Allocution de l’Ambassadeur
de France
à l’occasion de la décoration
de SE M. le Grand Mufti
14 juillet
2014
Eminence Monsieur le Grand Mufti des
Comores,
C’est pour moi un
privilège et un plaisir de vous distinguer ce soir dans des circonstances
exceptionnelles à savoir, pendant le mois sacré du Ramadan, et à l’occasion de
la fête nationale française.
C’est l’occasion pour
la République française, dont l’islam est la seconde religion, de vous témoigner
sa reconnaissance et son estime. Car au moment où certains caricaturent la
religion musulmane, vous en donnez au contraire une image cultivée et ouverte celle
d’un humaniste. La France est une république laïque mais la laïcité n’est
nullement hostile aux religions. Elle fournit au contraire le cadre partagé
pour la coexistence des différentes expressions religieuses et pour le libre
exercice des cultes.
M. Ahmad Maoulana Saïd
Toihir vous êtes nés à Ntsujini tout près d’ici. Après quelques années d’école
coranique et aussi, m’a-t-on dit, d’école française, vous partez, très jeune,
étudier à Zanzibar auprès de votre oncle. Et comme vous êtes un élève brillant
et travailleur, vous accédez rapidement à l’Académie musulmane de cet Etat.
Vous bénéficiez ensuite d’une bourse pour suivre des études supérieures dans la
prestigieuse université d’Al-Azhar au Caire où vous obtenez un magistère en
droit islamique, mention « Droit comparé ».
De retour aux Comores,
vous devenez professeur d’arabe au Lycée Saïd Mohammed Cheick de Moroni. Vous
travaillez ensuite au Tribunal de Grande Instance de Moroni comme conseiller en
droit islamique. Puis, vous exercez vos talents au sein de la Cour Suprême et vous
assurez, pendant un temps, la présidence du Conseil des Ulémas avant d’être
nommé Grand Mufti des Comores, en 1998, par le président Mohamed Taki
Abdulkarim.
Depuis, vos
interventions régulières à la télévision ou dans les mosquées sont suivies avec
intérêt et respect par tous aux Comores mais aussi en France. Vous êtes sévère
quand il le faut, notamment vis-à-vis des ignorants, mais toujours attentif à
la condition humaine et à ses faiblesses. A titre personnel, j’apprécie
beaucoup nos conversations et j’en sors toujours éclairé sur les ressorts de la
société comorienne.
Votre curiosité est
sans limite et l’on peut dire, sans dévoiler un secret, que vous lisez
énormément, en anglais ou en arabe, et des ouvrages variés. De ces multiples
sources, vous tirez des exemples qui illustrent vos propos et frappent les
consciences. Vous êtes aussi l’auteur d’une biographie remarquée du prophète
Mohamed.
Eminence,
rassurez-vous je ne vais pas omettre de mentionner votre séjour à l’Université
de Paris I Panthéon Sorbonne où vous vous êtes beaucoup intéressé aux
philosophes des Lumières et à l’histoire de la Révolution française. Je ne vais
pas oublier non plus d’évoquer votre connaissance approfondie des écrits de
Napoléon. Je gardais juste ces éléments pour la fin de ce trop bref portrait et
pour faire le lien avec la décoration que je vais vous remettre dans quelques
instants et qui a justement été fondée par cet homme d’ordre et de principes,
qu’était l’empereur Napoléon Bonaparte.
« M. Ahmad
Maoulana Saïd Toihir, au nom du Président de la République française et en
vertu des pouvoirs qui nous sont conférés, nous vous remettons les insignes
d’Officier de la Légion d’Honneur. »
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