Un juge
d'instruction de Mayotte a été mis en examen pour viol et placé lundi soir en
détention à Saint-Denis de la Réunion, a-t-on appris auprès du parquet et de
son avocat.
Le juge
Hakim Karki faisait l'objet d'une plainte pour viol déposée par une jeune femme
mercredi dernier à Mamoudzou (chef-lieu de Mayotte). Le parquet de Mayotte
avait demandé le dépaysement de l'affaire.
Arrivé lundi
à la Réunion, M. Karki a été entendu par trois juges d ?instruction,
en formation collégiale, pendant près de trois heures, avant d'être mis en
examen.
"Je
suis étonné par cette mise en détention alors que les trois juges avaient
demandé un placement sous contrôle judiciaire", a déclaré à la presse Me
Nicolas Normand, avocat de Hakim Karki.
"Le
parquet a fondé sa réquisition sur la nécessité d'empêcher des pressions et des
rencontres avec des témoins. C'est incompréhensible. Mettre un juge en prison
n'est pas anodin", a souligné l'avocat.
Les faits
présumés remontent à la nuit de mardi à mercredi de la semaine dernière. Après
une soirée passée dans un restaurant de Mamoudzou, Hakim Karki serait rentré
chez lui en compagnie de la plaignante, qui affirme que le magistrat l'a
ensuite violée. M. Karki reconnaît avoir eu des relations sexuelles avec
la jeune femme d'une trentaine d'années mais affirme qu'elles étaient
consenties.
Le procureur
de Mayotte, Joël Garrigue, s'était lui-même dessaisi de l'enquête, le mis en
cause étant magistrat dans le même tribunal que lui. Les investigations ont
donc été confiées au parquet de Saint-Denis de La Réunion, juridiction la plus
proche et dont dépend le tribunal de Mayotte.
Le juge
Karki avait été convoqué au commissariat samedi, où il s'est rendu et avait été
placé en garde à vue. Le juge instruit depuis 2011 un dossier sensible aux
multiples rebondissements, l'affaire Roukia, du nom d'une jeune fille décédée à
Mayotte des suites d'une overdose.
L'enquête a
notamment mis en lumière l'implication d'agents du groupement d'intervention
régional (GIR) de Mayotte dans un trafic de drogue entre les Comores et
Mayotte.
Certains
agents du GIR sont soupçonnés d'avoir fourni de la drogue à des indics
comoriens. Plusieurs tentatives de dessaisissement du juge Hakim Karki n'ont
pas abouti.
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