vendredi 8 août 2014

Faudra-t-il changer des hommes ou des mentalités ?


Beaucoup l'avaient annoncé. Ils ne se sont pas passés à côté. Il ne suffit pas de changer d'homme, mais il faut changer d'abord les comportements. A l'espace de trois ans, le chef de l'Etat vient de confier les clefs des sociétés d'Etat à de nouvelles personnalités qui n'arrivent toujours pas à trouver les solutions adéquates pour ces sociétés. Avec ces nominations, la quasi-totalité des sociétés d'Etat sont déjà passées sous revue deux ou trois fois par le président de la République. A voir de près, aucun changement n'ai été opéré dans le vent des réformes annoncées. Depuis qu'il a prêté serment pour son mandat de cinq ans sous le signe du relais qui rassure, le chef de l'Etat ne quitte presque plus son stylo pour changer les patrons des sociétés d'Etat mais pour quelle raison ? Où sont les retombés ? Faudra-t-il changer des hommes ou des mentalités ?

Après les changements à la tête de la société comorienne de l'eau et de l'électricité Ma-Mwé, de la direction du quotidien national Al-Watwan, de la direction général des hydrocarbures, de la direction des Comores télécom, pour ne citer que cela, il vient de signer une nouvelle nomination à la tête de l'Office de la Radio et télévision des Comores (ORTC). Ainsi, l'Ortc, n'est plus aux mains de Soilihi Mohamed Soilihi, promu ambassadeur au pays de l'oncle Sam. Son départ profite à Abdullah Saandi. Inconnu du grand public, le nouveau patron est très attendu sur plusieurs dossiers brulants hérités de son prédécesseur. Il devra répondre aux cris de colère des abonnés de la station nationale surtout de la diaspora. Ce que craignent en tout cas les téléspectateurs de l'Ortc, c'est la progression du nombreux chantier de construction qui risque de précipiter le départ de ce nouveau patron.

Ainsi, véritable vache à lait de tout régime, la société comorienne de l'eau et d'électricité n'est pas épargnée. A l'espace de trois ans du régime IKI, trois passations ont déjà eu lieu dans la société. Mais avec le changement du directeur, le rythme de la fourniture d'électricité a connu un ralentissement. Seulement que cela n'a pas suffi pour apaiser les accusateurs d'Omar Mgomri. Son départ à la tête de la société était le souhait le plus ardent des usagers. Aujourd'hui tout porte à croire que le chef de l'Etat a entendu toutes ces sirènes puisqu'il a retiré de ses mains les clés de la société pour donner à un homme moins ambitieux que lui. La question qu'on se pose, c'est de savoir si l'arrivée d'Ibrahima Mzé a enterré le vieux dossier pour le moins embarrassant qui a provoqué les mouvements de colère contre son prédécesseur. En tout cas, s'il a décidé d'attaquer ces chantiers, il aurait choisi de s'attirer les ennuis et d'être décrié. De toute façon, jusqu'à présent sa nomination n'est plus fructueuse que celles de ses prédécesseurs.

Dans un autre registre, le contexte dans lequel s'installe le nouveau patron du quotidien national est particulier. Car, en plus des dossiers qu'il a hérités de son prédécesseur avec son chantier en cours et au sujet desquels le chef de l'Etat souhaite changer de fusil d'épaule pour le remplacer. Le nouveau patron d'Al-watawan doit mettre son savoir-faire au service des réformes, dont l'impact n'est pas encore ressenti ces dernier temps. Ancien directeur de cette société, le retour d'Abdou Soimadou à Al-Watwan n'est pas accueilli comme bon signe du renouveau en tout cas pour les agents de la maison. Lié à la politique des réformes du gouvernement, le changement intervenu à la tête des Comores Telecom au début du mandat d'Ikililou en est la meilleure illustration. La nomination d'Abiamri Mahmoud comme directeur général, est l'expression de la détermination du président de la République d'étendre les réformes à Comores Telecom qui fait partie des sociétés d'Etat pourvoyeuses de ressources pour l'économie nationale.

Au regard de l'importance de cette société, l'arrivée du nouveau patron avait de quoi servir les ambitions du président de la République. Par ailleurs, beaucoup d'observateurs ont accueilli cette nomination avec intérêt, puisqu'ils s'attendent à ce qu'il mette fin à une ambiance malsaine entretenue par les responsables pour raison de leadeurship. Mais jusqu'aujourd'hui aucun changement important n'en trompe l'œil. La prestation des services de la société reste toujours contestable. La société comorienne des hydrocarbures, touché également par une crise interne n'a pas été épargné par le vent de changement qui a soufflé à la tête des sociétés. Avec une pénurie permanente de carburant, le chef de l'Etat ne s'arrêtera pas certainement à cette longue liste. Le changement opéré dans cette société n'a rien répondu au crie de la population sur l'augmentation injustifié du prix du carburant.

Face à cette situation le président de la République a déjà affiché sa volonté de maitriser les sociétés d'Etat. Ce qui n'a pas suffit d'apporter pas un changement notable dans sa gestion. Ce qui prouve bel et bien qu'il ne faut pas changer d'homme pour un soutien financier mais plutôt d'homme pour une bonne maitrise de la gestion de ces sociétés. Par contre, on peut se rendre compte que les nominations au niveau des sociétés d'Etat n'emportent rien à l'inflation galopante qui affecte durement les ménages. Au moment où les sociétés d'Etat ont besoin d'une thérapie de choc, le président de la république insiste sur l'urgence de trouver de nouvelles personnalités qui font défaut au fonctionnement de ces sociétés. En clair, la quasi-totalité des sociétés d'Etat ont changé de patron parce que le président de la République a en tête un autre plan de fonctionnement basé sur le changer pour changer. En tout cas, tout a été fait dans ce sens et ce sont les résultats qui permettront de juger s'il a été fait le bon choix.

Nakidine Hassane

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