Du gaz dans l'eau entre la France et les Comores. Moroni qui entend bien
profiter de la ruée vers le gaz suscitée par la découverte de gisements au
Mozambique, et dans le canal éponyme, commercialise depuis janvier 2014 des
permis d'exploration pétrolière portant sur 34 périmètres qui quadrillent sa
ZEE. Quatre de ces blocs numérotés 21, 22, 27 et 29, empiètent sur Mayotte (le
bloc 22) et la zone économique exclusive qui lui est rattachée. Ils
correspondent chacun à une surface de 5983 km2. De quoi métamorphoser le
contentieux territorial sur Mayotte en quelque chose d'infiniment plus
complexe...
François
Hollande qui est attendu à La Réunion du 23 au 25 juillet, doit, on le sait,
poursuivre son voyage vers l'archipel des Comores où il fera deux escales,
l'une à Mayotte, 101e département français, devenu au 1er janvier dernier une
région ultra périphérique de l'Union européenne, l'autre en Grande Comore, où
il participera au 4e sommet des chefs d'Etat et de gouvernement de la
Commission de l'océan Indien (COI).
Selon la
Lettre de l'Océan Indien n°1381 du 11 juin 2014, le voyage présidentiel devrait
être précédé d'une ambassade régionale, du 14 au 18 juin, conduite par Annick
Girardin, secrétaire d'Etat au développement et à la francophonie. Trois étapes
sont prévues par l'agenda de la ministre, à Antananarivo, Moroni et Port-Louis.
La finalité de cette avant-garde réside selon la LOI dans la nécessité de
déminer les débats et échanges entre chefs d'Etat qui viendront sur la table du
sommet de Moroni.
Quelques
dossiers épineux pourraient épicer le ton généralement consensuel des grands
rendez-vous de la COI, dont le sempiternel contentieux mou franco-comorien sur
le statut de Mayotte, et le nœud gordien qui en découle en matière
d'immigration clandestine, "visa Balladur", mineurs étrangers isolés,
tragédie à répétition des naufrages de kwassa-kwassa... Un climat sur lequel
les successifs exécutifs comoriens jouent des partitions variées, soufflant le
chaud et le froid sur fond de concessions réciproques. Un contentieux qui ne
pourra sans doute pas être résolu par la voie juridictionnelle... La France
serait donc condamnée à "aider" durablement les Comores à se
réformer, se stabiliser, constituer un Etat crédible, à même de soutenir le
beau rêve d'un développement conjoint de Mayotte et des Comores.
La crédibilité de l'État français
Mais la découverte d'importants gisements d'hydrocarbures, qualifiés d'eldorados gaziers au Mozambique et potentiellement dans le canal du même nom, risque fort d'agiter le marigot franco-comorien et les chikayas sur Mayotte, sans oublier les prétentions malgaches sur les Iles Eparses, et les mauriciennes sur Tromelin.
La crédibilité de l'État français
Mais la découverte d'importants gisements d'hydrocarbures, qualifiés d'eldorados gaziers au Mozambique et potentiellement dans le canal du même nom, risque fort d'agiter le marigot franco-comorien et les chikayas sur Mayotte, sans oublier les prétentions malgaches sur les Iles Eparses, et les mauriciennes sur Tromelin.
Or si la
France revendique avec les Iles Éparses, Tromelin et Mayotte plus de 600 000
km2 de zone exclusive, ces zonages, pour être officialisés et opposables à des
pays tiers doivent avoir fait l'objet d'accords de délimitation, notamment avec
les Etats voisins... Et dans le canal de Mozambique ce n'est pas franchement le
cas. On peut donc penser qu'en cas de litige sur les zones en question, sur
fond de prospection et d'exploitation de ressources en hydrocarbures, c'est le
rapport de force, notamment diplomatique qui primera.
En la matière les Comores ont une longueur d'avance dans la revendication active des zones de prospection, l'Assemblée de l'Union des Comores a ouvert les hostilités en janvier dernier, en instituant par un décret signé de la main du président Ikililou Dhoinine, le quadrillage de la ZEE comorienne, ou revendiquée comme telle, en 34 blocs, dont six ont vu autant de permis d'exploration être attribués, en mars dernier, aux opérateurs Bahari Resources/Discover Exploration et Safari Petroleum/Western Energy Production.
En la matière les Comores ont une longueur d'avance dans la revendication active des zones de prospection, l'Assemblée de l'Union des Comores a ouvert les hostilités en janvier dernier, en instituant par un décret signé de la main du président Ikililou Dhoinine, le quadrillage de la ZEE comorienne, ou revendiquée comme telle, en 34 blocs, dont six ont vu autant de permis d'exploration être attribués, en mars dernier, aux opérateurs Bahari Resources/Discover Exploration et Safari Petroleum/Western Energy Production.
Ikililou
Dhoinine, premier président originaire de Mohéli, issu de la mouvance du
président Ahmed Abdallah Sambi, auquel il a succédé à Beit-Salam, agit en ce
sens dans la droite ligne de la revendication continue des Comores sur Mayotte
à l'ONU. Et s'il est peu probable que l'Etat comorien impose par la force sa
souveraineté sur le secteur en question, quand bien même les forces françaises
sur zone sont de plus en plus étiques - le remplacement du patrouilleur austral
Albatros n'est même pas prévu - la crédibilité de l'État français dans sa
capacité à exercer ses compétences et responsabilités, ne serait-ce qu'en
matière de protection des ressources, en sera fatalement affectée.
Les sommets à palabres
Face à la demande des opérateurs et des investisseurs pétroliers, la France semble peu réactive dans l'océan Indien, contrairement à ce qui se passe en Guyane. Les prétendants à la prospection paraissent plus enclins à jouer la carte des pays émergents, qui revendiquent eux aussi des pans importants de la ZEE théoriquement française.
Les sommets à palabres
Face à la demande des opérateurs et des investisseurs pétroliers, la France semble peu réactive dans l'océan Indien, contrairement à ce qui se passe en Guyane. Les prétendants à la prospection paraissent plus enclins à jouer la carte des pays émergents, qui revendiquent eux aussi des pans importants de la ZEE théoriquement française.
Ainsi, la
Lettre de l'océan Indien n°722 du 13 mai 2014 faisait état de la délivrance par
la France - le 30 décembre 2008 - de deux permis d'exploration au
large de Juan de Nova, au profit des sociétés Sapetro et Marex, quand par
ailleurs les Chinois de Geotech chercheraient à s'implanter sur Europa, toute
proche de Madagascar. Maigre bilan au regard de la ruée vers le gaz qui a lieu
au Mozambique et en Tanzanie, où s'affrontent les Russes de Gazprom
International, les Algériens de Sonatrach, Statoil/Exxon, les Italiens d'ENI,
Oil India, Mitsui (Japon), Korea Gas, le géant américain Anadarco...
Or donc,
derrière la question mahoraise, risque de se poser de façon aigüe le problème
de la protection des intérêts français dans le canal de Mozambique. En matière
d'hydrocarbures, la "coopération" passe par d'autres canaux que les
sommets à palabres. Face à de tels enjeux, Annick Girardin, secrétaire d'Etat
au développement et à la francophonie, paraît bien démunie.
Philippe Le Claire pour Imaz Press Réunion
Philippe Le Claire pour Imaz Press Réunion
Source blog wongo
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire