mardi 1 juillet 2014

Daniel Goldberg : « Il ne faut pas tolérer les propriétaires de kwassas et les passeurs »





Daniel Goldberg : « Il ne faut pas tolérer les propriétaires de kwassas et les passeurs »
Daniel Goldberg, Président du Groupe Amitié France-Comores de l'Assemblée nationale française, estime qu'il y a une part de responsabilité non négligeable des autorités comoriennes qui tolèrent les passeurs et les propriétaires de Kwassas, non sans rejeter la responsabilité des agents français qui surveillent les côtes mahoraise, ainsi que le visa Balladur. Le député PS de Seine-Saint Denis soutient que pour alléger l'obtention du visa vers Mayotte il faut « instaurer un climat de confiance entre les quatre îles sœurs» car «elles ont un destin économique commun».





Pouvez-vous nous présenter brièvement le groupe d'amitié France-Comores et le travail accompli jusqu'ici ?

Daniel Goldberg : C'est un groupe composé d'élus qui veulent surtout être amis avec les Comores. Nous nous sommes rendus aux Comores en 2010 et les parlementaires comoriens ont été reçus officiellement dans notre Assemblée nationale en 2012. Nous avons travaillé sur de nombreux dossiers, notamment la crise séparatiste de 1997 et nous sommes intervenus après le crash du vol Yemenia pour assister les familles des victimes et veiller à ce que l'enquête aille jusqu'au bout. Nous avons d'ailleurs été saisis sur la desserte aérienne via Moroni bien avant le crash. Nous intervenons dans la coopération entre les deux pays et gardons un œil sur les 10 millions d'euros d'aides octroyés chaque année aux Comores pour financer des projets dans notamment les secteurs de l'éducation et la santé. C'est une somme non négligeable et nous veillons à ce que ce flux financier soit investi dans les secteurs clés pour répondre aux besoins des Comoriens.

Justement la desserte aérienne vers les Comores, où en sommes-nous actuellement ? Quelles sont les avancées ?

Daniel Goldberg : En début de semaine, notre Assemblée nationale a auditionné la direction générale de l'aviation civile (DGAC) et Air Austral. Il y a même une mission technique qui s'apprête à se rendre Moroni. Maintenant il faut savoir que pour qu'une compagnie s'aventure sur une liaison directe Moroni-Paris, il faut un minimum de sécurité. Il faut surtout qu'elle puisse acheter du carburant à bon prix, ce qui n'est pas le cas à Hahaya et Dzaoudzi. Il y a là des conditions dissuasives non négligeables. Heureusement, Air Madagascar lance une ligne directe Marseille-Moroni cet été. C'est déjà un pas en avant. Espérons que d'autres compagnies s'investiront.

« Pour qu'il y ait allègement des procédures d'obtention du visa vers Mayotte, il faut instaurer un climat de confiance »

Comment qualifierez-vous aujourd'hui les relations entre les Comores et la France ?

Daniel Goldberg : Il y a une constance de rapprochement entre les deux pays depuis 2007. Il y a eu plusieurs groupes de travail entre les deux pays, depuis l'époque Sarkozy-Sambi et aujourd'hui avec Hollande et Ikililou. Un traité a été signé entre les deux pays récemment et François Hollande sera aussi présent au sommet de la Commission de l'Océan Indien qui aura lieu à Moroni fin juillet. Ce sera le deuxième président après François Mitterrand à se rendre dans l'archipel depuis son indépendance en 1975. C'est un moment très important pour la France.

Sur le contentieux qui oppose les deux pays, nous avons d'un côté la France qui dépense énormément pour refouler les clandestins et combattre l'immigration illégale à Mayotte et d'un autre les Comores qui ont perdu depuis 1995 plus de 10.000 personnes dans le bras de mer séparant Anjouan et Mayotte. Il irait de l'intérêt des deux pays de supprimer le visa d'entrée à Mayotte. Quel est votre avis?

Daniel Goldberg : Il y a une part de responsabilité comorienne non négligeable. Il ne faut pas tolérer les propriétaires de kwassas et les passeurs car ceux sont eux les premiers responsables de ces drames. Il arrive aussi que les agents français de surveillances maritimes ne respectent pas les conditions de sécurité notamment. Maintenant pour qu'il y ait allègement des procédures d'obtention du visa vers Mayotte, il faut instaurer un climat de confiance avec les mahorais.
« Si les 4 îles se tournent le dos, c'est mauvais »

Quel est aujourd'hui votre proposition pour instaurer ce climat de confiance ?

Daniel Goldberg : Il faut qu'il y ait un développement économique régional partagé. C'est un message que nous passons aussi bien aux autorités comoriennes ou mahoraises. Il est clair que si les 4 îles se tournent le dos, c'est mauvais pour les comoriens des îles indépendantes et de Mayotte. Les 4 îles sœurs ont un destin économique commun.
Comment expliquez-vous les refoulements des mineurs à Mayotte ou encore le fait qu'on envisage de suspendre le droit du sol à Mayotte ?
Daniel Goldberg : Concernant les mineurs isolés c'est domaine assez complexe. Il faut étudier au cas par cas. Quant au projet de loi qui voulait supprimer le droit du sol à Mayotte et en Guyane, il a été rejeté par l'assemblée nationale. Heureusement !

Propos recueillis par A.A.Hamdi


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