Les bouffonneries criminelles de deux anciens
Présidents de la République
Saïd Mohamed Djohar et Ahmed Sambi, chantres de
l’inconscience et de l’irresponsabilité
Notre frère Nadjim est un fidèle lecteur des articles de ce site. Il a eu
l’intelligence de m’interpeller sur certains sujets d’actualité, et c’est à son
honneur, car le principe d’un site qui fonctionne selon les règles du débat
démocratique est de permettre aux lecteurs de faire part au blogueur de leurs
opinions. Ce mardi 15 juillet 2014, il a écrit: «Bonjour ARM.
Je reviens vers vous pour solliciter votre analyse sur deux points évoqués sur
le quotidienAlwatwan de ce jour 15 juillet 2014: 1.- un terrain de plus de
7 km situé à Hamraba Bambao (Moroni-Comores). Comment se fait-il qu’un tel
terrain est la propriété de l’Iran, donc un territoire iranien? 2.- Que
pensez-vous de l’acte de provocation de l’ancien Raïs A.A.M. SAMBI lors du
défilé du 6 juillet 2014, Place de l’indépendance à Moroni (lire déclaration du
parti RADHI) sur le quotidien cité ci-dessus». La coïncidence est très belle, voire troublante
parce que, justement, samedi 5 juillet 2014, dans un article intitulé «Responsabilité sur la dégradation de la fonction présidentielle aux Comores» et sous-titré «Il faut désigner les vrais responsables: Saïd Mohamed Djohar et Ahmed Sambi», je pointais du doigt les deux
Présidents qui ont le plus disqualifié la fonction de chef d’État aux Comores.
Le surlendemain, le lundi 7 juillet 2014, emporté par sa belle plume, mon ami
Kamal Abdallah fit publier sur ce site un article qualifiant mon analyse d’«escroquerie politique de bas étage», et la formule nous a amusés tous les deux. Il
trouva bien de qualités à Saïd Mohamed Djohar et à Ahmed Sambi, et c’est son
droit absolu. Or, aujourd’hui, que constatons-nous, si ce n’est que les deux
anciens Présidents sont les acteurs directs des deux bêtises que signale le
frère Nadjim?
Commençons par Saïd Mohamed Djohar. C’est lui qui a attribué à l’Iran le
terrain situé à Moroni. Pour nous en convaincre, il suffirait de lire le «Communiqué
très important» de
l’Ambassade de la République islamique d’Iran à Moroni: «L’Ambassade
de la République Islamique d’Iran auprès de l’Union des Comores-Moroni porte à
la connaissance du public, des institutions et organisations gouvernementales
et non gouvernementales des ambassades et consulats et des organismes
internationaux avec résidence en Union des Comores que suite au décret
numéro 91-044/PRdu Président de la République des Comores, une parcelle de
terrain de dimensions 7425 m2 sise à Hamramba Moroni, canton de Bambao est
détenue par la République Islamique d’Iran conformément au plan croquis
ci-joint et elle bénéficie d’une immunité globale politique et légitime. Il va
sans dire que toute occupation illégale de ce terrain détenu par la République
Islamique d’Iran fera objet d’une poursuite judiciaire conformément aux lois
diplomatiques et aux lois régis en Union des Comores. Merci
de votre attention». Faisons
un peu d’exégèse juridique et constatons que dans «décret
numéro 91-044/PR», il y a «91», qui signifie que ledit décret a
été adopté en 1991, tout comme il y a la mention «PR» pour Président de la République,
le signataire de l’acte de propriété. Or, qui était Président de la République
en 1991? Notre Saïd Mohamed Djohar national. Papadjoe.
La question qui se pose donc est celle de savoir pourquoi la République
islamique d’Iran se croit dans l’obligation de faire savoir à la Planète
entière qu’elle est propriétaire de cette parcelle de terrain, et que celle-ci
«bénéficie d’une immunité globale politique et légitime», allant jusqu’à émettre la «Fatwa» selon laquelle «toute
occupation illégale de ce terrain détenu par la République Islamique d’Iran
fera objet d’une poursuite judiciaire conformément aux lois diplomatiques et
aux lois régis en Union des Comores». Et puis, pour quelle raison Saïd Mohamed Djohar
s’était-il cru obligé d’attribuer une parcelle de terrain à la République
islamique d’Iran à Moroni? Jean-Claude Sanchez, compagnon de route de Robert «Bob» Denard lors du coup d’État de
septembre 1995 contre Saïd Mohamed Djohar a écrit: «Le président
Djohar avait aussi fait appel à l’Iran auprès de qui il se plaignait“de la mauvaise attitude de la France à son égard”. Le
gouvernement français, à plusieurs reprises, lui avait lancé des avertissements
pour sa gestion catastrophique, mais aussi et surtout à cause de son
rapprochement avec l’Iran et la Libye»: Jean-Claude Sanchez: La dernière épopée de Bob Denard. Septembre 1995, Pygmalion, Paris, 2010, p. 73.
Comme par hasard, la journaliste Mireille Duteil fit de l’année d’attribution
du terrain à l’Iran celle du lancement des relations entre les deux pays, et ce
qu’elle écrit à ce sujet est hallucinant: «Dès 1991,
Téhéran a entrepris de faire des Comores l’une de ses plaques tournantes en Afrique.
En mars 1993, Ali Akbar Velayati, chef de la diplomatie iranienne, promet que
son pays aidera“les
musulmans comoriens”. Le principal parti islamiste a fait 31% des voix aux
élections parlementaires de décembre 1993. Environ cent soixante jeunes
Comoriens sont partis étudier en Iran. Sur place, ils sont pris en charge par
le Front islamique de Libération des Comores. Quelques dizaines d’entre eux ont
été envoyés en Afghanistan se battre aux côtés des moudjahidin. Certains sont
rentrés au pays, une douzaine sont en Algérie, intégrés au sein du GIA (Groupe
islamique armé), auteur des attentats antifrançais, affirme une source
comorienne. En novembre [1993], une
perquisition dans les milieux islamistes en France
a permis de découvrir des documents prouvant que des fonds iraniens à
destination du FIS algérien passait par la Banque internationale des Comores, à
Moroni»: Mireille
Duteil: Scoop.
Poudrière comorienne, Le Point n°1120, Paris, 5 mars 1994, p. 21.
C’est très grave.
Pour ce qui est d’Ahmed Sambi, le deuxième destructeur de la fonction
présidentielle, le Parti RADHI, dirigé par Houmed Msaïdié, a publié la
Déclaration suivante: «Déclaration du parti RADHI relative à l’incident
provoqué par Monsieur Sambi, lors de la célébration de la fête du 6 Juillet
2014. Dimanche 6 Juillet 2014 s’est produit pour la deuxième fois, un acte
répréhensible sur la Place de l’Indépendance. L’ex-président Sambi s’est
autorisé à ouvrir le toit de son véhicule pour se mettre debout et feindre de
saluer une partie de la foule préalablement préparée et motivée financièrement
à cette mise en scène. Le tout sous les regards impuissants des autorités
nationales et de leurs invités. Quoi qu’une partie de cette foule a manifesté
son mécontentement au marché de Volovolo pour n’avoir pas perçu l’argent promis
par l’entourage de l’ancien président. Gangrenée par un laisser-aller coupable
face à toute défiance et dégénérescence de nos institutions, voire même des
forces de l’ordre, l’opinion publique relate l’incident à la manière d’une
personne venant d’assister à la représentation d’une pièce théâtrale bouffonne.
S’il est vrai que sur la forme la prestation de l’ancien président Sambi, en
mal de vedettariat, relève d’un exhibitionnisme théâtral de mauvais goût, sur
le fond, nous assistions ici à une défiance grave de nos institutions. En
effet, ce jour-là, et à cet endroit là, seul le Chef de l’État en exercice est
censé, pour ne pas dire autorisé à adresser de tels gestes en direction de la
foule. Tout autre simulacre ne peut et ne doit être considéré que comme la
manifestation d’un acte de défiance ouverte envers la République et nos
institutions. Connaissant les ambitions démesurées de l’ancien président, de
vouloir à tout prix se comporter en chef d’État et refuser son statut de
citoyen, il n’est pas exclu que ce spectacle est un outil de propagande destiné
à ses amis qu’il veut toujours faire croire que le peuple lui réclame et veut
son retour au pouvoir. Voilà pourquoi le parti RADHI, guidé par son engagement
à défendre résolument les valeurs démocratiques et républicaines, exprime son
indignation face à l’acte de cet ex-président et le condamne fermement. Ainsi,
le parti RADHI se doit d’exprimer également son mécontentement et son chagrin
face à l’attitude désinvolte des autorités nationales présentes ce jour-là,
ainsi que des forces de l’ordre généralement promptes lorsqu’il s’agit de
museler les manifestations populaires souvent légitimes. Le parti RADHI demande
au Chef de l’État et à son gouvernement de veiller sans complaisance au respect
de nos institutions ainsi qu’au respect des valeurs et symboles cardinaux de la
République et de la Nation. Le Bureau politique».
La Déclaration très républicaine du Parti RADHI ayant tout dit, il faut juste
ajouter que nous avons déjà dénoncé les méthodes de l’ancien Président ce
dimanche 6 juillet 2014. En tout état de cause, son infantilisme prouve qu’il
n’était pas digne de la fonction présidentielle. Il n’a rien appris de ses
erreurs. À la décharge des forces de l’ordre, il faudra dire qu’Ahmed Sambi, en
bon Chiite, est en quête du martyr et de la martyrologie. Il provoque les
autorités actuelles pour se faire interpeler afin de se poser, une fois de
plus, en victime innocente. Il cherche la victimisation. Et si en plus, on lui
interdit l’accès à la Fête nationale du 6-Juillet, il va pleurer devant les
caméras, chez lui à Missiri, Mutsamudu, comme il l’avait fait le 18 août 2013
après l’interdiction de son meeting de Bambao Mtsangani. Donc, il vaut mieux le
laisser faire des singeries en public, car il ne le sait toujours pas, mais
plus il en fait, moins il se porte sur le plan politique. Quand les Comoriens
ont appris sa méthode consistant à payer les gens pour l’applaudir en public,
ils ont tous craché par terre. Le gars est invivable. Un ancien Président de la
République doit se comporter de manière beaucoup plus digne.
Naturellement, en tant qu’ancien Président de la République, il n’avait droit
qu’à une place honorable sur la tribune officielle. C’est tout. Il n’avait
droit à aucune prise de parole, ni à aucun accueil particulier. Tout ce qu’il
fait pour prouver une popularité factice relève de l’infantilisme et du manque
de maturité. Normalement, son entourage doit le lui dire. Chaque jour, il se
discrédite par des gestes infantiles adressés à des adultes éveillés et
conscients.
Quand on voit tout ça, on ne pense qu’à la pièce de théâtre de notre frère le
Docteur Ibrahim Barwane, pièce de théâtre opportunément intitulée «Pauvres
Comores». Notre
pays mérite mieux que ces singeries.
Par ARM
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