mercredi 6 août 2014

Communautarisme villageois, érigé en critère de recrutement




« Yinu Yatru », disent nos amis de l’île de Mohéli quand on remet en cause les actions de certains hauts fonctionnaires et les nominations tout azimut. Mais le phénomène s’est répandu avec le gouverneur Mouigni Baraka et le communautarisme Ntsoudjinien.

Ce lundi, la presse a été conviée à la prestation de serment des membres de la CENI. Celui désigné par le gouverneur Mouigni Baraka est natif de Ntsoudjini, tout comme le chef de l’exécutif de Ngazidja. Il a fallu enquêter un peu plus en profondeur pour s’apercevoir que depuis son élection à la tête de l’île, le gouverneur a procédé à des nominations tout azimut de plusieurs de ses proches et des cadres de sa ville natale à des postes de responsabilité dans l’administration et dans plusieurs services de l’île.
 


Il ne s’est pas en effet contenté du grand mariage pour avoir la bénédiction de son fief. Comme avec la CENI, le « monarque » désigne souvent un natif de Ntsoudjini, et ce fût le cas pour le conseil national de la presse et de l’audiovisuel avec la désignation de Hachim Saandi.

A Mdrodjou, le personnel qui entoure le gouverneur est en grande majorité composé de Ntsoudjiniens. L’accident mortel survenu il y a quelque mois à sa résidence a impliqué deux agents, un chauffeur et un garde du corps, tous deux natifs de Ntsoudjini. A peine investi, Ali Mohamed, un de ses cousins, a été nommé à la tête de l’office de la radio et de la télé de Ngazidja. Il fallait bien veiller à ce que les louanges quotidiens de l’exécutif soient diffusées sur les ondes de l’île.

Le directrice régionale de la Santé et celle qui occupe le poste de directrice promotion du Genre sont aussi deux proches de Mouigni Baraka. Le gouverneur a discrètement placé un natif de sa ville à la direction régionale des Routes. Plusieurs directions administratives et financières sont détenues par des Ntsoudjiniens, notamment au Gouvernorat et au commissariat de la Santé. Son conseiller juridique est lui aussi de la même ville.

« Il suffit de faire un tour dans les administrations de l’île pour se rendre compte que les portefeuilles des institutions et plusieurs postes de chef de service sont occupés par des personnes de la même ville, nommés par le gouverneur ou sur sa recommandation. On se croirait dans une monarchie », a regretté un fonctionnaire de l’île, sous le sceau de l’anonymat. « Plusieurs projets financés par les partenaires internationaux comme ceux de la route et de la santé sont gérés par des proches ou des natifs du village du gouverneur », a-t-il dénoncé.

Le favoritisme et le communautarisme des dirigeants ont toujours été un frein au bon fonctionnement de l’administration comorienne. Les recrutements abusifs et incontrôlés aussi. L’abandon des concours de recrutement de la fonction publique est en grande partie cautionné par nos autorités qui veulent imposer leurs fidèles et leurs proches. « Yinu Yatru », aiment à dire les mohéliens qui ne font pas dans la dentelle pour ce qui est des recrutements tout azimut depuis le début du mandat d’Ikililou, le premier président issu de l’île de Djumbe Fatima.

La société Comores Telecom regorge de jeunes mohéliens non qualifiés et les couloirs des départements ministériels en sont inondés. Il faut malheureusement s’attendre à l’intensification de ce phénomène à l’approche des élections. Que Dieu bénisse les Comores.

Al-hamdi Abdillah Hamdi

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire