« C'est le Président de la République
qui vient d'informer les membres du cabinet qu'il veut changer son cabinet !
Voilà ! L'information a été sue ! Je préfère le dire puisqu'apparemment ça a
été su »
Mes 4 Questions à Hamada Madi Boléro
Moi (1ère question) : Monsieur le
ministre bonjour. Merci de m'avoir accordé cet entretien. J'entame directement
la première question. Je suis de très près l'enquête concernant la tentative de
coup d'état du 30 avril 2013, ayant conduit à l'incarcération de
plusieurs personnes. J'ai remarqué une chose, votre nom est très souvent cité
par les avocats de la défense. Je me suis entretenu il y a un mois avec l'un
d'entre eux, qui vous a nommément cité. Ensuite, Maître Baco, lors d'une
conférence de presse tenue en région parisienne il y 'a quelques mois, a
insinué, que vous, Monsieur Boléro, Responsable de la Sécurité Nationale et
Commissaire du Gouvernement, avez influé sur l'enquête, suite à une
déclaration pour le moins ambigüe, toujours selon la défense, car vous
auriez dit que l'instruction de cette affaire prendrait beaucoup de temps, pour
ainsi dire plusieurs années. Qu'avez-vous à répondre par rapport à ces
accusations, gravissimes ?
M. Boléro : D'abord, je vous remercie Irchad
d'avoir pris votre temps et de venir interviewer, comme vous dites, la
personne, ou je ne sais pas si seulement ce dossier, mais apparemment dès que
l'on parle des Comores, on aime toujours piquer sur moi etc. etc. ... donc
j'aurais aimé que vous me posiez plutôt la question d'une autre façon, me disant
quand est-ce qu'avez-vous rencontré Maître Baco ? Et je vous répondrais :
Jamais. Donc je ne sais pas.
Moi : donc vous ne l'avez jamais
rencontré ?
M. Boléro : Non, je ne l'ai jamais rencontré,
en tout cas dans ce cadre-là. Donc je ne sais pas d'où il prend ça. C'est très
simple, il dit que, enfin on m'a expliqué, ce n'est pas pour fuir la question,
on m'a expliqué ce qu'il a dit à Paris etc. a ces amis-là qui m'ont raconté,
j'ai dit bon en tout cas je ne l'ai jamais rencontré dans ce cadre-là puisqu'il
me cite, il dit que j'aurais dû dire ... il fallait qu'il m'ait entendu
... bah il m'a entendu où ?
Moi : Selon lui vous auriez orienté
l'enquête, c'est-à-dire la longévité de la procédure..
M. Boléro : oui c'est pourquoi je dis. Mais
quand on est journaliste c'est facile. Mais comment peut-on imaginer que selon
lui, j'aurais influencé ? Pourquoi selon lui ? Lui il est quoi dans ces
affaires là pour qu'il dise quelque chose et que ça vous permette de vous poser
des questions ? Bah imaginons que Said vient dire c'est Irchad qui a influé sur
l'enquête ? C'est fini ? On va venir vous poser des questions ?
Moi : c'est important c'est l'avocat de
la Défense quand même!
M. Boléro : Mais je m'en fous. C'est son rôle.
C'est l'avocat de la défense. C'est son rôle. En tout cas il ne me défend pas.
Il défend les autres. Vous voyez ce que je veux dire ? Je suis en train de vous
dire tout simplement que je ne vais pas répondre parce que tout simplement on
me pose une question ? C'est très facile. Quelqu'un qui est quelque part
et il parle du directeur de cabinet, du chargé de la défense, du président de
la république, et donc on va aller lui poser des questions. Alors là je
ne dormirai pas. Suffit-il que vous me posiez des questions ... oui à ce
qu'il parait le budget n'a pas été voté. Je ne suis pas le ministre
des finances. Je dois collecter des informations. Peut-être que je ne les ai
pas. Encore ce n'est pas le rôle du directeur de cabinet. Vous avez dit, vous
avez parlé par exemple qu'il aurait dû dire que je ne sais pas
commissaire du gouvernement ... mais je ne suis pas commissaire du
gouvernement. Par exemple, y a encore un autre mot « chargé de la sécurité
nationale » je ne suis pas chargé de la sécurité nationale. Je suis directeur
de cabinet du président chargé de la défense. Et d'ailleurs dans la
Constitution de 2001 ça s'appelle « défense extérieure ». Nous avons un
ministère de l'intérieur comme dans tout pays. C'est le ministère de l'intérieur
qui est en charge de la sécurité intérieure c'est comme ça que ça se passe,
intérieur du pays. Moi j'ai la défense extérieure du pays, les relations
beaucoup plus ... la coopération militaire avec les accords avec les autres
états etc. etc. donc je ne sais pas. J'aimerais bien répondre mais je me dis
Irchad, je ne vais pas me hasarder à répondre à toute question parce que tout
simplement quelqu'un m'aurait cité. Qu'est-ce que je fais ?
Moi (2nde question): Vous défendez une
position que vous qualifiez vous même de réaliste, qui se construit selon vous
dans le temps pour rapprocher progressivement les mahorais des autres
comoriens, or, le Comité Maoré semble vous reprocher par rapport à ça puisqu'il
traduit chacune de vos actions allant dans ce sens comme un ralliement à la
politique française à Mayotte. Que pensez-vous de vos détracteurs au sein
de ce comité?
M. Boléro : D'abord je prends les membres
de ce comité comme des gens sincères. Donc je ne les appellepas des
détracteurs, ni même des adversaires. Je les considère plutôt comme des
comoriens qui ont des positions différentes de la mienne. Ensuite, je veux
qu'on arrête de dire comité maoré lorsqu'on parle de celui-ci car on finirait
par croire que c'est un comité de Mayotte alors qu'il n'y a pas d'élections
pour le mettre en place et désigner ses membres pour aller discuter d'un sujet
aussi crucial qu'est celui de notre différend territorial avec la France.
Ses membres ont une position très respectable sauf qu'ils estiment toujours
avoir raison jusqu'à toujours critiquer les positions des autres.
Ma position
est très simple. Nous les Comores, nous la France, nous l'union africaine, nous
la communauté internationale, nous, le monde entier, avons déjà décidé et
tranché sur le sujet ! Mayotte est comorienne. Il y'a une résolution des
Nations Unis, donc, cette question est réglée. Il n'y a plus de problème de
Droit. Il n'y aura jamais une résolution qui dira, on s'est trompé. C'est réglé
parce l'ONU a dit bien avant en expliquant qu'à chaque fois qu'un pays
devient indépendant, il hérite des frontières issues de la colonisation. Donc
l'archipel des Comores est composé de Mayotte, Anjouan, Mohéli et la
Grande-Comore. Ce qui signifie que le nouvel Etat indépendant est composé de 4
iles.
Moi : Permettez-moi M. le Ministre !
Comment expliquez-vous le mutisme de toutes les autorités comoriennes suite aux
déclarations de Fabius puis des passes d'armes qui s'en sont suivies avec les
autres déclarations de Serguei Lavrov, chef de la diplomatie russe faisant le parallèle
entre Mayotte et la Crimée ?
M. Boléro : M. Irchad, vous semblez oublier ce
qu'on appelle la diplomatie. Votre question est la même que celle que se sont
posés les maorais suite au discours du président Ikililou Dhoinine à la tribune
de l'ONU. Les maorais se sont demandés pourquoi François Hollande n'a pas
réagi. C'est la même chose et c'est aussi ça la diplomatie.
Pourquoi sommes-nous obligés de gérer la question de Mayotte avec passion ?
Sachez que la politique menée par le président Ikililou est très claire mais
elle suit une méthode. Ce n'est pas parce qu'aujourd'hui Lavrov a des problèmes
en Crimée et qu'il parle des Comores que nous devons sauter sur l'occasion ! Le
monde ne fonctionne pas ainsi. D'ailleurs je ne suis pas sûr que le chef de la
diplomatie russe soit avec nous au sujet de Mayotte. Posez-lui la question !
Nous, ce n'est pas une passion. C'est du sérieux ! C'est notre territoire, nous
le réclamons. Nous ne sommes pas la Crimée, ça n'a rien à voir. La Crimée n'a
pas été colonisée puis décolonisée et amputée d'une partie de son territoire.
Donc non, ce n'est pas la même chose. Nous gérons un pays, et non un comité,
une association ou une ONG. Donc cette question est abordée avec sérénité et
sérieux. Nous n'improvisons pas. Nous suivons les règles et les codes
étatiques.
Moi : Comment interpréter le bon sens
d'entretenir ou d'avoir des accords de défense avec la France alors que depuis
30 ans, nous avons subi plusieurs coups d'Etats et tentatives de coups d'Etats
? Ensuite comment être bien défendu par celui qui nous ampute d'une partie de
notre territoire ?
M. Boléro: Tout d'abord, sachez que ces
accords ont été signés pendant le régime de Sambi. Mais puisque je suis un
démocrate et que je respecte la continuité de l'Etat, je vais les défendre et
surtout rectifier certaines choses. Nous n'avons plus d'accords de défense avec
la France mais plutôt des accords de partenariat. C'est important car les noms
ont un sens. Aujourd'hui, avoir des accords de défense avec des pays n'a aucun
sens pour la France. C'est fini la guerre froide. Tous ces accords avec les
anciennes colonies françaises sont caducs. Ensuite la France n'a plus les
moyens juridiques pour les appliquer. C'est du domaine de la communauté
internationale et du conseil de sécurité de l'ONU. La France, nous aide dans le
cadre de ce partenariat à nous former, nous appuyer, nous instruire dans les
nouvelles techniques de défense. Notre sécurité extérieure est notre domaine
réservé. Nous travaillons avec l'EASF anciennement EASBRIG. C'est vers ça que
nous tendons et la France n'a pas sa place au sein de cette force.
Moi (3ème question) : En octobre 2012
suite à votre nomination, vous avez tenu ce que je qualifierais de discours de
politique générale et vous aviez même annoncé que vous alliez siffler la fin de
la récréation. Aujourd'hui je souhaiterais vous poser une question simple.
Parce que l'environnement politique comorien est dans le flou total. On ne sait
plus qui est quoi, qui fait quoi qui est où ? Etes-vous dans la majorité
présidentielle ou dans l'opposition ?
M. Boléro: Monsieur Irchad je vois bien que
vous allez commencer à bien me connaitre. Je n'aime pas l'hypocrisie. J'aurais
bien aimé répondre à votre question. Je crois que je devrais être la dernière
personne à qui on la pose. C'est une question normale dans un pays
politiquement normal. Ce n'est pas le nôtre, ce n'est pas notre système ici.
Vous savez nous avons la chance depuis l'indépendance, tous ceux qui
gouvernent le pays sont les même. D'une façon ou d'une autre, on se remplace.
Donc, un moment me semble-t-il, là ce n'est plus le directeur de cabinet qui
parle, c'est l'homme politique qui se lance dans une certaine philosophie à la
comorienne. Peut-être qu'un moment, le moment est venu en tout cas, un moment,
un instant doit venir pendant lequel les comoriens devraient s'interroger,
devons-nous continuer ainsi à faire de la politique ? Pourquoi je pose la
question ? Ce jour-là, le jour de mon discours lorsque j'ai été nommé,
j'ai vu des gens qui s'étaient opposé, qui étaient au cabinet du Président de
la République, en disant, qu'est-ce qu'il vient faire, il n'est pas des nôtres.
En tête, c'est quelqu'un que j'avais nommé moi ministre dans mon gouvernement
d'Azali comme premier ministre. Je l'ai regardé j'ai dit mais je ne suis pas
des vôtres ça veut dire quoi ? Et toi tu es mieux ? Tu as été quand même mon
ministre. Voilà le pays. Il ose me dire moi je ne suis pas des leurs... je lui
ai dit mais peut être que tu as quitté en premier, tu es arrivé en premier,
moi je suis arrivée aujourd'hui. Peut-être c'est ça, mais il faut le dire. Je
te parle de ça sincèrement, je n'apprécie pas, mais je vous dis voilà la
situation telle qu'elle est aujourd'hui. Donc poser la question comme ça, même
d'ailleurs on a vu les grands pays des fois, ils se trompent. J'ai vu un
certain moment Sarkozy avec Kouchner donc ...
Moi : la politique de l'ouverture ?
M. Boléro : je ne sais pas en tout cas il y
avait ce truc là aussi, dans un pays on a l'habitude de prendre des exemples,
mais là c'était le mauvais de toute façon. Déjà ce n'est pas une spécialité
seulement comorienne. Apparemment même dans les grandes démocraties,
aujourd'hui nous avons le chef de département, le ministre de la défense américaine,
qui est républicain, depuis qu'Obama est au pouvoir. Apparemment ce n'est plus
un problème déjà. Mais chez nous quand vous posez la question c'est comme si
vous êtes à paris, vous dites à jean François Copé êtes-vous socialiste ou de
la droite ? Et donc la réponse est très simple : moi Copé de la droite. Ici ce
n'est pas le cas. Votre question est très bonne mais ce n'est pas
l'environnement. Il m'est très difficile de vous répondre. Là je vous parle
très sincèrement. Ce qui est sûr, là je ne veux pas me tromper, le président de
la république, l'actuel président Dr Ikililou Dhoinine, nous nous connaissons
depuis l'enfance. Nous nous connaissons même très très bien. Nous sommes des
amis. Rien ne pourra nous séparer en tant qu'amis. Nous sommes des vrais amis.
Un ami comme on dit un ami. Je sais que là où il sera il me défendra
toujours... dans la vie je ne parle pas de la politique, j'ai dit dans la vie
parce que je suis son ami et j'en ferai autant. Ça n'a rien à voir avec la
politique. Au moins il y a cela. Donc c'est humain cela. Alors
aujourd'hui si le président de la république, Dr Ikililou Dhoinine,
constitue une majorité présidentielle à la tête de laquelle il est lui, donc
j'en fais partie. Si c'est cela, j'en fais partie. Bien évidemment, je fais
partie de cette majorité présidentielle présidé par le président Ikililou. Je
ne sais même pas pourquoi on me pose la question ? C'est normal !
Moi (4ème question) : Savez-vous que
depuis ce matin une rumeur persistante annonce votre départ du cabinet ?
Certains disent que vous êtes en partance, que vous venez d'être limogé ..
Pouvez-vous le confirmer ou l'infirmer ?
M. Boléro : Vous savez j'en apprends tous les
jours, chaque seconde même. Du moins je vous dis la vérité, ce qui se passe,
mais là aussi encore une fois c'est mon tempérament. C'est le Président de la
République qui vient d'informer les membres du cabinet qu'il veut changer son
cabinet ! Voilà ! L'information a été sue ! Je préfère le dire
puisqu'apparemment ça a été su. Et bien c'est tout. Alors là je parle encore
une fois, quand vous parlez de quelque chose aux Comores il faut différencier :
les honnêtes et les malhonnêtes. Je prends celui qui le dit honnêtement. Celui
qui le dit honnêtement il se dit puisque le président a dit au cabinet qu'il va
changer son cabinet et donc le premier de ce cabinet étant son directeur de
cabinet, là il est partant donc j'attends le nouveau ou la
Reconfirmation. Pour quelqu'un qui est honnête c'est tout à fait normal,
il n'y a pas de problèmes là-dessus, je vous le dis moi-même. Le président a
affirmé que le cabinet va changer. C'est tout à fait normal XXXX d'abord je ne
m'accroche pas, certainement, vous savez, ce n'est pas, encore une fois moi je
suis un républicain. Je dis toujours, la question ne se pose même pas puisque
nous avons voté une Constitution qui a donné le pouvoir au président de la
république, de nommer et de révoquer un gouvernement. Alors pourquoi on se pose
toujours la question ? Parait-il que le gouvernement a été limogé ? Nous avons
voté une constitution, on a donné ce droit là au président. Il n'a pas
l'obligation de nous informer, c'est nous qui l'avons écrite, on ne l'a pas
dit. On a juste dit qu'il peut dissoudre l'assemblée et quand il dissout
l'assemblée, il doit en informer le président de l'assemblée, le président de
la cour. Ça on a dit. Le gouvernement, on a dit il nomme le gouvernement et il
révoque. Et voilà y a quelqu'un qui viendra demain poser une question. A
ce qu'il parait le président limoge ... mais ce n'est pas une question ça !
C'est comme ça si s'il le fait c'est quelque chose ou pas...
Moi : mais vous savez que si aujourd'hui
une rumeur disait qu'un ministre allait être changé, bon ça ne ferait pas
... mais quand c'est Hamada Madi Boléro ... admettez que ça suscite un
peu les passions.
M. Boléro : Moi je crois qu'il y'a des gens
qui exagèrent quand même. Je suis juste Ahmada Mmadi Boléro directeur de
cabinet chargé de la défense une fois avec le président Azali. J'ai été
ministre d'état, ministre de la défense intérieure pendant Azali, je reviens au
Cabinet sur Iki donc je suis quand même un habitué des lieux. Ce poste a été
occupé à la fois par Mohamed Elarifou Oukacha, il a été occupé par Sagaf
Mohamed, il a été occupé par Docteur Mhoutare, occupé par ... je ne vais vous
citer tout le monde donc je ne sais pas ... je crois que les gens exagèrent
quand même. Qu'il y a des gens ... je ne sais pas ... moi-même je ne sais pas.
Irchad, je vous jure, je ne le demande pas. Parce que ce qui me gêne dans cette
affaire c'est que parfois je me dis... j'ai des amis parfois qui me posent des
questions. Mais tu le fais exprès ou quoi ? Je ne sais pas quoi répondre. Je ne
le demande pas. Voyez-vous là aujourd'hui par exemple là nous faisons une
interview, il faut le dire que vous l'avez demandé. Mon problème c'est que moi
je préfère me mettre devant et dire ce que je pense au lieu de laisser les gens
dire ce que je pense alors qu'ils ne savent pas ce que moi je pense. Peut-être
c'est ça le défaut. Parce que j'aurais dû peut être vous refuser cette
interview !? Et comme ça on ne parle pas de moi. Là c'est sûr j'aurai des
critiques. Non.
Moi: Je vous remercie M. le Ministre
pour votre disponibilité.
M. Boléro: Merci à vous Irchad.
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