lundi 4 août 2014
Comores ; Le gouverneur d'Anjouan qualifie la France de "génocidaire"
Connu pour ses déclarations à caractère inattendu, le gouverneur de l'île de Ndzuani, Anissi Chamsidine, a une nouvelle fois pris de court son auditoire le jour de l'Aid-el-fitr à Dar-nadjah. Il a dit encourager les départs de kwasa vers Mayotte, sous certaines conditions. «On ne peut pas arrêter les kwasa. Si le nombre de passagers se limite à cinq dans une barque et que ces derniers sont munis de leurs gilets de sauvetage, je ne les empêcherai pas de prendre la mer pour Mayotte, et j'enjoins les gendarmes d'en faire autant», a-t-il dit. La déclaration a apparemment plu, puisque des applaudissements nourris s'en sont suivis.
Mais le gouverneur n'a pas seulement donné sa bénédiction aux candidats aux voyages vers Mayotte : il a aussi proposé ce qui lui semble être une réponse «intelligente» contre le maintien du visa Balladur. Il a tout simplement proposé que les Comoriens organisent une descente en masse programmée par kwasa dans l'île hippocampe, restée sous domination coloniale. «A la compassion doit succéder non la politique politicienne et la haute diplomatie, mais la conscience humaine pour mettre fin intelligemment à ce génocide qui ne dit pas son nom. Je propose surtout qu'à l'occasion d'une commémoration de ces drames, nous Comoriens, prenions tous les kwasa qui existent dans le pays et qu'on y embarque par cinq en direction de Mayotte pour voir quelle sera la réaction du gouvernement français», a déclaré Anissi Chamsidine.
Avant d'en arriver là, le chef de l'exécutif de l'île de Ndzuani est parti du drame aérien survenu il y a quelques jours au Mali et qui a fait plus de cent morts, dont une demi-centaine de français, pour parler «librement» de la question des pertes en mer des Comoriens qui souhaitent se rendre à Mayotte.
Après donc ses «condoléances aux familles des autorités françaises et celles des autres pays éprouvées par le crash d'Air Algérie au Mali», Anissi Chamsidine a rappelé que «les Comoriens, qui ont vécu il y a quelques années le drame du Yemenia, ne peuvent qu'être très sensibles aux conséquences de cet accident», mais que «cette tragédie doit interpeler la conscience humaine, les autorités françaises en particulier, sur le drame qui se déroule sous nos yeux impuissants, pratiquement chaque semaine, chaque mois, et durant toute l'année entre Ndzuani et Maore et dans un silence assourdissant».
Le chef de l'exécutif anjouanais a fait ces déclarations dans le cadre de son discours de l'Aid-el-fitr, dans lequel il a évoqué d'autres sujets, parmi lesquels les prochaines élections communales et législatives et l'inquiétant problème relatif à l'insécurité alimentaire dans l'île de Ndzuani. Au sujet des élections, il a souhaité que le gouvernement, qui «dispose de tous les moyens», ne les emploie pas en sa faveur mais favorise plutôt la tenue d'élections «libres et transparentes». Et à propos de la raréfaction de la nourriture, constatée pendant le mois de ramadhwani à Ndzuani, le gouverneur propose la tenue d'assises insulaires qui seront consacrées à ce sujet.
Rappelons tout juste que les liaisons inter-îles par kwasa avec passagers à bord sont interdites, et que, pas plus loin qu'au mois de juin dernier, une quinzaine de ces embarcations légères, attrapées sur le point de départ vers Mayotte, ont été détruites à la gendarmerie de Mutsamudu sur ordre de la justice. A la question de savoir «pourquoi sont-ce seulement ceux qui assurent la liaison entre Ndzuani et Maore qui sont pourchassés par la justice alors que celles qui transportent des passagers à destination de Mwali et de Ngazidja mettent également des vies en danger», Abdallah Riziki, le procureur de la République de Mutsamudu, avait expliqué que «l'on s'occupe tout particulièrement des kwasa qui font la traversée vers Mayotte car le gouvernement, et le chef de l'Etat en particulier, veut en finir avec les pertes humaines qui se produisent en mer entre Ndzuani et Maore».
Sardou Moussa
source ; alwatwan
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire