Le strabisme divergent de pouvoirs publics allaitant à
l’alcool d’un seul sein
Happés par de poupées russes et un serpent de mer, ils
se noient dans l’océan d’alcool
Par ARM
Décidément, tout ce qui touche le commerce de l’alcool aux Comores relève des
poupées russes ou matriochkas. En effet, la particularité des poupées russes,
c’est que, de tailles décroissantes, elles sont placées les unes à l’intérieur
des autres et chaque fois qu’on en ouvre une, on en découvre une autre à
l’intérieur. De fait, chaque fois qu’on soulève un pan de l’affaire
d’importation de l’alcool aux Comores, on croit avoir fait le tour du sujet, et
on finit toujours par tomber sur autre chose. C’est un univers sans fin, et
toute tentative de solution finit par rassembler à un serpent de mer, cet animal dont l’existence relève de la
cryptozoologie – qu’il ne faut pas confondre avec crypto-sambisme – à savoir la
recherche et l’étude des animaux dont
l’existence réelle n’est pas garantie de manière irréfutable et irréfragable.
En effet, depuis juin 2014, l’actualité alcoolique et alcoolisée des Comores
est surchargée, à telle enseigne que les Comoriens, même en bons pères de
famille, n’en peuvent plus. Un petit retour en arrière nous permet de constater
que le 5 juin 2014, le bon Hamada Moussa, ci-devant Directeur général de
l’Administration des Impôts et des Domaines – un poste juteux, à ce qu’il
paraît –, a signé deux notes relatives à l’autorisation d’importation de
l’alcool aux Comores. L’une d’elles est joliment intitulée «Note
relative à l’annulation de l’autorisation d’importation des boissons
alcoolisées délivrée à AGK». La seconde est poétiquement intitulée «Note
relative à la suspension de l’autorisation d’importation des boissons
alcoolisées délivrée à la société NICOM». Bien évidemment, l’«annulation» signifie que l’acte administratif
est retiré de l’ordonnancement juridique de manière définitive, alors que la «suspension» est une «mesurette» provisoire. «Deux poids,
deux mesures», et à
Mohéli, cela s’appelle «allaiter d’un seul sein».
Or, pour que la licence d’importation de l’alcool soit accordée, il faut
remplir quelques conditions de base: être en règle avec l’Administration des
Impôts, être dans ce secteur d’activités depuis au moins dix ans et respecter
un cahier de charges en matière de santé publique. Au surplus, un arrêté signé
de la main du Vice-président Mohamed Ali Soilihi le 13 juin 2014 pose le
principe de l’existence d’au moins deux opérateurs dans ce secteur d’activité
afin de mettre fin à toute situation de monopole. Or, ce n’est pas ce que les
Comoriens ont constaté. Et, par la suite, médusés et scandalisés, ils
assistèrent au plus grand bal de l’hypocrisie, de la duplicité et du double
langage, quand ils virent leurs Oulémas, le Grand Mufti de la République en
tête, des notables et des politiciens raser les murs pour faire le pèlerinage à
l’Assemblée de l’Union des Comores plaider la cause de la Société NICOM. D’ailleurs, il ne fallait même pas
forcer la dose pour convaincre nos honorables Députés de la Commission des
Finances, qui ont une fiche de paie au Service comptable de NICOM et quelques
tee-shirts à porter pour bien pavoiser et narguer les Comoriens.
Bien motivés par la fiche de paie de NICOM, les représentants de NICOM à
l’Assemblée de l’Union des Comores se surpassèrent en veulerie quand ils font firent état de leur refus de présenter deux rapports
relatifs aux projets de lois de finances rectificatives et à la cession des
actions de l’État à la Banque de développement des Comores tant que n’est pas
annulée la note relative à la suspension de la licence d’importation de
l’alcool par NICOM. Ce fut une première mondiale car aucun Parlement au monde
n’a déjà pris un tel risque pour se faire ridiculiser, en prenant en otage non
seulement le Parlement, la représentation nationale, mais également tout un
pays. Un spectacle honteux. Et c’est ainsi que la Société NICOM fut de nouveau autorisée à importer
ses bitures pendant que la Société AGK est dans la
Prohibition des années 1920. Or, AGK est le premier contribuable des Comores et
a même obtenu le Certificat de Mérite de la Douane en 2013. Donc, l’État
comorien «allaite d’un seul sein».
Aujourd’hui, on assiste à une vaste mascarade qui se
présente sous forme de manipulation malodorante. Comme cela a été signalé le
jeudi 10 juillet 2014, Môssieur Shemir Kamoula m’attribue l’honneur d’avoir
rédigé les «conclusions des plaidoiries» de l’affaire BIC-NICOM
pour le compte de Maître Ibrahim Ali Mzimba, alors qu’en 2007, je n’avais aucun
contact avec ce dernier. C’est donc un gros mensonge. Mais, plus grave encore,
on met les paroles suivantes dans la bouche de Môssieur Shemir Kamoula, dont
Maître Ibrahim Ali Mzimba était l’avocat dans l’affaire BIC-NICOM, qu’il avait
remportée non seulement à Moroni, mais également à Paris: «Si aujourd’hui, Mzimba mène un train de vie d’un monarque, c’est grâce à
l’argent de l’alcool que je lui verse régulièrement. En plus, c’est lui qui
négociait avec les juges mes procès. Lui qui n’a jamais gagné un procès a
toujours acheté les procès auxquels il plaidait, y compris les miens. Aux
Comores, comme me disait Mzimba,“on n’a pas besoin d’un bon avocat mais
plutôt un bon client capable de remplir les poches du juge”».
Bien évidemment, on comprend la colère de
Môssieur Shemir Kamoula envers Maître Ibrahim Ali Mzimba – qui l’a lâché et
désavoué publiquement –, au cas où il aurait réellement tenu les propos
précités, car une source proche du dossier nous dit: «Shemir Kamoula serait-il en colère contre Ibrahim Ali Mzimba jusqu’à
s’accuser lui-même d’être un tricheur en Justice? Ça serait fou. Et puis,
comment peut-on aller proposer des pots-de-vin à des juges français, qui
placent en garde à vue même les puissants? Quelque part, entre Shemir Kamoula
et ceux qui citent ses paroles réelles ou fabriquées, quelqu’un ment. Et
comment un homme prudent et sérieux comme Ibrahim Ali Mzimba peut-il aller
négocier des procès, même contre l’État, puisque dans l’affaire BIC-NICOM, il
avait pour adversaire l’État? Les perdants doivent accepter les défaites sans
avoir à salir les gagnants». Il y a même une nécessité d’avoir la «défaite modeste». Donc si Môssieur Shemir Kamoula accuse son ancien avocat, c’est qu’il
donne raison à tous ceux qui disent de lui-même qu’il est quelqu’un
d’infréquentable et de peu recommandable. Il ne peut pas sauver sa peau en
accusant autrui. Sa stratégie de communication et de défense est à faire, car
il n’en a pas. Son futur avocat va le couler définitivement.
En tout état de cause, nous n’avons entendu
aucun démenti de la part de Môssieur Shemir Kamoula, alors que le jour où
certains s’étaient aventurés à soutenir imprudemment que la Société AGK payait les salaires des
fonctionnaires comoriens, Amine Kalfane s’était fendu d’un communiqué cinglant
pour demander à ce que le nom de la Société qu’il dirige dans une discrétion totale
ne soit pas mêlé à des magouilles, et plus personne n’en a parlé.
Nous attendons donc des
pouvoirs publics des explications pour qu’ils nous expliquent les raisons qui
les ont conduits à permettre de nouveau à NICOM d’importer ses boissons
alcoolisées alors que la Société AGK est
toujours au régime sec, dans la Prohibition des années 1920. Il faudra que les
autorités, qui n’avaient nullement motivé les notes du 5 juin, alors qu’il
s’agit tout de même de mesures individuelles, nous expliquent cet «allaitement sur un seul sein».
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