lundi 21 juillet 2014

Opinion Libre : 4ème SOMMET DE LA COI

NAKIDINE HASSANE

Une délégation maoraise comme invitée-surprise ?


A quelques jours du sommet de la COI prévu à Moroni du 22 au 26 juillet, la cellule de communication du Comité d’Organisation a convié la presse nationale, ce jeudi 17 juillet à une causerie suivie d’un iftar collectif, pour faire part aux médias des dispositifs permettant à la fois d’assurer la couverture de l’évènement et de sensibiliser l’opinion sur les enjeux pour le pays d’accueil, en termes d’hospitalité, de civisme et de respect des règles en matière tant d’information, d’éducation que d’organisation. Si elle a affiché une attitude fort coopérative, la presse s’est montrée dubitative quant aux objectifs précis du pays hôte, en termes d’impacts politiques, économiques et diplomatiques. Avec l’île-hippocampe, comme probable anguille sous roche, avec des représentants au sein de la délégation française, à l’image de la tentative de participation du Conseil Général de Mayotte à la dernière conférence ministérielle ordinaire tenue à Itsandra-Beach Hôtel


Il est vrai que c’est une grande première pour les Comores, pour la population comme d’ailleurs pour les médias dont la plupart des acteurs locaux n’ont pas encore vécu une telle expérience. De l’avis de participants à cette rencontre entre le comité d’organisation et la presse, l’initiative est à saluer, malgré le fait qu’elle soit un peu tardive et mériterait d’être suivie d’un autre moment d’échanges entre les organisateurs, le protocole et la sécurité en particulier d’une part, les journalistes reporters d’autre part. Comme d’ailleurs entre les acteurs médiatiques eux-mêmes pour mieux assumer le métier, à la fois avec liberté et responsabilité.

Toutefois et malgré le fait que le Ministre des affaires étrangères se soit lui-même prêté à cet exercice d’échanges et de convivialité avec la presse nationale, à deux reprises dès le lendemain de la conférence ministérielle préparatoire, l’ensemble des confrères ont tenu à déplorer le fait qu’à ce jour aucun document n’est mis à la disposition des acteurs médiatiques pour mieux s’imprégner de l‘ordre du jour et en maitriser les enjeux. Certes, sur des sites officiels, notamment celui de l’Elysée, il est question d’une dizaine de fiches techniques sur des sujets allant du chômage massif des jeunes aux préoccupations climatiques, en passant par le serpent de mer du financement d’une institution portée à bout de bras par l’Union Européenne. Une question d’autant plus cruciale que, non seulement bon nombre des pays membres de l’UE, la France notamment, subissent une crise économique conduisant à des coupes budgétaires drastiques, mais ils doivent mobiliser des fonds colossaux dans la lutte contre le terrorisme qui gangrène la planète et autres conflits armés en tous genres aux portes de « l’indianocéanie » qui se voudrait zone de paix et pourtant objet de convoitises pour sa position géostratégique et ses richesses encore non exploitée.

Il n’empêche que d’autres sujets semblent laisser croire à d’autres enjeux diplomatiques dont la subtilité serait à l’origine du manque de lisibilité à l’issue des travaux de la conférence ministérielle extraordinaire tenu, la semaine passée, dans la capitale malgache qui a repris l’exercice de la présidence, après la crise politique et institutionnelle qui a longuement miné l’île-continent. Il s’agit bien sûr des conflits de souveraineté qui oppose la France et des pays membres de la COI notamment Madagascar à propos des îles Glorieuses et les Comores au sujet de Mayotte.

Pour la Grande île dans sa quête de stabilité, le nouveau pouvoir malgache semble s’être résigné à un compromis boiteux avec l’ex-puissance coloniale, en ce qui concerne les îles Eparses, déjà en phase de quasi-exploitation du pétrole. Affaibli par tant d’années de conflits politiques, Madagascar aurait-elle fait contre mauvaise fortune bon cœur vis-à-vis de la première puissance qui joue encore au gendarme dans la région, sans parvenir à se départir du passé colonial et des pratiques néocoloniales ? Interrogation légitime des observateurs avertis de la géopolitique régionale et de la realpolitik malgache en particulier.

Pour le gouvernement comorien, le risque est tout aussi prévisible de devoir avaler une grosse couleuvre qui pourrait ressembler à une humiliation nationale, avec la fort probable présence parlementaires maorais dans la délégation du Président F. Hollande. Auquel cas, la fameuse « déclaration d’amitié » signée à l’Elysée entre ce dernier et son homologue comorien pourrait ainsi se transformer en une sorte de « corde qui soutient le pendu ». Avec en prime un « bain de foule » souhaité par la partie française comme au Mali ou plus récemment en Côte d’Ivoire pour un Chef d’Etat au plus bas des sondages d’opinion ! Cela s’apparenterait à une victoire remportée sans véritable bataille, ce qui ne serait pas forcément glorieux pour « le vainqueur » qui se serait contenté de chevaux de Troie, à travers un dircab chargé de la défense nationale, parti se faire décorer chez la partie amie-adverse pour ne pas dire ce que la plupart des comoriens tendent à considérer comme l’ennemi-intime. Malgré les préparatifs de structures parallèles à l’instar de l’association France-Comores Echanges, la réaction bruyamment joyeuse de la rue en faveur de l’équipe allemande éliminant celle de l’hexagone un soir de coupe du monde a livré un pan des sentiments populaires, à cet égard. De même, malgré les préparatifs de structures parallèles à l’instar de l’Association France- Comores-Echanges, les actes de vandalisme contre les photos-poster des chefs d’Etat de la COI résonnent comme une sonnette d’alarme.

A ce propos, dans notre précédent numéro, le comité maorais a appelé à une mobilisation nationale derrière Dr Iki pour lui permettre de refuser tout diktat qui prendrait une forme juridique aux contours mal définis, à travers une nouvelle appellation de la COI qui passerait de « Commission » en « Communauté » de l’Océan Indien ou des Etats de l’Océan Indien. Il conviendrait surtout de s’en tenir au fait que l’accord de Victoria a bien stipulé que la République Française est membre « pour le compte de La Réunion ». La précision est de taille. En effet, chaque terme vaut son pesant d’or en matière de souveraineté, d’intégrité et d’intangibilité es frontière. Et, chaque comorien a en mémoire la subtilité du référendum d’autodétermination portant consultation « des populations » des Comores et ce qui en a découlé. Et le silence du personnel politique sur les enjeux en cours ne laisse rien présager d’enthousiasmant. D’autant que d’une part, le bras de fer entre le pouvoir et la notabilité a éliminé celle-ci de tout jeu d’influence auprès du Chef de l’Etat sur une question nationale aussi cruciale. Est-ce un hasard ? En tout cas, dans la médiocratie ambiante qui l’entoure, Dr Iki est presque seul avec sa conscience, face à Dieu et à la nation, avec un gouvernement apparemment si peu préoccupé par des enjeux qui le dépassent. Certains observateurs se demandent aussi ce que le leader historique du FD est allé chercher dans cette galère ?

Pourtant, il est évident qu’après s’être contenté de baptiser un « boulevard Mitterrand » réalisé il y a plus de 20 ans, sur la route menant à Mrodjou et réhabilité depuis par les fonds tant décriés et désormais introuvables de la « citoyenneté économique », le Président Hollande s’en ira inaugurer la nouvelle aérogare de Pamandzi, après avoir accordé tous ses soins au Port de la Réunion. Qui est fou ?
NAKIDINE HASSANE

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