mardi 15 juillet 2014

Sommet des chefs d'Etat de la Coi : La Commission doit recentrer ses missions et les Comores faire valoir leurs intérêts





Le président de l'Union des Comores, Ikililou Dhoinine, accueillera, le 26 juillet prochain à Moroni, ses homologues de la région à l'occasion du IVe Sommet des chefs d'Etat et de gouvernement de la Commission de l'Océan Indien. Cette rencontre qui sera présidée par Hery Rajaonarimampianina, président de la République de Madagascar, pays assumant la présidence du Conseil de la Coi, sera l'occasion rêvée pour les Comores d'impliquer les pays de la région dans les sujets brûlants qui concernent l'Archipel.  
"L'Indianocéanie, un avenir à bâtir ensemble", est le thème, trop large, retenu pour ce sommet. La rencontre sera l'occasion de mesurer l'influence et l'apport de la commission dans la résolution des conflits qui ont affaibli ses Etats membres, notamment les Comores et Madagascar, mais aussi de constater la réalité de l'Indianocéanie en matière de solidarité et de croissance.  
Parce que si la solidarité est le socle qui porte l'Acte fondateur de Victoria, elle est encore très timide entre les Comores et les Etats de la région et presque inexistante entre Moroni et France-Réunion. Des barrières parfois infranchissables sont toujours dressées pour freiner la circulation des hommes et des biens.  
Entre les Comores et la France tout court, subsistent encore des relations de «décolonisation inachevée». La France a délibérément choisi de dresser un mur artificiel, en imposant un visa d'entrée à Mayotte. Cette mesure a favorisé les voyages par embarcations interdites et provoqué près de 16.000 morts en vingt ans. 
Sur ces questions de survie de la Nation comorienne, la Coi ne s'est jamais saisie. Or elle se définit comme «vecteur privilégié de construction et de développement solidaire de l'espace indianocéanique» avec comme finalité de promouvoir de «manière efficace» les déplacements et connexions physiques et immatérielles». 
La Coi devrait en principe servir de «cadre à ses Etats membres pour mener des actions collectives extérieures d'intégration et de coopération avec la région Afrique orientale et australe, le continent africain (Ua), le Sud (collaboration Sud-Sud) et le reste du monde». 
Elle assume aussi un rôle «d'accompagnement, d'impulsion», quand les pays éprouvent le besoin «d'un soutien spécifique accru», s'ils constatent que les organisations régionales sont défaillantes ou ignorent «leurs spécificités insulaires». 
L'Accord général de coopération entre les Etats membres de la Commission de l'Océan Indien, du 10 janvier 1984, annonce dans sa préambule, rassemblée en paragraphe unique, le désir «de renforcer les liens d'amitié qui les unissent dans le respect de la souveraineté et de l'intégrité territoriale de chaque Etat, de l'égalité des Etats entre eux, conformément au droit international et aux obligations qui en découlent». 
La Coi a pour mission de promouvoir la coopération diplomatique, économique et commerciale, la coopération dans le domaine de l'agriculture, de la pêche et de la conservation des ressources et des écosystèmes, la coopération dans le domaine culturel, scientifique, technique, de l'éducation et en matière de justice. Elle a la grande faiblesse de tirer ses financements de l'Union européenne, avec comme conséquence, de devoir composer avec sa vision colonialiste, «ultrapériphérique», de ses régions outremers.  
Le protocole d'adhésion de la République française à l'accord général de coopération entre les Etats membres de la Commission de l'Océan Indien poursuivait un seul objectif, la volonté de la France «de voir son département et sa région de la Réunion participer pleinement à la Coopération régionale au bénéfice de l'ensemble de la région». Mais après le silence assourdissant de la Commission sur la départementalisation de Mayotte, la France, réconfortée de ces compromissions, tend à proposer une nouvelle dénomination aux contours lâches, qui ouvrira les portes à l'intégration de l'île comorienne de Mayotte dans la commission.  
Le président français compte faire un détour à Mayotte pour conforter l'île dans son "ancrage" dans la République française. Il a choisi de le faire, tout un symbole, après le sommet qui se tient à Moroni. 
C'est dans son discours à la nation, lors de la célébration du 6 juillet, que le président Ikililou Dhoinine a dévoilé les grandes lignes des négociations du Haut conseil paritaire. Il explique la «vitalité de notre diplomatie» et la «persévérance à promouvoir une gestion saine de notre pays en adoptant des mécanismes créant des conditions nécessaires de transparence» par l'intérêt grandissant des grandes nations sur les Comores, à «notre positionnement géopolitique». Il a évoqué «la question de notre indépendance inachevée et qui constitue un différend territorial désagréable entre les Comores et notre principal partenaire, la France», notamment «l'épineuse question de l'île comorienne de Mayotte». 
Il confirme que la partie française avait soumis «un projet d'accord sur la circulation des personnes dans l'archipel des Comores», déjà dénoncé avec vigueur par les partis politiques comme un accord qui entérine la sécession de Mayotte et viole les résolutions de l'Onu. Le président a promis qu'une «contre proposition comorienne», sans en préciser les détails, est entre les mains de la France. 
Il demande solennellement "l'accompagnement des autorités françaises qui doivent comprendre que la barrière doit enfin tomber" pour «lutter efficacement contre les déplacements non autorisés des populations entre les îles de l'archipel des Comores». 
Après France-Réunion que les Comores ont aidé à intégrer la Coi, la France affiche sa volonté d'intégrer Mayotte, en proposant une nouvelle dénomination floue, sans valeur juridique, qui remplace les «Etats membres», une notion juridique claire, par la notion physique, aux contours géographiques, de «communauté des îles». Une proposition qui risque de briser à jamais l'unité et l'intégrité des Comores. C'est tout l'enjeu de ce sommet. 

Ahmed Ali Amir
Source  : alwatwan

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