Le président
de l'Union des Comores, Ikililou Dhoinine, accueillera, le 26 juillet prochain
à Moroni, ses homologues de la région à l'occasion du IVe Sommet des chefs
d'Etat et de gouvernement de la Commission de l'Océan Indien. Cette
rencontre qui sera présidée par Hery Rajaonarimampianina, président de la
République de Madagascar, pays assumant la présidence du Conseil de la
Coi, sera l'occasion rêvée pour les Comores d'impliquer les pays de la région
dans les sujets brûlants qui concernent l'Archipel.
"L'Indianocéanie,
un avenir à bâtir ensemble", est le thème, trop large, retenu pour ce
sommet. La rencontre sera l'occasion de mesurer l'influence et l'apport de
la commission dans la résolution des conflits qui ont affaibli ses Etats
membres, notamment les Comores et Madagascar, mais aussi de constater la
réalité de l'Indianocéanie en matière de solidarité et de croissance.
Parce que si
la solidarité est le socle qui porte l'Acte fondateur de Victoria, elle est
encore très timide entre les Comores et les Etats de la région et presque
inexistante entre Moroni et France-Réunion. Des barrières parfois
infranchissables sont toujours dressées pour freiner la circulation des hommes
et des biens.
Entre les
Comores et la France tout court, subsistent encore des relations de
«décolonisation inachevée». La France a délibérément choisi de dresser un mur
artificiel, en imposant un visa d'entrée à Mayotte. Cette mesure a
favorisé les voyages par embarcations interdites et provoqué près de 16.000
morts en vingt ans.
Sur ces
questions de survie de la Nation comorienne, la Coi ne s'est jamais saisie. Or
elle se définit comme «vecteur privilégié de construction et de développement
solidaire de l'espace indianocéanique» avec comme finalité de promouvoir
de «manière efficace» les déplacements et connexions physiques et
immatérielles».
La Coi
devrait en principe servir de «cadre à ses Etats membres pour mener des actions
collectives extérieures d'intégration et de coopération avec la région Afrique
orientale et australe, le continent africain (Ua), le Sud (collaboration
Sud-Sud) et le reste du monde».
Elle assume
aussi un rôle «d'accompagnement, d'impulsion», quand les pays éprouvent le
besoin «d'un soutien spécifique accru», s'ils constatent que les organisations
régionales sont défaillantes ou ignorent «leurs spécificités
insulaires».
L'Accord
général de coopération entre les Etats membres de la Commission de l'Océan
Indien, du 10 janvier 1984, annonce dans sa préambule, rassemblée en paragraphe unique,
le désir «de renforcer les liens d'amitié qui les unissent dans le respect de
la souveraineté et de l'intégrité territoriale de chaque Etat, de l'égalité des
Etats entre eux, conformément au droit international et aux obligations qui
en découlent».
La Coi a
pour mission de promouvoir la coopération diplomatique, économique et
commerciale, la coopération dans le domaine de l'agriculture, de la pêche et de
la conservation des ressources et des écosystèmes, la coopération dans le
domaine culturel, scientifique, technique, de l'éducation et en matière de
justice. Elle a la grande faiblesse de tirer ses financements de l'Union
européenne, avec comme conséquence, de devoir composer avec sa vision
colonialiste, «ultrapériphérique», de ses régions outremers.
Le protocole
d'adhésion de la République française à l'accord général de coopération entre
les Etats membres de la Commission de l'Océan Indien poursuivait un seul
objectif, la volonté de la France «de voir son département et sa région de
la Réunion participer pleinement à la Coopération régionale au bénéfice de
l'ensemble de la région». Mais après le silence assourdissant de la
Commission sur la départementalisation de Mayotte, la France, réconfortée de
ces compromissions, tend à proposer une nouvelle dénomination aux contours
lâches, qui ouvrira les portes à l'intégration de l'île comorienne de Mayotte
dans la commission.
Le président
français compte faire un détour à Mayotte pour conforter l'île dans son
"ancrage" dans la République française. Il a choisi de le faire, tout
un symbole, après le sommet qui se tient à Moroni.
C'est dans
son discours à la nation, lors de la célébration du 6 juillet, que le président
Ikililou Dhoinine a dévoilé les grandes lignes des négociations du Haut conseil
paritaire. Il explique la «vitalité de notre diplomatie» et la
«persévérance à promouvoir une gestion saine de notre pays en adoptant des
mécanismes créant des conditions nécessaires de transparence» par
l'intérêt grandissant des grandes nations sur les Comores, à «notre
positionnement géopolitique». Il a évoqué «la question de notre indépendance
inachevée et qui constitue un différend territorial désagréable entre les
Comores et notre principal partenaire, la France», notamment «l'épineuse
question de l'île comorienne de Mayotte».
Il confirme
que la partie française avait soumis «un projet d'accord sur la circulation des
personnes dans l'archipel des Comores», déjà dénoncé avec vigueur par les
partis politiques comme un accord qui entérine la sécession de Mayotte et
viole les résolutions de l'Onu. Le président a promis qu'une «contre
proposition comorienne», sans en préciser les détails, est entre les mains
de la France.
Il demande
solennellement "l'accompagnement des autorités françaises qui doivent
comprendre que la barrière doit enfin tomber" pour «lutter efficacement
contre les déplacements non autorisés des populations entre les îles de
l'archipel des Comores».
Après
France-Réunion que les Comores ont aidé à intégrer la Coi, la France affiche sa
volonté d'intégrer Mayotte, en proposant une nouvelle dénomination floue, sans
valeur juridique, qui remplace les «Etats membres», une notion juridique
claire, par la notion physique, aux contours géographiques, de «communauté des
îles». Une proposition qui risque de briser à jamais l'unité et
l'intégrité des Comores. C'est tout l'enjeu de ce sommet.
Ahmed Ali
Amir
Source
: alwatwan
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