mardi 15 juillet 2014

discours de l'ambassadeur de France Philipe Lacoste, le 14 juillet 2014





Allocution de l’Ambassadeur de France
 à l’occasion de la Fête Nationale française
14 juillet 2014
Messieurs les vice-présidents,
Monsieur le président de l’Assemblée Nationale,
Messieurs les anciens chefs d’État,
Monsieur le président de la Cour Suprême,
Monsieur le président de la Cour Constitutionnelle,
Monsieur le gouverneur de l’île autonome de Ngazidja,
Eminence le Grand Mufti,
Mesdames et Messieurs les membres du gouvernement,
Monsieur le Chef d’État-major de l’Armée Nationale de Développement,
Mesdames et Messieurs les chef de missions diplomatique et représentants des organisations internationales, chers collègues,
Messieurs les élus,
Mesdames et Messieurs les commissaires,
Mes chers compatriotes,
Mesdames et Messieurs,

Avec mon épouse, nous sommes très heureux de vous accueillir à la Résidence de France à l’occasion de la fête nationale de notre pays. L’ensemble des personnels de l’Ambassade s’est mobilisé intensément ces dernières semaines pour vous recevoir ce soir dans les meilleures conditions possibles en ce mois sacré de Ramadan. Des entreprises françaises actives aux Comores nous ont également soutenues et je tiens à les remercier de leur appui précieux.

Cette année, à défaut de sport, le thème de la célébration du 14 juillet est la commémoration du centenaire du début de la première guerre mondiale et le 70ème anniversaire des débarquements alliés de la seconde. Nous rendons ainsi collectivement hommage à nos anciens, ceux qui ont fait ce que notre pays est aujourd’hui ce qu’il est, mais aussi hommage à tous ces héros anonymes venus d’autres horizons, souvent lointains, pour nous venir en aide.
Et les Comoriens en font partie même s’il s’agit d’une découverte assez récente puisqu’ils étaient intégrés dans les bataillons « malgaches » ou « somalis ». Des historiens les ont retrouvés, il y a quelques années seulement, en étudiant les archives militaires et un hommage particulier leur sera rendu cette année. Ainsi :
- le 14 juillet, c’est-à-dire ce matin, parmi les 90 délégations présentes à Paris, un porte-drapeau comorien et sa garde ont défilé sur les Champs Elysées en présence d’un représentant de l’Union des Comores à la tribune officielle ;
- le 19 juillet, une cérémonie spécifique leur sera consacrée, à Cuts, dans l’Oise où existe un monument à la mémoire du 1er bataillon somali. Cette unité « indigène » comme elles étaient appelées à l’époque, fut créée en 1916 à Majunga et elle comptait de nombreux Comoriens dans ses rangs. Une plaque avec les noms de ceux morts pour la France lors des féroces combats autour de cette localité en juin 1918 sera apposée ;
- le 15 août enfin, S. Exc. le président Ikililou Dhoinine participera, avec d’autres chefs d’État africains, à la commémoration du débarquement de Provence.

L’évocation de ces jeunes gens venus d’Afrique et de l’Océan Indien me permet de vous signaler, derrière moi, l’exposition « Force noire » que je vous encourage à regarder pour ceux qui ne la connaissent pas. Elle me permet aussi de dire un mot sur l’essor de notre partenariat de sécurité et de défense qui prend forme après l’entrée en vigueur de l’accord bilatéral signé en 2010.

Depuis deux ans, de nombreuses escales de navires français aux Comores ont été réalisées, plus d’un millier de militaires et gendarmes comoriens ont été formés avec l’ambition que les Forces Comoriennes de Défense puissent un jour prochain participer à des opérations de maintien de la paix et que les garde côtes des Comores contribuent à des activités internationales de surveillance maritime dans le canal du Mozambique. Il est à souligner que tous les exercices réalisés aux Comores dans le cadre de ce partenariat ont été l’occasion d’actions humanitaires, montrant ainsi que les forces armées sont d’abord au service de la population.

Car, sans sécurité, sans stabilité, aucun développement économique et social n’est envisageable, hormis pour quelques aventuriers. S’agissant du soutien à l’activité économique, la France y apporte toujours toute sa part. Grâce notamment aux projets de l’AFD, elle demeure le premier bailleur bilatéral net sur les dix dernières années.
Elle est particulièrement active dans le domaine de la santé, de l’utilisation durable des ressources naturelles et du soutien aux organismes de microfinances (Meck et Sanduk).

Le service de coopération de l’Ambassade contribue lui à l’amélioration de la gouvernance financière et il appuie le renforcement des capacités des enseignants. Pour les jeunes, une nouvelle structure été mise en place pour favoriser les formations supérieures en France, un Centre pour les Etudes en France, ce qui se fait de mieux dans les Ambassades françaises avec des procédures largement dématérialisées. A ces efforts, il convient d’ajouter, on l’oublie trop souvent, la contribution française aux financements européens et aux programmes multilatéraux comme ceux des Nations unies.

S’agissant des flux commerciaux, la France est le quatrième client des Comores et son second fournisseur (nous ne produisons que peu de riz !). En dépit d’une diversification bienvenue et nécessaire, elle reste ainsi le premier partenaire commercial des Comores. La coopération monétaire demeure un pilier solide de nos échanges économiques, elle permet aux Comoriens de bénéficier d’une monnaie stable et convertible sans limites.

Mais, Mesdames et Messieurs, un partenariat de sécurité et de défense, un partenariat économique, ne peuvent se développer sans une relation politique de confiance. Tel est l’esprit de la déclaration de Paris, signée en juin 2013, qui a mis en place un Haut Conseil Paritaire pour évoquer tous les sujets d’intérêt commun. Ses membres essayent de trouver des solutions pragmatiques à une situation complexe issue de l’histoire même si ces solutions ne sont pas immédiates et absolues mais progressives et partielles. Alors je sais, et c’est normal, cette instance est critiquée.

Pour certains, elle va trop vite. Pour d’autres, elle est condamnée à l’échec. Mais pourtant, puisque la diplomatie est mon métier, je crois aux vertus du dialogue, des échanges francs, de la considération mutuelle qui, avec de la volonté politique au plus haut niveau, peuvent aboutir.

Les discussions sont difficiles, souvent tendues, mais des résultats positifs ont déjà été enregistrés, comme la conclusion d’une convention d’entraide judiciaire en matière pénale. Là encore les critiques ont fusé confondant au passage entraide pénale et accord d’extradition. Ce texte est pourtant majeur pour les deux pays qui partagent une importante diaspora et doivent faire face, au-delà des crimes individuels, à des réseaux mafieux internationaux de mieux en mieux organisés. C’est dans ce cadre, par exemple, que les deux systèmes judiciaires, français et comorien, collaborent actuellement dans l’enquête sur la tentative de déstabilisation dont ont été victimes les Comores en avril 2013.

Cette diaspora comorienne en France que je mentionnai à l’instant, est nombreuse, dynamique, bien insérée. Elle s’intéresse à son pays d’origine comme le prouvent les nombreuses opérations menées dans le cadre de la coopération décentralisée ou du codéveloppement.

Cette diaspora explique aussi pourquoi les services consulaires français aux Comores sont autant sollicités en matière de demande de visa ou d’acte d’état-civil. J’ai bien conscience que les familles sont souvent séparées et qu’elles aspirent à se retrouver, temporairement ou définitivement.

Aussi, exactement les mêmes circonstances l’an dernier, je m’étais engagé, Mesdames et Messieurs, à tout faire pour améliorer le traitement de leurs requêtes. Les progrès réalisés sont réels même si tous ne sont pas encore perceptibles aujourd’hui.
- la rénovation tant attendue des locaux de l’Ambassade  à Moroni est aujourd’hui achevée. Nous disposons désormais de nouveaux espaces, plus fonctionnels ; de nouveaux équipements, plus performants, plus rapides. Il faut maintenant les utiliser au mieux et corriger quelques erreurs de conception. A Mutsamudu, des crédits de l’Union européenne ont permis d’améliorer les espaces d’attente des usagers.
- une réelle impulsion a aussi été donnée en matière d’état civil. Une équipe de renfort s’est déplacée de Nantes à l’automne dernier. Ces trois experts ont traité plus de 500 dossiers en deux mois et surtout ils ont mis au point une procédure simplifiée pour accélérer le traitement des demandes. Nous allons poursuivre ces efforts dans les prochains mois.


Comme nous allons nous astreindre à améliorer encore notre site internet afin qu’il soit plus opérationnel au-delà des informations qu’il peut déjà donner. C’est à mon sens la voie de l’avenir car des dossiers complets sont bien plus rapides à traiter et évitent des aller et retours couteux et inutiles.

Une communauté française à l’étranger enfin, c’est aussi souvent une école. Alors, même si ses principaux animateurs sont absents ce soir pour cause de vacances scolaires, je voudrais saluer ici l’excellent travail réalisé par les équipes de l’école Henri Matisse de Moroni. Leurs bons résultats aux examens nationaux, notamment le brevet des collèges, sont remarqués jusqu’à Paris. Ceci n’est naturellement possible qu’avec la collaboration active des parents.

Mesdames et Messieurs, je ne saurais clore mon propos sans évoquer le prochain Sommet de la Commission de l’Océan Indien, le 4ème du genre seulement, qui verra un président de la République française fouler à nouveau le sol des Comores. Il s’agit incontestablement d’un évènement historique.

Cette visite suscite beaucoup d’attentes, des doutes aussi. Laissez-moi vous en précisez le contexte.

A la différence du voyage du Président François Mitterrand en juin 1990, il ne s’agit pas d’une visite bilatérale. Il s’agit d’une rencontre des Chefs d’Etats et de gouvernement d’une organisation régionale, la Commission de l’Océan Indien qui gagnerait, à mon sens, à être mieux connue aux Comores. L’exercice est donc plus encadré, l’agenda plus contraint. Le programme du Président François Hollande n’est pas encore définitivement fixé à ce stade mais, dans la mesure du possible, une rencontre avec des représentants de la communauté française sera organisée comme il est de tradition.

Honorable assistance, Mesdames, Messieurs voilà ce que je souhaitais vous dire en vous souhaitant une excellente soirée.
Vive la France
Vive l’Union des Comores
Vive l’amitié franco-comorienne
Je vous remercie.

Source: MARSAUD Floriane, chargée de presse à l'ambassade de France à Moroni

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