lundi 16 juin 2014

Comores : La loi des finances rectificative 2014, renvoyée pour la énième fois



Le projet de loi des finances rectificative 2014 a encore une fois été renvoyé aux calendes grecques. Les députés ont refusé de siéger en plénière pour le vote de ce texte. La licence d'importation et de commercialisation des boissons alcoolisées constitue la principale pomme de discorde.

Le bras de fer se poursuit entre la Vice-présidence en charge des Finances et les parlementaires sur les travaux en plénière relatifs à l'adoption de la loi des finances rectificative. Les députés ont décidé de faire front pour boycotter le vote, après plusieurs reports.
Si l'on se fie à la déclaration du député Hassan II, Président de la commission des Finances, accordée aux journalistes quelques minutes après le report de la séance, la fameuse licence d'importation et de commercialisation des boissons alcoolisées constituerait la principale pomme de discorde. « A vrai dire, nous ne sommes pas en conflit ouvert avec le gouvernement. Ça ne pouvait pas être le cas, surtout à la fin de nos mandats. Nous avons seulement des divergences avec la Vice-présidence en charge des Finances », reconnait cet élu de la région d'Itsandra Hamanvou.
Les divergences évoquées par ce parlementaire reposent selon lui, sur la licence d'importation et de commercialisation des boissons alcoolisées, accordée à la société AGK « en dehors de la période requise par la loi sur la concurrence ». Pire encore, sans que la « Vice-présidence en charge des Finances soumette la question à l'avis conforme des parlementaires, comme l'exige la loi », a-t-il poursuivi. On se rappelle que la question de cette deuxième licence accordée à cette société avait soulevé une vague de protestations, de même que la taxe de 5%, imposée sur la consommation de crédit du téléphone mobile. Les parlementaires sont allés jusqu'à obtenir le retrait de cette dernière.
Plutôt que de suivre sa collègue, chargée des Télécommunications qui avait immédiatement retiré la taxe tant contestée, le Vice-président Mohamed Ali Soilih semble camper sur sa position. « Il a retiré la licence d'importation à la fois à AGK et à NICOM, qui n'avait jusque là, aucun problème », a protesté le Président de la commission des Finances. Catégorique, ce dernier exige des mesures concrètes : « soit le gouvernement annule cette licence à AGK et rétablit celle qui a été conforme, soit on nous renvoie la loi de finance pour qu'on enlève le chapitre de la taxe sur l'alcool dans le budget », a-t-il expliqué. Et lui de poursuivre, énervé, « pourquoi devrais-je voter une loi alors que les précédentes sont ignorées» ?
Cet ancien douanier dit avoir été étonné lorsqu'il s'est aperçu que c'était une note d'un directeur qui avait suspendu la première licence. « Comment une note peut-elle suspendre un arrêté ? Somme-nous dans une république bananière ? », s'est-il interrogé.
Nos multiples tentatives de rentrer en contact avec la Vice-présidence en charge des Finances pour vérifier ces informations sont restées vaines, tellement les portes de cette institution nous sont hermétiquement fermées. A noter que les enjeux autour de cette question de licence d'importation et de commercialisation sont impénétrables. La taxe très lucrative imposée à ce produit rapporte plusieurs centaines de millions dans les caisses de l'Etat. La Gazette/Hzk-presse tentera d'apporter quelques éléments de réponse sur cette controverse dans ses prochaines éditions.

Maoulida Mbaé

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