samedi 26 juillet 2014
SAMBI MEPRISE TOUS LES CAMPAGNARDS (WAMATSAHA)
Ahmed Sambi ne méprise pas qu’Anissi Chamssidine, mais tous les «campagnards»
Tout dans la «stratégie politique» et la «gouvernance» d’Ahmed Sambi est du mépris
Par ARM
Qui a entendu parler de Mahararé? Pas beaucoup de Comoriens. Pourtant, c’est le village natal du Gouverneur Anissi Chamssidine d’Anjouan. D’ailleurs, le 11 janvier 2014, à Épinay-sur-Seine, devant les caméras, Ahmed Sambi n’avait pas été tendre envers un Gouverneur qui, pourtant, ne lui avait manifesté aucun signe de rébellion, ni de désobéissance. Voici ce que l’ancien Président disait alors du Gouverneur d’Anjouan: «Il est d’un petit village de là-bas, la campagne [«massahani hoho!»], issu d’une famille pauvre, lui-même n’était pas capable de se présenter devant le public. Vivre en ville n’était pas évident pour lui. C’est grâce à moi, le citadin Sambi, qu’il est en ville. Aujourd’hui Anissi peut parler aux gens grâce à ma seule volonté». C’est ce qu’Abdou Hamadi dit «Mrimdu» qualifiait sur son blog, dans un article de très bonne facture en date du 25 janvier 2014, la «Domination par l’humiliation». De toute façon, le Gouverneur Anissi Chamssidine, le plus compétent et le plus efficace de tous les Gouverneurs aux Comores, ne méritait pas une telle humiliation publique. Pourtant, il y a une chose qui a échappé aux yeux d’Ahmed Sambi. Les Comores ont connu trois Présidents du Conseil de gouvernement sous l’autonomie interne: Saïd Mohamed Cheikh, le Prince Saïd Ibrahim Ben Saïd-Ali et Ahmed Abdallah, et aucun n’est originaire de la capitale d’une île. Les Comores indépendantes ont eu pour Présidents, Ahmed Abdallah, Ali Soilihi, Ahmed Abdallah, Saïd Mohamed Djohar, Mohamed Taki Abdoulkarim, Tadjidine Ben Saïd Massonde, Azali Assoumani, Ahmed Sambi et Ikililou Dhoinine, et seul Ahmed Sambi vient de la capitale d’une île, Mutsamudu à Anjouan. Ces chiffres sont très éloquents et signifient que les «campagnards» occupent une place prépondérante sur la scène politique nationale. À Mohéli, où le «brassage insulaire» est réel, pour prouver qu’on est un «Mohélien de souche», il faut avoir des origines rurales ou des origines villageoises diversifiées, et quand on ne peut se prévaloir que d’un seul village, on sait ce que cela signifie. La noblesse à Mohéli est dans les campagnes, et aucun Mohélien ne s’offusque quand on le dit «campagnard d’origine».
Il n’y a qu’Ahmed Sambi qui peut faire des origines «campagnardes» des politiciens du pays un vice rédhibitoire en matière de nomination. On prétend sans rien prouver qu’en 1978, on avait élu le Foumbounien Saïd Hassane Saïd Hachim Gouverneur de la Grande-Comore parce que le Moronien Abbas Djoussouf avait tenu des propos désobligeants envers «les campagnards». Aujourd’hui, quand on examine à la loupe les nominations d’Ahmed Sambi, on constate que les «élites urbaines» (employons le mot «élites» par commodité sémantique, car dans le cas présent il est très inadapté) tiennent le haut du pavé, en exclusion de tous les «campagnards» méritants du pays. Les voleurs de service, c’est autre chose. C’est ainsi que son Parti de l’Enfer n’est dirigé que par des «gens de la ville»: Mohamed Bacar Dossar et Ahmed Ben Saïd Jaffar (Mutsamudu) et Ahmed Abdallah Salim et Ahmed Hassane El Barwane (Moroni). Ce n’est pas le fruit du hasard. Certains l’accusent même de favoriser des gens à la peau plus claire que celle de la majorité des Comoriens. C’est encore vrai. Racisme.
Quand il était Président des Comores, c’était encore pire. Il n’a favorisé que des «gens de la ville». On ne peut pas en dresser une liste exhaustive, mais on peut citer quelques noms parmi les plus emblématiques. Ahmed Abdallah Salim, Moroni, Directeur général de la Société nationale des Hydrocarbures. Mohamed Daoud dit «Kiki», Moroni et Mutsamudu, Directeur général des Douanes. Soilihi Mohamed Soilihi dit «SMS», Moroni, Directeur général de l’ORTC-TNC. Alphonse, Moroni, Directeur général de la MAMWÉ. Hadji Mmadi Ali, Moroni, Directeur général de l’Aéroport international de Hahaya. Houssen Hassan Ibrahim dit «Jeannot», Moroni, Trésorier-payeur général. Ahmed Ben Saïd Jaffar, Mutsamudu, ministre des Relations extérieures. Mohamed Bacar Dossar, Mutsamudu, Directeur du Cabinet du Président chargé de la Défense, et par la suite ministre des Finances. Papa Mohamed Soulé, Moroni, Directeur général des Douanes. Abdourahmane Saïd Bacar, Moroni, ministre des Transports. Abou Oubeid, Moroni, ministre des Finances. Ahmed Barwane, Moroni, ministre de l’Intérieur. Nous n’avons cité que des postes hautement stratégiques.
C’est très gravissime! Comment, au cours d’un seul mandat présidentiel de 5 ans, peut-on faire un tel mépris aux Comoriens, en ignorant tout un pays marqué par la diversité, pour se concentrer sur Mutsamudu et Moroni? Seul le chauvinisme méprisant peut dicter un tel comportement à l’égard de tout un pays, dont trois îles dépendent effectivement de l’autorité de l’État comorien. Une fois de plus, il faut constater que les Comores ne peuvent se limiter à une île ou à une ville. Une fois de plus, il faudra noter que la reproduction sociale a ses limites aux Comores parce que, dès le jour où le Président Ali Soilihi a apporté l’École aux «campagnards» à partir des «Moudiria», le savoir a cessé d’être le monopole des familles urbaines. Il y a eu une telle redistribution du capital culturel que les «héritiers» issus des familles qui ont longtemps tenu le pays entre leurs mains ne sont pas ceux qui réalisent les meilleures performances scolaires, pendant que les «campagnards» sont arrivés à s’imposer à la sueur de leurs méninges. Une preuve? Il suffirait à peine de compter le nombre de magistrats originaires de Moroni par rapport à ceux issus de l’arrière-pays grand-comorien. Les chiffres sont très parlants à cet égard. Dans la ville de Fomboni, à Mohéli, on retrouve 60% de l’électorat de Mohéli, mais Fomboni n’arrive plus à imposer un candidat au cours d’une élection de Gouverneur, depuis l’élection d’Ahmed Mattoir en 1978. La ville avait ses propres candidats au poste de Président de la République en 2010, mais les divisions internes et les carences en matière de leadership sont telles que c’est le Djoiezien Ikililou Dhoinine qui a été élu, étant tout de même entendu que le Fombonien Fouad Mohadji était son colistier sur l’île de Mohéli.
En 2010, au moment où Ahmed Sambi devait quitter le pouvoir, on l’a entendu dire qu’il ne pouvait céder le pouvoir à un Mohélien, car les Mohéliens ne sont pas des gens instruits. Or, lui-même n’a aucun diplôme. Au début de son mandat, il répétait: «Les Mohéliens n’ont pas des gens instruits et ils ne me présentent jamais de dossiers de recrutement de gens instruits». Il lui fallait vraiment être aveugle pour ne pas constater que ses plus proches collaborateurs mohéliens, Ikililou Dhoinine et Fouad Mohadji, sont titulaires chacun d’un Doctorat. L’un de ses futurs ministres et actuel candidat à l’élection présidentielle de 2016, disait avec mépris et morgue: «Vous autres Mohéliens êtes combien pour vouloir avoir un Président qui va diriger les Comores?». Mohamed Bacar Dossar était encore plus catégorique: «Aucun Mohélien n’est digne d’être Président et il n’est pas de l’intérêt du pays qu’Ahmed Sambi cède le pouvoir à un Mohélien». Justement, parce qu’Ahmed Sambi a accompli quel miracle en matière de gouvernance pour qu’aucun Mohélien ne puisse lui succéder? Pour être un menteur, un assassin et un voleur d’argent public, point n’est besoin de fréquenter une grande école.
Nous constatons donc que toute la stratégie de pouvoir d’Ahmed Sambi est fondée sur le rejet de l’autre, le mépris envers ceux qui ne sont pas d’origine urbaine, préférant choisir ce qu’il y a de pire au sein de la société comorienne et laisser les meilleurs cadres en rase… campagne. Cela ne lui a pas réussi, et il persiste dans la faute. N’ayant tiré aucune leçon de ses fautes impardonnables, il reste figé sur ses courtisans d’origine urbaine, pour prouver son dédain envers tout ce qui est «campagnard». En public, il traite par le plus profond des mépris le Gouverneur Anissi Chamssidine qui, pourtant, a été d’une loyauté exemplaire à son égard, justement peut-être parce qu’il a été trop loyal. Tout dans ses faits et gestes traduit un comportement faisant de lui le vrai Gouverneur d’Anjouan, au détriment de la personnalité, de la susceptibilité, du prestige et de l’autorité d’Anissi Chamssidine. Il n’aurait jamais agi de la sorte face à un «héritier» d’origine urbaine. La question qui se pose alors est celle de savoir s’il est sage de confier les rênes du pays une seconde fois à un gouvernant qui méprise une bonne partie de la population et qui, au lieu d’unir, divise le peuple.
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