Daniel Goldberg : « Il ne faut pas
tolérer les propriétaires de kwassas et les passeurs »
Daniel Goldberg, Président du Groupe Amitié
France-Comores de l'Assemblée nationale française, estime qu'il y a une part de
responsabilité non négligeable des autorités comoriennes qui tolèrent les
passeurs et les propriétaires de Kwassas, non sans rejeter la responsabilité
des agents français qui surveillent les côtes mahoraise, ainsi que le visa
Balladur. Le député PS de Seine-Saint Denis soutient que pour alléger
l'obtention du visa vers Mayotte il faut « instaurer un climat de confiance
entre les quatre îles sœurs» car «elles ont un destin économique commun».
Pouvez-vous
nous présenter brièvement le groupe d'amitié France-Comores et le travail
accompli jusqu'ici ?
Daniel
Goldberg : C'est un
groupe composé d'élus qui veulent surtout être amis avec les Comores. Nous nous
sommes rendus aux Comores en 2010 et les parlementaires comoriens ont été reçus
officiellement dans notre Assemblée nationale en 2012. Nous avons travaillé sur
de nombreux dossiers, notamment la crise séparatiste de 1997 et nous sommes
intervenus après le crash du vol Yemenia pour assister les familles des
victimes et veiller à ce que l'enquête aille jusqu'au bout. Nous avons
d'ailleurs été saisis sur la desserte aérienne via Moroni bien avant le crash.
Nous intervenons dans la coopération entre les deux pays et gardons un œil sur
les 10 millions d'euros d'aides octroyés chaque année aux Comores pour financer
des projets dans notamment les secteurs de l'éducation et la santé. C'est une
somme non négligeable et nous veillons à ce que ce flux financier soit investi
dans les secteurs clés pour répondre aux besoins des Comoriens.
Justement la
desserte aérienne vers les Comores, où en sommes-nous actuellement ? Quelles
sont les avancées ?
Daniel
Goldberg : En début de
semaine, notre Assemblée nationale a auditionné la direction générale de
l'aviation civile (DGAC) et Air Austral. Il y a même une mission technique qui
s'apprête à se rendre Moroni. Maintenant il faut savoir que pour qu'une
compagnie s'aventure sur une liaison directe Moroni-Paris, il faut un minimum
de sécurité. Il faut surtout qu'elle puisse acheter du carburant à bon prix, ce
qui n'est pas le cas à Hahaya et Dzaoudzi. Il y a là des conditions dissuasives
non négligeables. Heureusement, Air Madagascar lance une ligne directe
Marseille-Moroni cet été. C'est déjà un pas en avant. Espérons que d'autres
compagnies s'investiront.
« Pour qu'il y ait allègement des procédures d'obtention du visa vers Mayotte, il faut instaurer un climat de confiance »
Comment
qualifierez-vous aujourd'hui les relations entre les Comores et la France ?
Daniel
Goldberg : Il y a une
constance de rapprochement entre les deux pays depuis 2007. Il y a eu plusieurs
groupes de travail entre les deux pays, depuis l'époque Sarkozy-Sambi et
aujourd'hui avec Hollande et Ikililou. Un traité a été signé entre les deux
pays récemment et François Hollande sera aussi présent au sommet de la
Commission de l'Océan Indien qui aura lieu à Moroni fin juillet. Ce sera le
deuxième président après François Mitterrand à se rendre dans l'archipel depuis
son indépendance en 1975. C'est un moment très important pour la France.
Sur le
contentieux qui oppose les deux pays, nous avons d'un côté la France qui
dépense énormément pour refouler les clandestins et combattre l'immigration
illégale à Mayotte et d'un autre les Comores qui ont perdu depuis 1995 plus de
10.000 personnes dans le bras de mer séparant Anjouan et Mayotte. Il irait de
l'intérêt des deux pays de supprimer le visa d'entrée à Mayotte. Quel est votre
avis?
Daniel
Goldberg : Il y a une
part de responsabilité comorienne non négligeable. Il ne faut pas tolérer les
propriétaires de kwassas et les passeurs car ceux sont eux les premiers
responsables de ces drames. Il arrive aussi que les agents français de
surveillances maritimes ne respectent pas les conditions de sécurité notamment.
Maintenant pour qu'il y ait allègement des procédures d'obtention du visa vers
Mayotte, il faut instaurer un climat de confiance avec les mahorais.
« Si les 4 îles se
tournent le dos, c'est mauvais »
Quel est
aujourd'hui votre proposition pour instaurer ce climat de confiance ?
Daniel
Goldberg : Il faut
qu'il y ait un développement économique régional partagé. C'est un message que
nous passons aussi bien aux autorités comoriennes ou mahoraises. Il est clair
que si les 4 îles se tournent le dos, c'est mauvais pour les comoriens des îles
indépendantes et de Mayotte. Les 4 îles sœurs ont un destin économique commun.
Comment
expliquez-vous les refoulements des mineurs à Mayotte ou encore le fait qu'on
envisage de suspendre le droit du sol à Mayotte ?
Daniel
Goldberg : Concernant
les mineurs isolés c'est domaine assez complexe. Il faut étudier au cas par
cas. Quant au projet de loi qui voulait supprimer le droit du sol à Mayotte et
en Guyane, il a été rejeté par l'assemblée nationale. Heureusement !
Propos
recueillis par A.A.Hamdi
Source :
lagazettedescomores
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