme aucune organisation
politique n’est audible en agissant seule, ces chefs de partis ont compris
qu’en criant ensemble, le son de leur voix pourrait être entendu à Beït-Salam,
le Temple du je-m’en-foutisme d’État. Mais, il faut se rendre à l’évidence et
être plus réaliste: la méthode est efficace et aurait été encore plus efficace
si le Président Ikililou Dhoinine avait une capacité d’écoute et un sens
politique, et se souciait des doléances de la classe politique et de la
population. N’est-il pas un Président de la République complètement coupé des
réalités des Comores et vivant dans un monde absolument imaginaire et aseptisé,
dans lequel ne pénètre aucun souffle de réalité?
Dans cette
nouvelle configuration politique, l’isolement d’Ahmed Sambi et des
crypto-sambistes est flagrant, mais pas étonnant car le chef du Parti de
l’Enfer et ses partisans ne sont pas dans une logique républicaine et unitaire,
mais dans une pente régressive, individualiste et antirépublicaine. Ce qui les
intéresse, c’est briser la concorde civile du pays et jeter à la mer la
Constitution comorienne afin de faire revenir au pouvoir un Président qui, en
2006-2011, n’a fait que des promesses, mais il s’agit de promesses qui ne
seront jamais tenues. Cet homme n’a laissé derrière lui que le désordre, la
discorde, l’humiliation et la destruction. Pis, cet homme appelé Ahmed Sambi
n’est pas en mesure de s’unir aux autres acteurs politiques du pays parce que
le sort des Comoriens ne l’intéresse nullement. Il préfère aller raconter des
mensonges au Foyer des Femmes de Moroni, verser des larmes de crocodile
sur les dégâts provoqués par son bébé qu’est sa «citoyenneté économique».
Un tel homme est incapable de s’asseoir avec d’autres leaders politiques et de
parler du présent et de l’avenir des Comoriens. Seul ce qui le concerne
personnellement l’intéresse. Cet homme-là se situe en marge de toute dynamique
républicaine et vit dans son «Je-Moi».
Loin des
élucubrations «constitutionnelles» et politiques d’Ahmed Sambi et des
crypto-sambistes, on peut constater que la nouvelle stratégie de l’opposition
est particulièrement visible, et on a pu le remarquer quand les chefs des
partis de l’opposition républicaine sont allés voir le ministre de l’Intérieur
et le Président de la République pour parler d’un problème très grave, qui
menace la cohésion sociale et républicaine aux Comores: l’organisation des
élections législatives de novembre 2014, à la lumière des inscriptions sur le
fichier électoral biométrique et des problèmes liés au financement des
élections législatives. Ces élections risquent de ne pas avoir lieu. Elles
n’auront pas lieu. En tout état de cause, ce 26 juin 2014, par exemple, les
partis politiques se réclamant de l’opposition républicaine ont fait fort en
organisant une manifestation de contestation de la légitimité de la Cour
constitutionnelle. Et comme on sait, le problème de la Cour constitutionnelle
est très grave, compte tenu de l’importance de l’institution et des
dysfonctionnements qui la caractérisent et lui ôtent toute forme de crédibilité
aux yeux des Comoriens. Au surplus, il faut envisager la place de l’institution
au regard des élections à venir, des élections à la fraude de laquelle elle va
contribuer comme cela a été le cas en 2010. D’où la nécessité de sécuriser les
élections à venir pour éviter une mascarade politique.
En effet, la
Cour constitutionnelle comorienne est devenue un instrument de déni de Droit,
et se caractérise par deux maux fondamentaux: d’une part, elle est devenue une
basse-cour aux ordres, complètement inféodée au pouvoir exécutif, qui nomme ses
membres, et d’autre part, quand elle prend une décision qui va dans le bon sens,
le pouvoir exécutif fait tout pour la vider de toute sa substance et ne pas
l’appliquer. Il fallait donc voir le Président de cette chambre
d’enregistrement et cela a été fait, à la suite d’une marche de protestation de
Comoriens excédés et avant la remise d’une lettre ouverte au Président et aux
Conseillers de la Cour constitutionnelle. Dès lors, plus personne ne pourra
dire: «Je ne savais pas»
Toujours
est-il que dans le réveil et l’union de l’opposition républicaine, il est un
homme qui est très actif, mais qui préfère agir dans l’ombre, par discrétion,
pudeur et souci d’efficacité: l’inoxydable, inévitable et inimitable Saïd Mzé
Dafiné, l’homme de Salimani-Hambou. Ce dernier adore la politique, malgré une
purge stalinienne qu’il avait subie quand il militait au sein du Front
démocratique (FD), le parti politique qui chantait les louanges du Kampuchéa
démocratique de Pol Pot, qui allait déclencher un génocide ayant anéanti 2
millions de Cambodgiens, bien avant que le garçon de Salimani-Hambou ne soit en
âge de faire de la politique. Pour lui, le Front démocratique représentait un
idéal progressiste, jusqu’au jour où il découvrit à ses dépens que ce parti
politique fonctionnait selon des méthodes venues tout droit de la Corée du
Nord, de l’époque stalinienne et du Kampuchéa démocratique si cher à Mohamed
Idriss et à Moustoifa Saïd Cheikh, notamment. Saïd Mzé Dafiné est dans tous les
nouveaux combats pour la création de nouvelles synergies entre partis
politiques de l’opposition républicaine, agissant la main dans la main avec les
chefs des partis politiques en présence. L’homme de Salimani-Hambou sait se
faire discret pour les besoins de la «cause» car, ce qui compte pour
lui, c’est la réussite d’un projet politique qui pourrait faire sortir le
régime politique actuel et la classe politique de leur torpeur. Est-il candidat
à la députation aux prochaines élections législatives, qui risquent de ne pas
avoir lieu? Pour l’instant, le sujet est tabou et «n’est pas à l’ordre du
jour», mais tout le monde connaît la gourmandise, voire la boulimie
politique du garçon de Salimani-Hambou.
Par ARM
Source:www.lemohelien.com