au milieu Boléro
Le désenchantement qui a surgit au détour d'un fait divers, la taxe de 5% de Comores Telecom, semble inexplicable pour un gouvernement qui vient de célébrer dans l'allégresse ses trois ans de pouvoir. C'est que le malaise est bien plus profond qu'on ne l'imagine. Il touche toutes les sphères de la vie économique et sociale : l'énergie et l'eau n'étant que la partie visible de l'iceberg. Les recettes publiques augmentent mais elles tombent dans les eaux boueuses de la corruption qui sévit avec une arrogance décuplée puisque protégée par l'impunité. L'État est absent et à quelques mois d'élections complexes mais aussi décisives, l'immobilisme entre coupé de sursauts répressifs et l'insouciance du pouvoir déconcertent les plus fidèles du régime. L'embellie marquée par la rupture avec Sambi, et l'esprit d'indépendance vis-à-vis de la France, s'est évanouie avec l'irruption au sommet de l'Etat d'un personnage haut en couleur Françafrique: Raspoutine Bolero.
Intelligent, doué d'une constitution hors du commun et bénéficiant d'une réputation de compétences techniques dans divers domaines, Raspoutine réussit habilement à s'introduire dans la famille impériale comme guérisseur. Très vite son influence sur la cour devient omnipotente, au point qu'on le surnomme le « Tsar au-dessus des Tsars ». En vain, la cour a tenté d'éloigner cette influence funeste. Politiquement paralysé, tombant dans l'inaction par son attachement à Raspoutine, le Tsar Nicolas 2 perdra la guerre et l'empire. Tel est le fait historique.
De Raspoutine à Bolero, la ligne est droite. C'est avec une aisance et un cynisme consommé qu'il se glisse dans l'intimité de la famille présidentielle pour se hisser au sommet de l'Etat. Nuance de taille : Bolero n'agit pas seulement pour ses intérêts personnels, mais surtout comme chargé de mission de la Françafrique. L'enjeu c'est l'île comorienne de Mayotte, c'est le pétrole et le gaz.
La stratégie mise en œuvre combine plusieurs éléments : psychique, politique, militaire, économique, juridique et sociaux. L'action psychique vise deux objectifs : endormir les esprits pour cacher l'agressivité de la France qui sera présentée comme un pays ami et l'occupation de Mayotte comme affaire des Mahorais. Ensuite elle consiste surtout à paralyser l'action du chef de l'Etat, briser l'esprit d'indépendance qui l'habite. Mais notre Raspoutine ne s'arrête pas là. Il pousse le bouchon très loin par la confusion des sentiments, en distillant à des blogs des secrets de la famille présidentielle, et cerise sur le gâteau, en introduisant dans l'intimité du couple son compère Azali qui se fait fort d'embarquer la première Dame, comme colistière pour 2016. C'est dire combien est puissante l'emprise qu'exerce Bolero sur le couple présidentielle.Venons en à la politique telle que dictée par la France. Il s'agit de faire d'une pierre deux coups. D'abord empêcher la tournante 2016 de gagner Mayotte. Oui la consigne est nette et toute la françafrique a reçu religieusement le message, cinq sur cinq. Ordre est donné de zaper Mayotte pour les présidentielles et détourner l'opinion pour la focaliser sur Ngazidja. Parallèlement le projet vise à ériger Mayotte en entité au sein d'une version néocoloniale de la COI dénommée "Communauté des îles". Mais la politique préconisée c'est aussi la déstabilisation, qui va des coups d'Etat comme ce fut la tentative de mai 2013 dont l'enquête aura été passablement escamotée pour soustraire de gros poissons, aux combinaisons politiques les plus inattendues comme : celle qui est prônée à Ndzuani, de combattre un clan séparatiste en s'alliant à un autre clan séparatiste indécrottable. A ce titre faut-il souligner que Mohamed Bacar est une épine au pied de la France. Le réhabiliter et le remettre en scène, c'est à la fois soulager la France et lui donner l'opportunité de rallumer le feu séparatiste aujourd'hui vaincu militairement mais, prenons garde, pas idéologiquement ! Le ventre est encore fécond, qui a enfanté la bête immonde.
Enfin, sur le plan militaire, il n'est pas besoin d'avoir l'esprit sagace pour se rendre compte que la France nous tient à la gorge. D'abord par les Accords dont l'objectif est de faciliter les coups d'état et pousser au démembrement de l'archipel. Une chose est sûre: la France n'a jamais pardonné la signature par le président Ikililou des Accords sur la délimitation des frontières, qui incluent naturellement l'île de Mayotte, conformément au droit international tel que reconnu par les Nations Unies, auxquelles François Hollande se réfère quand ça l'arrange Ensuite il y a l'absence de secrets d'Etat et le contrôle qu'exercent sur l’État-major, ces coopérants français qui officient au cabinet militaire. Pour montrer à quel point cette déstabilisation est totale, on ne peut pas manquer de souligner l'action de sape entreprise directement sur l'Armée par Bolero, en semant la zizanie, la méfiance et la haine entre les officiers supérieurs.
Quand Bolero a déclaré, lors de son intronisation, son fameux « je suis le premier interlocuteur d'Ikililou », on a pris cela pour de la forfanterie, sans se rendre compte que c'était l'allégorie du cheval de Troie de la recolonisation.
Fait à Moroni, le 12/06/2014
Le BEN
Source : http://f-d-gombessa.skyrock.com/
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