mardi 19 août 2014

RETOUR DE L’ALGERIE DANS LA DIPLOMATIE COMORIENNE.

Abdoulaziz Boutefika, Président de l'Algérie

Difficile de comprendre les nouveaux enjeux qui poussent l’Algérie de Bouteflika à renouer avec les Comores après l’embrouille de 1978. Ce pays contrairement à d’autres pays arabes comme la Libye, le Koweït ou l’Arabie Saoudite, n’a jamais considéré les Comores dans sa stratégie de politique extérieur. Probablement, en raison du rôle des militaires comoriens lors de sa guerre de libération qu’elle considère comme une double trahison.
La première relève de 1944, après l’appel de Brazzaville par le Général DEGAULLE, les officiers des pays colonisés ont négocié leur engagement à la guerre contre les indépendances à la fin de celle-ci. Chose plus ou moins appliquée pour l’Afrique noire et refusée à l’Indochine et à l’Algérie en raison du statut qui leur prévalait à l’époque. La deuxième, venait du fait que ces militaires étaient musulmans et étaient les seuls de l’Afrique francophone musulmane, les autres pays ayant acquis leur indépendance entre temps.
Et pourtant, sous le régime de Boumediene, l’Algérie a été le bailleur de tous les mouvements de Libération, du Frolima au Mozambique, du MPLA en Angola, de l’ANC en Afrique du Sud, du PEGC en Guinée Bissau et Cap Vert et du Molinaco aux Comores. Après les Indépendances, tous ces mouvements ont tourné le dos à l’Algérie, mais cela n’a jamais affecté leur détermination pour le développement du continent.
Les Comores faisaient exception à la règle, puisque le MOLINACO n’a jamais eu le pouvoir. Néanmoins, sans l’Algérie, au jour d’aujourd’hui, la configuration de l’état comorien que nous vivons ne serait pas le même.
Le coup d’état du 3 Août a crée au sein de l’ensemble d l’OUA, un malaise tellement profond qu’aucun pays ne voulait entendre parler du nouveau gouvernement. A Moroni, le gouvernement se contentait de stabiliser le régime, à Mayotte, toutes les conditions pour le détachement étaient réunies, personne ne songeait à la consolidation de l’indépendance.
C’est par une dépêche parvenue le 5 Août 1975 à l’ORTF, que l’annonce de la déclaration de départementalisation de Mayotte a été faite par Marcel Henry à l’AFP, alors qu’Ali Soilihi Mtsachiwa, Ali Toihir et Mohamed Hassanaly se trouvaient à Mayotte pour nég0cier la formation du gouvernement. Une fois Ali Soilihi, rentré bredouille, Salim Hadji Himidi a fait sa valise et a demandé à ne pas figurer dans le gouvernement.
Certes en politicien averti, il a compris avant l’heure, la situation qui prévalait. Lorsque je l’ai interrogé sur ce choix, il me disait réellement ce n’est pas le mien. Je marchais sur la route de Magoudjou pour me rendre à mon domicile, lorsque j’ai entendu la voix de ma mère m’interpellait : « Salim part, part au plus vite, le pays est en danger ». Sans réfléchir, il a continué sa route jusqu’à la banque de Madagascar et des Comores, a vidé son compte et a décidé de partir dès le lendemain.
Une fois en Tanzanie, personne ne voulait le recevoir étant membre du comité national de la Révolution, nommé au lendemain du coup d’état. Son frère et ami, Salim Ahmed Salim, est Ambassadeur à New York, il ne lui restait que le ministre des affaires étrangères, un autre camarade de promotion avec qui, ils ont passé le bac ensemble. Ce dernier a fini par le recevoir, sans que Salim Himidi, sache ce qu’il allait lui demander.
Au cours de leurs discussions, le Ministre suggère à Salim Himidi, de mener une démarche en vue de l’admission des Comores à l’ONU, pour barrer les velléités de départementalisation. Il suggère une rencontre entre Salim Himidi et Bouteflika, le leader et doyen des ministres africains des Affaires étrangères. Parallèlement, il s’est engagé à solliciter de la Russie, par le biais de son collègue de République démocratique Allemande, le parrainage de la candidature au sein du Conseil de sécurité.
La démarche a abouti. Bouteflika pris le dossier en mains. Il a sollicité la Chine, en raison de sa position de neutralité dans les affaires intérieures des pays, plutôt que la Russie. C’est lui qui a rédigé la lettre de candidature des Comores, c’est encore lui, qui a présenté Salim Himidi à Kult WALDEIM, à l’époque, secrétaire général des Nations Unies, et c’est lui qui a mobilisé l’ensemble des délégations africaines pour soutenir la candidature.
Tout cela se faisait sur le dos du gouvernement comorien. Ali Soilihi se contentait de quelques nouvelles, sans réellement croire à l’aboutissement du processus. La règle d’admission jusque là étant, que c’est le pays colonisateur qui dépose la candidature.
Une fois les Comores admises au Conseil de sécurité en Octobre, il a été décidé d’organiser la cérémonie d’admission le 12 novembre. Ce qui fut fait en présence, des autorités comoriennes et au grand dame de Paris. Si la France n’a pas opposé son droit de veto, c’est grâce à la souplesse et à la fermeté, de Bouteflika, de Salim Ahmed Salim et d’un autre inconnu l’Ambassadeur de Guinée Conakry. Il s’est d’ailleurs proposé d’abriter la délégation comorienne à ses bureaux.
En Février1976, alors que la France a opposé son droit de veto à la résolution qui le condamnait pour son premier referendum à Mayotte, l’Ambassadeur d’Algérie a pris le flambeau en septembre en rédigeant la fameuse résolution soumise à l’Assemblée générale, qui condamne, le premier référendum et toute autre consultation en dehors du giron de son ensemble naturel. Cette résolution reste dans les annales car près d’une centaine de pays sont intervenus et les débats ont duré 3 jours au lieu de 3h prévues au départ.
Pourtant, l’Algérie malgré tout ça n’a jamais sollicité l’installation d’une Ambassade comme la Libye à l’époque, mais a préféré gardé des relations simplifiées. Vers la fin du mandat d’Ali Soilihi, l’Algérie s’est proposé pour former une centaine de cadres comoriens allant du niveau CAP au BTS. Certains élèves ont même bénéficié d’une admission sur titre dans ses universités.
Après 1978, la donne a changé. Ahmed Abdallah Abdérémane, devenu président, a privilégiés ses relations personnelles avec la famille du roi du Maroc. Il a lâché la question du Sahara Occidentale, mais par précaution, il a demandé à nos ministres des Affaires étrangères de s’abstenir à chaque fois qu’il y avait vote sur la question.
C’est Said Hassane Said Hachim, devenu Ministre des affaires étrangères sous Djohar, qui va briser cette stratégie en liant définitivement la position comorienne à celle du Maroc au détriment de l’OUA et de l’Algérie en particulier. Depuis les relations sont en grande froid.
A suivre
source : Facebook

Mohamed Chanfiou Ben Charaf

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