Je
suis un Civil Candidable en 2016 !
Pourquoi candidable, un peu de néologisme
pourquoi pas présidentiable, ou candidat à la candidature
Le 30 juin 2014, pour ma rubrique des « 4 Questions à ... », j'ai pu
dégoter un rendez-vous des plus inédits. L'ex-général Salimou Amiri a accepté
de me recevoir dans sa résidence. Cette dernière a été la sienne quand il était
Chef d'Etat-Major de l'armée comorienne, puis, « sa prison » lorsqu'il était
sous contrôle judiciaire et, aujourd'hui, il y réside toujours en tant que ...
Une autre spécificité comorienne !
Rendez-vous pris pour 12h30 pétantes, je suis à l'heure, lui aussi, ponctualité militaire ? Une fois devant le grand portail vert, je remarque que le mirador qui a servi à le garder en tant que C.EM puis le surveiller en tant que suspect est vide... La pression baisse d'un cran. Je vais à la rencontre d'un civil.
Le voilà qui arrive pour m'accueillir après les deux « hodiii -hodiii » traditionnels.
-Moi : Bonjour mon général.
-L'ex-Général Salimou : Bonjour Irchad. Karibu, karibu..
Une fois installés, il prend le soin d'éteindre immédiatement la télévision et son téléphone, congédier le garçon à tout faire de la maison. Je réalise que l'ex-général est prêt pour l'interview.
1)-Moi : En mars dernier, notre pays a célébré le 6ème anniversaire du débarquement ayant permis de libérer l'île comorienne d'Anjouan aux mains des séparatistes depuis 1997. Vous en avez été le principal artificier, ce qui vous a valu d'être élevé au grade de général de division. Comment expliquez-vous votre absence lors des dernières cérémonies qui s'y sont déroulées ?
1)- l'Ex-Général Salimou :Tout d'abord je tiens à vous remercier de me compter parmi les personnes qui méritent de passer chez vous pour vos fameuses 4 questions. Ensuite, je vous rectifie tout de suite, je n'ai jamais été élevé au grade de Général de division mais plutôt au grade de Général de brigade, ce qui n'est quand même pas la même chose.
-Moi : Quelle est la différence ?
-L'Ex-Général Salimou : La différence est que Général de brigade est un galon inférieur.
En ce qui concerne votre question, je vais y répondre franchement. Je considère qu'il y'a comme un travail de sape et de dénigrement à mon égard, qui a commencé et qui n'en finit pas. Je voudrais profiter de cette occasion pour le regretter ici. Mais comme disait l'autre, Dieu seul reconnaitra les siens !
Il est vrai que l'anniversaire du débarquement a été célébré à Anjouan comme tous les ans d'ailleurs, et que mon nom n'a jamais été cité. Justement cela entre dans le cadre de ce travail de sape et de dénigrement dont je vous faisais mention à l'instant.
Ce qui m'a le plus choqué cette fois-ci, c'est la démarche du Gouvernement comorien, puisqu'il faut le nommer, qui est parti jusqu'en Tanzanie pour inviter le Général Igoti, pour venir l'honorer lors de la dernière célébration alors que moi, le Général Salimou, je suis là et on n'en parle même pas !
Comment un père de famille peut-il oser honorer le fils de l'autre en lieu et place de son propre fils ? C'est quand même curieux ! Savez-vous qu'au moment des opérations le Général Igoti était sous mes ordres ? Pour le reste, je vous laisse imaginer, on essaie de chouchouter le subordonné à la place du chef, vous comprendrez vous même les dérives des dirigeants comoriens. Comme disait le président Ali Soilih,« l'histoire est juge et l'histoire jugera » ! Ce n'est pas parce qu'un régime ne cite pas mon nom aujourd'hui que celui-ci sortira de l'histoire et surtout de l'histoire des Comores.
2)-Moi : Vous avez été le principal accusé d'avoir commandité l'assassinat du lieutenant-colonel Combo Ayouba ancien chef de corps de l'armée comorienne de défense, puis inculpé et placé en résidence surveillée pendant de longs mois. Après 2 années d'instructions s'est tenu un procès sous haute tension à l'issu duquel vous avez été acquitté. Alors pourquoi, plusieurs mois après cette décision de justice, n'intentez-vous pas une action en vue de votre réhabilitation puisque vous avez été innocenté ? Et, avez-vous visionné la vidéo du magistrat instructeur, le juge Rachad Mchangama?
2)- l'Ex-Général Salimou :Encore une fois, une rectification à faire. Je n'ai jamais été en résidence surveillée ! Heu.. Ca s'est passé ici même à l'endroit où je vous reçois. Vous voyez par vous même, je n'ai nullement besoin de vous le décrire. Mais pour pouvoir me maintenir dans les conditions horribles et difficiles dans lesquelles on m'avait placées, le juge Rachad avait réussi à trouver un terme ...barbare .. qui n'existe dans aucun manuel de Droit ni dans aucune procédure juridique, appelé «Le Contrôle Judiciaire Surveillé »..
Je vous assure qu'aucun juriste au monde ne connaît cette qualification là ! Cela en dit long sur ce que représente le juge Rachad en terme de valeurs et de connaissances du métier.
Pour revenir dans le fond de votre question, effectivement la justice a fait son travail, il se trouve que nous sommes dans les mêmes conditions. Je n'ai toujours pas été réhabilité, mes autres frères d'armes qui ont été radiés en même temps que moi le sont jusqu'à maintenant.
Les actions et les procédures existent. Nous avons écrit au Président de la République et il n'a pas daigné répondre. Apparemment, ça ne l'intéresse pas ! Nous continuons dans ce cadre là mais nous n'excluons pas de porter un jour l'affaire en justice. En ce qui me concerne, il s'agit d'un décret qui a été pris par l'ex Président Sambi, qui m'a radié et rétrogradé.
Donc pour réparer cela, après que la justice se soit prononcée,il faudrait un autre décret du Président Ikililou qui « rapporte »,c'est le terme juridique approprié, le décret signé par Sambi. Jusqu'aujourd'hui le Président actuel ne l'a pas fait, intenter une action en justice serait en quelques sortes, le porter devant la justice pour qu'elle lui intime l'ordre d'exécuter ce qui doit l'être conformément à la Loi. Cependant, nous trouvons qu'il mérite mieux que ça, c'est pour ça que nous privilégions les autres actions. Peut être que viendra le moment où l'on estimera que personne ne nous entend, et que c'est l'unique procédure, nous le ferons naturellement.
Quant à la vidéo du juge Rachad, j'ai commencé par vous mentionner la personne et la personnalité tout à l'heure. Encore une fois je trouve dommage qu'un professionnel du Droit se comporte de la sorte. C'est dommage que quelqu'un qui a fait des études de Droit, ne sache pas qu'une fois que la justice s'est prononcée, qu'une décision de justice est rendue, on ne va pas sur une place publique avec un micro pour dire qu'on n'est pas d'accord ou qu'on n'est pas content ! Il existe des procédures juridiques à suivre... Cela relève encore une fois d'un amateurisme complet et je voudrais vraiment le déplorer ici.
Pour vous dire qu'il n'est pas le seul dans ce cadre là, ça me rappelle une autre histoire d'un ancien Président, dès qu'il a su que justice nous a été rendu, a été également prendre les micros pour sortir une vidéo et déclarer ceci, je cite : « Moi, je ne connais pas le ou les assassins du lieutenant-colonel Combo, mais j'en connais les mobiles et les motifs (...) »..Alors les questions sont simples. Cette personne était le Président de la République de l'époque, pourquoi n'a-t-il pas livré ces mobiles et ces motifs à la justice pour que celle-ci les exploitent ? Maintenant il peut nous répondre qu'il ne souhaitait pas faire de l'ingérence par respect de la séparation des pouvoirs. Ok!
Mais, depuis qu'il l'a quitté, ne s'est-il pas passé plusieurs mois avant la tenue du procès et que la justice ne tranche? Pourquoi à ce moment là, alors qu'il n'était plus président, il n'a pas livré ces éléments à la justice ? Mais attendre que le verdict de la cour d'assises spéciale soit tombé pour venir nous dire tout et n'importe quoi.. qu'il s'agisse du juge Rachad ou de l'ex-président, vous comprendrez que ces personnes là ne méritent pas de réponse car la justice a déjà répondu.
3)-Moi : J'ai eu vent d'un projet visant à réintégrer les anciens FGA (Force de la Gendarmerie d'Anjouan). On parle même d'amnistier le colonel Mohamed Bacar et ses anciens lieutenants aujourd'hui en fuite pour la plupart d' entres eux. Quelle est votre réaction par rapport à ce projet ?
3)- l'Ex-Général Salimou :Il est vrai que l'actuel directeur de cabinet en charge de la défense de notre pays fait des pieds et des mains pour réintégrer le ban et l'arrière ban des rebelles de la FGA. Pour le cas de Mohamed Bacar, je ne sais pas, je ne suis pas au courant et je pense que c'est éminemment politique et donc je n'irai pas jusque là. Mais sachez que ça ne date pas d'aujourd'hui. Moi, en tant que Chef d'Etat-major, je m'y étais fermement opposé ! Mais dès qu'on m'a placé sous contrôle judiciaire surveillé, tous les ex-FGA, qui étaient eux-aussi sous contrôles judiciaires ont été réintégrés dans l'AND tout de suite après mon éviction. Donc, aujourd'hui, il s'agit simplement d'une continuité ou d'une continuation. C'est pour cela que l'actuel Dir-Cab a pris le bâton de pèlerin pour parachever l'œuvre. Tout le monde sait que c'est bien sûr très dommage et très dommageable.
En matière de sécurité nous avons un programme appelé DDR. « Démobilisation,Désarmement et Réinsertion ». Tout cela doit entrer dans un cadre bien défini avec au préalable un travail de la justice, déterminer les responsabilités des uns et des autres. Et ce n'est qu'à partir de là qu'on peut dire untel peut et mérite d'être réintégré dans l'armée ou pas ! Cela évitera bien des tensions au sein de l'institution. Tout cela doit se passer dans le cadre d'un processus de réconciliation nationale. Ensuite,je tiens à préciser que le processus de DDR dont on parle ne nous oblige pas une réintégration dans l'armée mais aussi et surtout dans la société.
Tout se passe comme si on préférait réintégrer les ex-FGA dont la plupart n'ont pas été jugés et nous laisser, nous qui avons été jugés et lavés par la justice. Donc on peut tout simplement dire que ce qu'il se passe n'est pas du tout normal et j'espère que ceux qui le font en seront tenus pour responsables ici comme ailleurs, aujourd'hui et demain...
-Moi : Vous préférez donc qu'ils soient jugés d'abord pour les sévices qu'ils ont commis,et les témoignages existent avant d'entamer quelconque procédure ?
-l'Ex-GénéralSalimou : Naturellement, naturellement ! Il faut qu'ils rendent compte de leurs actes ! Et ce n'est qu'après cela qu'on peut parler du sort qui leur sera réservé au sein de la société.
4)-Moi : Après votre acquittement vous avez entamé une longue tournée en France suivie de plusieurs meetings. Tous les observateurs de la vie politique comorienne ont été unanimes. L'ex-Général Salimou est candidat pour les élections présidentielles de 2016. Pouvez-vous me le confirmer.. oui ou non ?
4)- l'Ex-Général Salimou :Cher Irchad, je ne suis pas encore rentré en politique mais croyez-moi, s'il faut le faire, j'aviserai en temps utile. Revenons sur mes voyages en France parce qu'on parle d'une longue tournée. J'en ai fait plusieurs en France, privés pour la plupart, pour rejoindre ma femme et mes enfants y compris un dernier qui est né pendant que j'étais sous contrôle judiciaire surveillé et puis publique aussi et pourquoi pas ? Puisque j'ai été accueilli à Marseille par les comoriens de manière générale et ceux de mon village en particulier dans le cadre d'une grande réception. D'ailleurs je saisis cette occasion pour encore une fois leur en savoir gré.
Une telle rencontre ou un tel meeting n'avait rien de politique. Je le précise parce que mes détracteurs ont commencé par là. Et je défie quiconque trouvera dans mes déclarations à cet effet la moindre allusion politique ! Maintenant que des gens m'y voient partout, je n'y peux rien.
Alors pour répondre à votre question, sachez qu'il n'y a RIEN QUI M'EMPÊCHE D'ÊTRE CANDFIDAT EN 2016. Et donc, comme dirait l'autre, je suis candidable ! Oui, je le répète, je suis candidable !Le reste ne dépend que de mon âme et conscience et de plusieurs autres considérations que vous n'avez pas besoin de connaître.
Pourquoi je vous dis être candidable ? Parce que j'ai été radié de l'armée, fusse-t-il dans des conditions inacceptables, le décret de l'ex-Président Sambi n'ayant toujours pas été rapporté, j'ai les mêmes droits qu'un citoyen civil et pas un militaire. Et en tant que citoyen civil je peux être candidat comme tout citoyen civil accomplissant toutes les conditions pour pouvoir l'être.
Maintenant, vais-je l'être en réalité ? Je le dirai le moment venu mais je préfère quand même vous préciser que CA ME PASSE A LA TÊTE é FOIS PAR JOUR; UNE FOIS LE MATIN QUAND JE ME REVEILLE ET UNE AUTRE FOIS LE SOIR QUAND JE ME COUCHE...
-Moi : Mêmequand vous vous rasez ?
- l'Ex-GénéralSalimou :Non pas quand je me rase car à ce moment là ça va trop trop vite (sourire ...). Mais je vous assure qu'au réveil j'y pense et quand je vais au lit j'y pense aussi !.
-Moi : Et si jamais ce fameux décret venait à ne jamais être « rapporté » , peut-on estimer que vous serez le candidat de l'opposition?
- l'Ex-Général Salimou :De toutes façons c'est actuellement le cas ! Tant que le décret de l'ex-Président Sambi n'est pas rapporté par un autre du Président Ikililou je suis candidable. Maintenant être le candidat de l'opposition ou du pouvoir importe peu et ne m'intéresse pas.
-Moi : Donc vous ne serez surement pas le candidat du parti JUWA ?
- l'Ex-Général Salimou :Et ben si je suis candidat, je serai celui du peuple comorien dans son ensemble et mon parti sera le parti du comorien.
-Moi : Je vous remercie pour toutes ces réponses mon Général.
- l'Ex-Général Salimou :Je vous remercie Irchad.
Irchad Abdallah
Rendez-vous pris pour 12h30 pétantes, je suis à l'heure, lui aussi, ponctualité militaire ? Une fois devant le grand portail vert, je remarque que le mirador qui a servi à le garder en tant que C.EM puis le surveiller en tant que suspect est vide... La pression baisse d'un cran. Je vais à la rencontre d'un civil.
Le voilà qui arrive pour m'accueillir après les deux « hodiii -hodiii » traditionnels.
-Moi : Bonjour mon général.
-L'ex-Général Salimou : Bonjour Irchad. Karibu, karibu..
Une fois installés, il prend le soin d'éteindre immédiatement la télévision et son téléphone, congédier le garçon à tout faire de la maison. Je réalise que l'ex-général est prêt pour l'interview.
1)-Moi : En mars dernier, notre pays a célébré le 6ème anniversaire du débarquement ayant permis de libérer l'île comorienne d'Anjouan aux mains des séparatistes depuis 1997. Vous en avez été le principal artificier, ce qui vous a valu d'être élevé au grade de général de division. Comment expliquez-vous votre absence lors des dernières cérémonies qui s'y sont déroulées ?
1)- l'Ex-Général Salimou :Tout d'abord je tiens à vous remercier de me compter parmi les personnes qui méritent de passer chez vous pour vos fameuses 4 questions. Ensuite, je vous rectifie tout de suite, je n'ai jamais été élevé au grade de Général de division mais plutôt au grade de Général de brigade, ce qui n'est quand même pas la même chose.
-Moi : Quelle est la différence ?
-L'Ex-Général Salimou : La différence est que Général de brigade est un galon inférieur.
En ce qui concerne votre question, je vais y répondre franchement. Je considère qu'il y'a comme un travail de sape et de dénigrement à mon égard, qui a commencé et qui n'en finit pas. Je voudrais profiter de cette occasion pour le regretter ici. Mais comme disait l'autre, Dieu seul reconnaitra les siens !
Il est vrai que l'anniversaire du débarquement a été célébré à Anjouan comme tous les ans d'ailleurs, et que mon nom n'a jamais été cité. Justement cela entre dans le cadre de ce travail de sape et de dénigrement dont je vous faisais mention à l'instant.
Ce qui m'a le plus choqué cette fois-ci, c'est la démarche du Gouvernement comorien, puisqu'il faut le nommer, qui est parti jusqu'en Tanzanie pour inviter le Général Igoti, pour venir l'honorer lors de la dernière célébration alors que moi, le Général Salimou, je suis là et on n'en parle même pas !
Comment un père de famille peut-il oser honorer le fils de l'autre en lieu et place de son propre fils ? C'est quand même curieux ! Savez-vous qu'au moment des opérations le Général Igoti était sous mes ordres ? Pour le reste, je vous laisse imaginer, on essaie de chouchouter le subordonné à la place du chef, vous comprendrez vous même les dérives des dirigeants comoriens. Comme disait le président Ali Soilih,« l'histoire est juge et l'histoire jugera » ! Ce n'est pas parce qu'un régime ne cite pas mon nom aujourd'hui que celui-ci sortira de l'histoire et surtout de l'histoire des Comores.
2)-Moi : Vous avez été le principal accusé d'avoir commandité l'assassinat du lieutenant-colonel Combo Ayouba ancien chef de corps de l'armée comorienne de défense, puis inculpé et placé en résidence surveillée pendant de longs mois. Après 2 années d'instructions s'est tenu un procès sous haute tension à l'issu duquel vous avez été acquitté. Alors pourquoi, plusieurs mois après cette décision de justice, n'intentez-vous pas une action en vue de votre réhabilitation puisque vous avez été innocenté ? Et, avez-vous visionné la vidéo du magistrat instructeur, le juge Rachad Mchangama?
2)- l'Ex-Général Salimou :Encore une fois, une rectification à faire. Je n'ai jamais été en résidence surveillée ! Heu.. Ca s'est passé ici même à l'endroit où je vous reçois. Vous voyez par vous même, je n'ai nullement besoin de vous le décrire. Mais pour pouvoir me maintenir dans les conditions horribles et difficiles dans lesquelles on m'avait placées, le juge Rachad avait réussi à trouver un terme ...barbare .. qui n'existe dans aucun manuel de Droit ni dans aucune procédure juridique, appelé «Le Contrôle Judiciaire Surveillé »..
Je vous assure qu'aucun juriste au monde ne connaît cette qualification là ! Cela en dit long sur ce que représente le juge Rachad en terme de valeurs et de connaissances du métier.
Pour revenir dans le fond de votre question, effectivement la justice a fait son travail, il se trouve que nous sommes dans les mêmes conditions. Je n'ai toujours pas été réhabilité, mes autres frères d'armes qui ont été radiés en même temps que moi le sont jusqu'à maintenant.
Les actions et les procédures existent. Nous avons écrit au Président de la République et il n'a pas daigné répondre. Apparemment, ça ne l'intéresse pas ! Nous continuons dans ce cadre là mais nous n'excluons pas de porter un jour l'affaire en justice. En ce qui me concerne, il s'agit d'un décret qui a été pris par l'ex Président Sambi, qui m'a radié et rétrogradé.
Donc pour réparer cela, après que la justice se soit prononcée,il faudrait un autre décret du Président Ikililou qui « rapporte »,c'est le terme juridique approprié, le décret signé par Sambi. Jusqu'aujourd'hui le Président actuel ne l'a pas fait, intenter une action en justice serait en quelques sortes, le porter devant la justice pour qu'elle lui intime l'ordre d'exécuter ce qui doit l'être conformément à la Loi. Cependant, nous trouvons qu'il mérite mieux que ça, c'est pour ça que nous privilégions les autres actions. Peut être que viendra le moment où l'on estimera que personne ne nous entend, et que c'est l'unique procédure, nous le ferons naturellement.
Quant à la vidéo du juge Rachad, j'ai commencé par vous mentionner la personne et la personnalité tout à l'heure. Encore une fois je trouve dommage qu'un professionnel du Droit se comporte de la sorte. C'est dommage que quelqu'un qui a fait des études de Droit, ne sache pas qu'une fois que la justice s'est prononcée, qu'une décision de justice est rendue, on ne va pas sur une place publique avec un micro pour dire qu'on n'est pas d'accord ou qu'on n'est pas content ! Il existe des procédures juridiques à suivre... Cela relève encore une fois d'un amateurisme complet et je voudrais vraiment le déplorer ici.
Pour vous dire qu'il n'est pas le seul dans ce cadre là, ça me rappelle une autre histoire d'un ancien Président, dès qu'il a su que justice nous a été rendu, a été également prendre les micros pour sortir une vidéo et déclarer ceci, je cite : « Moi, je ne connais pas le ou les assassins du lieutenant-colonel Combo, mais j'en connais les mobiles et les motifs (...) »..Alors les questions sont simples. Cette personne était le Président de la République de l'époque, pourquoi n'a-t-il pas livré ces mobiles et ces motifs à la justice pour que celle-ci les exploitent ? Maintenant il peut nous répondre qu'il ne souhaitait pas faire de l'ingérence par respect de la séparation des pouvoirs. Ok!
Mais, depuis qu'il l'a quitté, ne s'est-il pas passé plusieurs mois avant la tenue du procès et que la justice ne tranche? Pourquoi à ce moment là, alors qu'il n'était plus président, il n'a pas livré ces éléments à la justice ? Mais attendre que le verdict de la cour d'assises spéciale soit tombé pour venir nous dire tout et n'importe quoi.. qu'il s'agisse du juge Rachad ou de l'ex-président, vous comprendrez que ces personnes là ne méritent pas de réponse car la justice a déjà répondu.
3)-Moi : J'ai eu vent d'un projet visant à réintégrer les anciens FGA (Force de la Gendarmerie d'Anjouan). On parle même d'amnistier le colonel Mohamed Bacar et ses anciens lieutenants aujourd'hui en fuite pour la plupart d' entres eux. Quelle est votre réaction par rapport à ce projet ?
3)- l'Ex-Général Salimou :Il est vrai que l'actuel directeur de cabinet en charge de la défense de notre pays fait des pieds et des mains pour réintégrer le ban et l'arrière ban des rebelles de la FGA. Pour le cas de Mohamed Bacar, je ne sais pas, je ne suis pas au courant et je pense que c'est éminemment politique et donc je n'irai pas jusque là. Mais sachez que ça ne date pas d'aujourd'hui. Moi, en tant que Chef d'Etat-major, je m'y étais fermement opposé ! Mais dès qu'on m'a placé sous contrôle judiciaire surveillé, tous les ex-FGA, qui étaient eux-aussi sous contrôles judiciaires ont été réintégrés dans l'AND tout de suite après mon éviction. Donc, aujourd'hui, il s'agit simplement d'une continuité ou d'une continuation. C'est pour cela que l'actuel Dir-Cab a pris le bâton de pèlerin pour parachever l'œuvre. Tout le monde sait que c'est bien sûr très dommage et très dommageable.
En matière de sécurité nous avons un programme appelé DDR. « Démobilisation,Désarmement et Réinsertion ». Tout cela doit entrer dans un cadre bien défini avec au préalable un travail de la justice, déterminer les responsabilités des uns et des autres. Et ce n'est qu'à partir de là qu'on peut dire untel peut et mérite d'être réintégré dans l'armée ou pas ! Cela évitera bien des tensions au sein de l'institution. Tout cela doit se passer dans le cadre d'un processus de réconciliation nationale. Ensuite,je tiens à préciser que le processus de DDR dont on parle ne nous oblige pas une réintégration dans l'armée mais aussi et surtout dans la société.
Tout se passe comme si on préférait réintégrer les ex-FGA dont la plupart n'ont pas été jugés et nous laisser, nous qui avons été jugés et lavés par la justice. Donc on peut tout simplement dire que ce qu'il se passe n'est pas du tout normal et j'espère que ceux qui le font en seront tenus pour responsables ici comme ailleurs, aujourd'hui et demain...
-Moi : Vous préférez donc qu'ils soient jugés d'abord pour les sévices qu'ils ont commis,et les témoignages existent avant d'entamer quelconque procédure ?
-l'Ex-GénéralSalimou : Naturellement, naturellement ! Il faut qu'ils rendent compte de leurs actes ! Et ce n'est qu'après cela qu'on peut parler du sort qui leur sera réservé au sein de la société.
4)-Moi : Après votre acquittement vous avez entamé une longue tournée en France suivie de plusieurs meetings. Tous les observateurs de la vie politique comorienne ont été unanimes. L'ex-Général Salimou est candidat pour les élections présidentielles de 2016. Pouvez-vous me le confirmer.. oui ou non ?
4)- l'Ex-Général Salimou :Cher Irchad, je ne suis pas encore rentré en politique mais croyez-moi, s'il faut le faire, j'aviserai en temps utile. Revenons sur mes voyages en France parce qu'on parle d'une longue tournée. J'en ai fait plusieurs en France, privés pour la plupart, pour rejoindre ma femme et mes enfants y compris un dernier qui est né pendant que j'étais sous contrôle judiciaire surveillé et puis publique aussi et pourquoi pas ? Puisque j'ai été accueilli à Marseille par les comoriens de manière générale et ceux de mon village en particulier dans le cadre d'une grande réception. D'ailleurs je saisis cette occasion pour encore une fois leur en savoir gré.
Une telle rencontre ou un tel meeting n'avait rien de politique. Je le précise parce que mes détracteurs ont commencé par là. Et je défie quiconque trouvera dans mes déclarations à cet effet la moindre allusion politique ! Maintenant que des gens m'y voient partout, je n'y peux rien.
Alors pour répondre à votre question, sachez qu'il n'y a RIEN QUI M'EMPÊCHE D'ÊTRE CANDFIDAT EN 2016. Et donc, comme dirait l'autre, je suis candidable ! Oui, je le répète, je suis candidable !Le reste ne dépend que de mon âme et conscience et de plusieurs autres considérations que vous n'avez pas besoin de connaître.
Pourquoi je vous dis être candidable ? Parce que j'ai été radié de l'armée, fusse-t-il dans des conditions inacceptables, le décret de l'ex-Président Sambi n'ayant toujours pas été rapporté, j'ai les mêmes droits qu'un citoyen civil et pas un militaire. Et en tant que citoyen civil je peux être candidat comme tout citoyen civil accomplissant toutes les conditions pour pouvoir l'être.
Maintenant, vais-je l'être en réalité ? Je le dirai le moment venu mais je préfère quand même vous préciser que CA ME PASSE A LA TÊTE é FOIS PAR JOUR; UNE FOIS LE MATIN QUAND JE ME REVEILLE ET UNE AUTRE FOIS LE SOIR QUAND JE ME COUCHE...
-Moi : Mêmequand vous vous rasez ?
- l'Ex-GénéralSalimou :Non pas quand je me rase car à ce moment là ça va trop trop vite (sourire ...). Mais je vous assure qu'au réveil j'y pense et quand je vais au lit j'y pense aussi !.
-Moi : Et si jamais ce fameux décret venait à ne jamais être « rapporté » , peut-on estimer que vous serez le candidat de l'opposition?
- l'Ex-Général Salimou :De toutes façons c'est actuellement le cas ! Tant que le décret de l'ex-Président Sambi n'est pas rapporté par un autre du Président Ikililou je suis candidable. Maintenant être le candidat de l'opposition ou du pouvoir importe peu et ne m'intéresse pas.
-Moi : Donc vous ne serez surement pas le candidat du parti JUWA ?
- l'Ex-Général Salimou :Et ben si je suis candidat, je serai celui du peuple comorien dans son ensemble et mon parti sera le parti du comorien.
-Moi : Je vous remercie pour toutes ces réponses mon Général.
- l'Ex-Général Salimou :Je vous remercie Irchad.
Irchad Abdallah
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