samedi 19 juillet 2014

Les bouffonneries criminelles de deux anciens Présidents




Les bouffonneries criminelles de deux anciens Présidents de la République
Saïd Mohamed Djohar et Ahmed Sambi, chantres de l’inconscience et de l’irresponsabilité


     Notre frère Nadjim est un fidèle lecteur des articles de ce site. Il a eu l’intelligence de m’interpeller sur certains sujets d’actualité, et c’est à son honneur, car le principe d’un site qui fonctionne selon les règles du débat démocratique est de permettre aux lecteurs de faire part au blogueur de leurs opinions. Ce mardi 15 juillet 2014, il a écrit: «Bonjour ARM. Je reviens vers vous pour solliciter votre analyse sur deux points évoqués sur le quotidienAlwatwan de ce jour 15 juillet 2014: 1.- un terrain de plus de 7 km situé à Hamraba Bambao (Moroni-Comores). Comment se fait-il qu’un tel terrain est la propriété de l’Iran, donc un territoire iranien? 2.- Que pensez-vous de l’acte de provocation de l’ancien Raïs A.A.M. SAMBI lors du défilé du 6 juillet 2014, Place de l’indépendance à Moroni (lire déclaration du parti RADHI) sur le quotidien cité ci-dessus». La coïncidence est très belle, voire troublante parce que, justement, samedi 5 juillet 2014, dans un article intitulé «Responsabilité sur la dégradation de la fonction présidentielle aux Comores» et sous-titré «Il faut désigner les vrais responsables: Saïd Mohamed Djohar et Ahmed Sambi», je pointais du doigt les deux Présidents qui ont le plus disqualifié la fonction de chef d’État aux Comores. Le surlendemain, le lundi 7 juillet 2014, emporté par sa belle plume, mon ami Kamal Abdallah fit publier sur ce site un article qualifiant mon analyse d’«escroquerie politique de bas étage», et la formule nous a amusés tous les deux. Il trouva bien de qualités à Saïd Mohamed Djohar et à Ahmed Sambi, et c’est son droit absolu. Or, aujourd’hui, que constatons-nous, si ce n’est que les deux anciens Présidents sont les acteurs directs des deux bêtises que signale le frère Nadjim?


     Commençons par Saïd Mohamed Djohar. C’est lui qui a attribué à l’Iran le terrain situé à Moroni. Pour nous en convaincre, il suffirait de lire le «Communiqué très important» de l’Ambassade de la République islamique d’Iran à Moroni: «L’Ambassade de la République Islamique d’Iran auprès de l’Union des Comores-Moroni porte à la connaissance du public, des institutions et organisations gouvernementales et non gouvernementales des ambassades et consulats et des organismes internationaux avec résidence en Union des Comores que suite au décret numéro 91-044/PRdu Président de la République des Comores, une parcelle de terrain de dimensions 7425 m2 sise à Hamramba Moroni, canton de Bambao est détenue par la République Islamique d’Iran conformément au plan croquis ci-joint et elle bénéficie d’une immunité globale politique et légitime. Il va sans dire que toute occupation illégale de ce terrain détenu par la République Islamique d’Iran fera objet d’une poursuite judiciaire conformément aux lois diplomatiques et aux lois régis en Union des Comores. Merci de votre attention». Faisons un peu d’exégèse juridique et constatons que dans «décret numéro 91-044/PR», il y a «91», qui signifie que ledit décret a été adopté en 1991, tout comme il y a la mention «PR» pour Président de la République, le signataire de l’acte de propriété. Or, qui était Président de la République en 1991? Notre Saïd Mohamed Djohar national. Papadjoe.


      La question qui se pose donc est celle de savoir pourquoi la République islamique d’Iran se croit dans l’obligation de faire savoir à la Planète entière qu’elle est propriétaire de cette parcelle de terrain, et que celle-ci «bénéficie d’une immunité globale politique et légitime», allant jusqu’à émettre la «Fatwa» selon laquelle «toute occupation illégale de ce terrain détenu par la République Islamique d’Iran fera objet d’une poursuite judiciaire conformément aux lois diplomatiques et aux lois régis en Union des Comores». Et puis, pour quelle raison Saïd Mohamed Djohar s’était-il cru obligé d’attribuer une parcelle de terrain à la République islamique d’Iran à Moroni? Jean-Claude Sanchez, compagnon de route de Robert «Bob» Denard lors du coup d’État de septembre 1995 contre Saïd Mohamed Djohar a écrit: «Le président Djohar avait aussi fait appel à l’Iran auprès de qui il se plaignait“de la mauvaise attitude de la France à son égard”. Le gouvernement français, à plusieurs reprises, lui avait lancé des avertissements pour sa gestion catastrophique, mais aussi et surtout à cause de son rapprochement avec l’Iran et la Libye»: Jean-Claude Sanchez: La dernière épopée de Bob Denard. Septembre 1995, Pygmalion, Paris, 2010, p. 73. Comme par hasard, la journaliste Mireille Duteil fit de l’année d’attribution du terrain à l’Iran celle du lancement des relations entre les deux pays, et ce qu’elle écrit à ce sujet est hallucinant: «Dès 1991, Téhéran a entrepris de faire des Comores l’une de ses plaques tournantes en Afrique. En mars 1993, Ali Akbar Velayati, chef de la diplomatie iranienne, promet que son pays aidera“les musulmans comoriens”. Le principal parti islamiste a fait 31% des voix aux élections parlementaires de décembre 1993. Environ cent soixante jeunes Comoriens sont partis étudier en Iran. Sur place, ils sont pris en charge par le Front islamique de Libération des Comores. Quelques dizaines d’entre eux ont été envoyés en Afghanistan se battre aux côtés des moudjahidin. Certains sont rentrés au pays, une douzaine sont en Algérie, intégrés au sein du GIA (Groupe islamique armé), auteur des attentats antifrançais, affirme une source comorienne. En novembre [1993], une perquisition dans les milieux islamistes en France a permis de découvrir des documents prouvant que des fonds iraniens à destination du FIS algérien passait par la Banque internationale des Comores, à Moroni»: Mireille Duteil: Scoop. Poudrière comorienne, Le Point n°1120, Paris, 5 mars 1994, p. 21. C’est très grave.


     Pour ce qui est d’Ahmed Sambi, le deuxième destructeur de la fonction présidentielle, le Parti RADHI, dirigé par Houmed Msaïdié, a publié la Déclaration suivante: «Déclaration du parti RADHI relative à l’incident provoqué par Monsieur Sambi, lors de la célébration de la fête du 6 Juillet 2014. Dimanche 6 Juillet 2014 s’est produit pour la deuxième fois, un acte répréhensible sur la Place de l’Indépendance. L’ex-président Sambi s’est autorisé à ouvrir le toit de son véhicule pour se mettre debout et feindre de saluer une partie de la foule préalablement préparée et motivée financièrement à cette mise en scène. Le tout sous les regards impuissants des autorités nationales et de leurs invités. Quoi qu’une partie de cette foule a manifesté son mécontentement au marché de Volovolo pour n’avoir pas perçu l’argent promis par l’entourage de l’ancien président. Gangrenée par un laisser-aller coupable face à toute défiance et dégénérescence de nos institutions, voire même des forces de l’ordre, l’opinion publique relate l’incident à la manière d’une personne venant d’assister à la représentation d’une pièce théâtrale bouffonne. S’il est vrai que sur la forme la prestation de l’ancien président Sambi, en mal de vedettariat, relève d’un exhibitionnisme théâtral de mauvais goût, sur le fond, nous assistions ici à une défiance grave de nos institutions. En effet, ce jour-là, et à cet endroit là, seul le Chef de l’État en exercice est censé, pour ne pas dire autorisé à adresser de tels gestes en direction de la foule. Tout autre simulacre ne peut et ne doit être considéré que comme la manifestation d’un acte de défiance ouverte envers la République et nos institutions. Connaissant les ambitions démesurées de l’ancien président, de vouloir à tout prix se comporter en chef d’État et refuser son statut de citoyen, il n’est pas exclu que ce spectacle est un outil de propagande destiné à ses amis qu’il veut toujours faire croire que le peuple lui réclame et veut son retour au pouvoir. Voilà pourquoi le parti RADHI, guidé par son engagement à défendre résolument les valeurs démocratiques et républicaines, exprime son indignation face à l’acte de cet ex-président et le condamne fermement. Ainsi, le parti RADHI se doit d’exprimer également son mécontentement et son chagrin face à l’attitude désinvolte des autorités nationales présentes ce jour-là, ainsi que des forces de l’ordre généralement promptes lorsqu’il s’agit de museler les manifestations populaires souvent légitimes. Le parti RADHI demande au Chef de l’État et à son gouvernement de veiller sans complaisance au respect de nos institutions ainsi qu’au respect des valeurs et symboles cardinaux de la République et de la Nation. Le Bureau politique».


      La Déclaration très républicaine du Parti RADHI ayant tout dit, il faut juste ajouter que nous avons déjà dénoncé les méthodes de l’ancien Président ce dimanche 6 juillet 2014. En tout état de cause, son infantilisme prouve qu’il n’était pas digne de la fonction présidentielle. Il n’a rien appris de ses erreurs. À la décharge des forces de l’ordre, il faudra dire qu’Ahmed Sambi, en bon Chiite, est en quête du martyr et de la martyrologie. Il provoque les autorités actuelles pour se faire interpeler afin de se poser, une fois de plus, en victime innocente. Il cherche la victimisation. Et si en plus, on lui interdit l’accès à la Fête nationale du 6-Juillet, il va pleurer devant les caméras, chez lui à Missiri, Mutsamudu, comme il l’avait fait le 18 août 2013 après l’interdiction de son meeting de Bambao Mtsangani. Donc, il vaut mieux le laisser faire des singeries en public, car il ne le sait toujours pas, mais plus il en fait, moins il se porte sur le plan politique. Quand les Comoriens ont appris sa méthode consistant à payer les gens pour l’applaudir en public, ils ont tous craché par terre. Le gars est invivable. Un ancien Président de la République doit se comporter de manière beaucoup plus digne.


     Naturellement, en tant qu’ancien Président de la République, il n’avait droit qu’à une place honorable sur la tribune officielle. C’est tout. Il n’avait droit à aucune prise de parole, ni à aucun accueil particulier. Tout ce qu’il fait pour prouver une popularité factice relève de l’infantilisme et du manque de maturité. Normalement, son entourage doit le lui dire. Chaque jour, il se discrédite par des gestes infantiles adressés à des adultes éveillés et conscients.


     Quand on voit tout ça, on ne pense qu’à la pièce de théâtre de notre frère le Docteur Ibrahim Barwane, pièce de théâtre opportunément intitulée «Pauvres Comores». Notre pays mérite mieux que ces singeries.
Par ARM


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