Allocution de l’Ambassadeur
de France
à l’occasion de la Fête Nationale française
14 juillet 2014
Messieurs les
vice-présidents,
Monsieur le
président de l’Assemblée Nationale,
Messieurs les
anciens chefs d’État,
Monsieur le
président de la Cour Suprême,
Monsieur le
président de la Cour Constitutionnelle,
Monsieur le
gouverneur de l’île autonome de Ngazidja,
Eminence le Grand
Mufti,
Mesdames et
Messieurs les membres du gouvernement,
Monsieur le Chef
d’État-major de l’Armée Nationale de Développement,
Mesdames et
Messieurs les chef de missions diplomatique et représentants des organisations
internationales, chers collègues,
Messieurs les élus,
Mesdames et
Messieurs les commissaires,
Mes chers
compatriotes,
Mesdames et Messieurs,
Avec
mon épouse, nous sommes très heureux de vous accueillir à la Résidence de
France à l’occasion de la fête nationale de notre pays. L’ensemble des
personnels de l’Ambassade s’est mobilisé intensément ces dernières semaines
pour vous recevoir ce soir dans les meilleures conditions possibles en ce mois
sacré de Ramadan. Des entreprises françaises actives aux Comores nous ont
également soutenues et je tiens à les remercier de leur appui précieux.
Cette
année, à défaut de sport, le thème de la célébration du 14
juillet est la commémoration du centenaire du début de la première guerre
mondiale et le 70ème anniversaire des débarquements alliés de la seconde.
Nous rendons ainsi collectivement hommage à nos anciens, ceux qui ont fait ce
que notre pays est aujourd’hui ce qu’il est, mais aussi hommage à tous ces
héros anonymes venus d’autres horizons, souvent lointains, pour nous venir en
aide.
Et
les Comoriens en font partie même s’il s’agit d’une découverte assez récente
puisqu’ils étaient intégrés dans les bataillons « malgaches » ou « somalis ».
Des historiens les ont retrouvés, il y a quelques années seulement, en étudiant
les archives militaires et un hommage particulier leur sera rendu cette année.
Ainsi :
-
le 14 juillet, c’est-à-dire ce matin, parmi les 90 délégations présentes à
Paris, un porte-drapeau comorien et sa garde ont défilé sur les Champs Elysées
en présence d’un représentant de l’Union des Comores à la tribune officielle ;
-
le 19 juillet, une cérémonie spécifique leur sera consacrée, à Cuts, dans
l’Oise où existe un monument à la mémoire du 1er bataillon somali.
Cette unité « indigène » comme elles étaient appelées à l’époque, fut
créée en 1916 à Majunga et elle comptait de nombreux Comoriens dans ses rangs.
Une plaque avec les noms de ceux morts pour la France lors des féroces combats
autour de cette localité en juin 1918 sera apposée ;
-
le 15 août enfin, S. Exc. le président Ikililou Dhoinine participera, avec
d’autres chefs d’État africains, à la commémoration du débarquement de
Provence.
L’évocation
de ces jeunes gens venus d’Afrique et de l’Océan Indien me permet de vous
signaler, derrière moi, l’exposition « Force noire » que je vous
encourage à regarder pour ceux qui ne la connaissent pas. Elle me permet aussi
de dire un mot sur l’essor de notre partenariat de sécurité et de défense qui
prend forme après l’entrée en vigueur de l’accord bilatéral signé en 2010.
Depuis
deux ans, de nombreuses escales de navires français aux Comores ont été
réalisées, plus d’un millier de militaires et gendarmes comoriens ont été
formés avec l’ambition que les Forces Comoriennes de Défense puissent un jour
prochain participer à des opérations de maintien de la paix et que les garde
côtes des Comores contribuent à des activités internationales de surveillance
maritime dans le canal du Mozambique. Il est à souligner que tous les exercices
réalisés aux Comores dans le cadre de ce partenariat ont été l’occasion
d’actions humanitaires, montrant ainsi que les forces armées sont d’abord au
service de la population.
Car,
sans sécurité, sans stabilité, aucun développement économique et social n’est
envisageable, hormis pour quelques aventuriers. S’agissant du soutien à
l’activité économique, la France y apporte toujours toute sa part. Grâce
notamment aux projets de l’AFD, elle demeure le premier bailleur bilatéral net
sur les dix dernières années.
Elle
est particulièrement active dans le domaine de la santé, de l’utilisation
durable des ressources naturelles et du soutien aux organismes de microfinances
(Meck et Sanduk).
Le
service de coopération de l’Ambassade contribue lui à l’amélioration de la
gouvernance financière et il appuie le renforcement des capacités des
enseignants. Pour les jeunes, une nouvelle structure été mise en place pour
favoriser les formations supérieures en France, un Centre pour les Etudes en
France, ce qui se fait de mieux dans les Ambassades françaises avec des
procédures largement dématérialisées. A ces efforts, il convient d’ajouter, on
l’oublie trop souvent, la contribution française aux financements européens et aux
programmes multilatéraux comme ceux des Nations unies.
S’agissant
des flux commerciaux, la France est le quatrième client des Comores et son
second fournisseur (nous ne produisons que peu de riz !). En dépit d’une
diversification bienvenue et nécessaire, elle reste ainsi le premier partenaire
commercial des Comores. La coopération monétaire demeure un pilier solide de
nos échanges économiques, elle permet aux Comoriens de bénéficier d’une monnaie
stable et convertible sans limites.
Mais,
Mesdames et Messieurs, un partenariat de sécurité et de défense, un partenariat
économique, ne peuvent se développer sans une relation politique de confiance.
Tel est l’esprit de la déclaration de Paris, signée en juin 2013, qui a mis en
place un Haut Conseil Paritaire pour évoquer tous les sujets d’intérêt commun.
Ses membres essayent de trouver des solutions pragmatiques à une situation
complexe issue de l’histoire même si ces solutions ne sont pas immédiates et absolues
mais progressives et partielles. Alors je sais, et c’est normal, cette instance
est critiquée.
Pour
certains, elle va trop vite. Pour d’autres, elle est condamnée à l’échec. Mais
pourtant, puisque la diplomatie est mon métier, je crois aux vertus du
dialogue, des échanges francs, de la considération mutuelle qui, avec de la
volonté politique au plus haut niveau, peuvent aboutir.
Les
discussions sont difficiles, souvent tendues, mais des résultats positifs ont
déjà été enregistrés, comme la conclusion d’une convention d’entraide
judiciaire en matière pénale. Là encore les critiques ont fusé confondant au
passage entraide pénale et accord d’extradition. Ce texte est pourtant majeur
pour les deux pays qui partagent une importante diaspora et doivent faire face,
au-delà des crimes individuels, à des réseaux mafieux internationaux de mieux
en mieux organisés. C’est dans ce cadre, par exemple, que les deux systèmes
judiciaires, français et comorien, collaborent actuellement dans l’enquête sur
la tentative de déstabilisation dont ont été victimes les Comores en avril
2013.
Cette
diaspora comorienne en France que je mentionnai à l’instant, est nombreuse,
dynamique, bien insérée. Elle s’intéresse à son pays d’origine comme le
prouvent les nombreuses opérations menées dans le cadre de la coopération
décentralisée ou du codéveloppement.
Cette
diaspora explique aussi pourquoi les services consulaires français aux Comores sont
autant sollicités en matière de demande de visa ou d’acte d’état-civil. J’ai
bien conscience que les familles sont souvent séparées et qu’elles aspirent à
se retrouver, temporairement ou définitivement.
Aussi,
exactement les mêmes circonstances l’an dernier, je m’étais engagé, Mesdames et
Messieurs, à tout faire pour améliorer le traitement de leurs requêtes. Les
progrès réalisés sont réels même si tous ne sont pas encore perceptibles
aujourd’hui.
-
la rénovation tant attendue des locaux de l’Ambassade à Moroni est aujourd’hui achevée. Nous
disposons désormais de nouveaux espaces, plus fonctionnels ; de nouveaux
équipements, plus performants, plus rapides. Il faut maintenant les utiliser au
mieux et corriger quelques erreurs de conception. A Mutsamudu, des crédits de
l’Union européenne ont permis d’améliorer les espaces d’attente des usagers.
-
une réelle impulsion a aussi été donnée en matière d’état civil. Une équipe de
renfort s’est déplacée de Nantes à l’automne dernier. Ces trois experts ont
traité plus de 500 dossiers en deux mois et surtout ils ont mis au point une
procédure simplifiée pour accélérer le traitement des demandes. Nous allons
poursuivre ces efforts dans les prochains mois.
Comme
nous allons nous astreindre à améliorer encore notre site internet afin qu’il
soit plus opérationnel au-delà des informations qu’il peut déjà donner. C’est à
mon sens la voie de l’avenir car des dossiers complets sont bien plus rapides à
traiter et évitent des aller et retours couteux et inutiles.
Une
communauté française à l’étranger enfin, c’est aussi souvent une école. Alors,
même si ses principaux animateurs sont absents ce soir pour cause de vacances
scolaires, je voudrais saluer ici l’excellent travail réalisé par les équipes
de l’école Henri Matisse de Moroni. Leurs bons résultats aux examens nationaux,
notamment le brevet des collèges, sont remarqués jusqu’à Paris. Ceci n’est
naturellement possible qu’avec la collaboration active des parents.
Mesdames
et Messieurs, je ne saurais clore mon propos sans évoquer le prochain Sommet de
la Commission de l’Océan Indien, le 4ème du genre seulement, qui
verra un président de la République française fouler à nouveau le sol des
Comores. Il s’agit incontestablement d’un évènement historique.
Cette
visite suscite beaucoup d’attentes, des doutes aussi. Laissez-moi vous en
précisez le contexte.
A
la différence du voyage du Président François Mitterrand en juin 1990, il ne
s’agit pas d’une visite bilatérale. Il s’agit d’une rencontre des Chefs d’Etats
et de gouvernement d’une organisation régionale, la Commission de l’Océan
Indien qui gagnerait, à mon sens, à être mieux connue aux Comores. L’exercice
est donc plus encadré, l’agenda plus contraint. Le programme du Président François
Hollande n’est pas encore définitivement fixé à ce stade mais, dans la mesure
du possible, une rencontre avec des représentants de la communauté française sera
organisée comme il est de tradition.
Honorable
assistance, Mesdames, Messieurs voilà ce que je souhaitais vous dire en vous
souhaitant une excellente soirée.
Vive
la France
Vive
l’Union des Comores
Vive
l’amitié franco-comorienne
Je
vous remercie.
Source: MARSAUD Floriane, chargée de presse à l'ambassade de France à Moroni
Source: MARSAUD Floriane, chargée de presse à l'ambassade de France à Moroni
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